Politique
Bourita : "Le Sud doit être associé à la réflexion de l’UE"
24/02/2021 - 15:42
MAPDans sa relation avec le voisinage sud de la Méditerranée, l’Europe doit sortir de la logique du professeur et de l'élève, a souligné Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger dans une interview à l’agence Europe.
Commentant la décision de l’Union européenne (UE) de retirer le Maroc de la liste grise de la fiscalité, le ministre a noté que le Royaume a, dès le départ, considéré que le dialogue doit être la base de la gestion des dossiers sensibles entre les deux partenaires et que l'UE, ave.c ce genre de liste, devrait tenir compte de la globalité du partenariat.
Il a expliqué que «l'UE ne peut pas établir des critères et dire on les utilise pour les Îles Caïmans, on les utilise pour le Maroc», faisant remarquer que «si le voisinage sud est important, il ne doit pas subir les conséquences de décisions prises par l'UE».
Associer le sud à la réflexion de l’UE
Pour Bourita, «les pays du sud de la Méditerranée doivent être associés, pas à la décision, mais au moins à la réflexion», notant que «le Maroc a demandé à l'UE de sortir de cette logique du professeur et de l'élève et de rentrer dans une logique de concertation où chacun comprend les soucis de l'autre pour arriver à des solutions qui pourraient satisfaire les intérêts de l'Europe sans faire dommage aux intérêts du Maroc».
Selon le ministre, le même raisonnement est valable en ce qui concerne la gestion du dossier migratoire.
«Toute démarche qui cherche à trouver les coupables plutôt que les solutions est une mauvaise piste. La migration est un phénomène naturel entre les deux rives », a-t-il relevé, précisant que «l'approche devrait être concertée pour trouver une solution à un défi commun, pas destinée au name and shame».
Pour le ministre, «la solution de facilité est de tout mettre sur le dos des pays de transit parce que régler le problème à l'origine semble difficile et parce que, dans les pays d'accueil, il y a une pression politicienne telle que personne ne veut assumer une discussion sereine, lucide sur le phénomène migratoire. Donc, la culpabilisation excessive des pays de transit est une mauvaise piste».
Le Maroc, plus jamais gendarme
Le ministre a souligné dans ce contexte que «le Maroc assume ses responsabilités, mais ne jouera jamais le gendarme, parce que ce n'est pas sa vocation, sa conviction».
Le Maroc, a ajouté Bourita, «considère que le phénomène migratoire est exagéré pour des raisons plutôt politiciennes qu'objectives», expliquant que «les chiffres démontrent que la migration africaine vers l'Europe est minoritaire : c'est moins d'une personne sur dix».
Il a rappelé qu’en coordination notamment avec l'Espagne, le Maroc mène des opérations de lutte contre les réseaux de trafic qui ne se trouvent pas nécessairement de ce côté-ci de la rive méditerranéenne.
Le nombre de réseaux démantelés est énorme et l'effort sécuritaire et matériel déployé par le Maroc vise, a-t-il dit, à garantir que la route ouest de la migration soit la moins utilisée, même si c'est la route la plus évidente comparée aux routes centrale et est.
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