Société
"Espoir", une association qui désire donner une lueur d'espoir aux orphelins du Maroc
16/01/2021 - 14:21
Khaoula Benhaddou
Venir en aide aux enfants orphelins, leurs permettre de rester près de leur mamans et leurs frères et leur garantir un avenir meilleur ... sont entre autres les objectifs de l'association "Espoir pour les orphelins du Maroc". Créée en 2016, cette association prend en charge une cinquantaine d'enfants orphelins. Interview avec la fondatrice de l'association Myriem Kerkoudy.
La SNRTnews : Tout d'abord, comment vous avez eu l'idée de créer cette association au Maroc ?
Myriem Kardoudi : Je me suis rendue à plusieurs reprises au Maroc étant le pays d'origine de mon mari. J’ai constaté que les mamans ressemblent plus à des guerrières. Après le décès de leurs maris, elles luttent pour ne pas abandonner leurs enfants et assouvir leurs besoins. En plus au Maroc, ces femmes n’ont pas les mêmes qualités de vie qu’ici en France, mon pays d’origine, elles n’ont aucun soutien. Généralement, c’est le père qui prend en charge la famille, après sa mort ces femmes se retrouvent dépourvues de l’unique source financière dont elles disposaient. C’est en partant de ce constat que j’ai eu l’idée, en 2016, de créer cette association afin d’aider ces femmes à ne pas abandonner leurs enfants et les sauver de la misère en venant en aide à ces familles. Actuellement, nous disposons de quatre centres actifs à Casablanca, Agadir, Marrakech et à Taza.
Qu’est-ce qui distingue votre association des autres établissements sociaux qui prennent en charge les orphelins ?
Notre association ne peut être assimilée à un orphelinat, ni à un foyer ou encore moins à une maison d’enfants. Les enfants que nous prenons en charge et qui ont en commun le fait d’avoir perdu leurs pères restent avec leurs mamans et nous les prenons en charge au sein même de leurs familles.
Quel est le modus operandi de votre association ?
On commence tout d’abord par constituer le dossier administratif de l’enfant. On demande un certificat de décès du papa, la carte RAMED, ainsi que la carte d’identité nationale de la maman. Ensuite, on fait parrainer l’enfant afin de garantir un revenu mensuel stable pour la famille. L’association accompagne aussi la famille à travers le panier du ramadan, le mouton d’Aid Al Adha et les fournitures scolaires lors de la rentrée scolaire. En plus de cela, l’association essaie de répondre aux besoins spécifiques de quelques familles afin de leur garantir toit et dignité.
Est-ce qu’il y a une limite d’âge pour arrêter le parrainage ?
Oui, malheureusement. On arrête le parrainage à 18 ans. On estime qu’à cet âge le jeune homme pourrait assouvir une grande partie de ses besoins et répondre aussi aux besoins de sa maman. Par ailleurs, on essaye de l’intégrer au marché du travail pour lui assurer, ainsi qu’à sa famille, une stabilité financière.
À part le parrainage, avez-vous des demandes de Kafala ?
Oui, nous avons reçu des demandes dans ce sens. Toutefois, nous luttons au quotidien pour ne pas arracher les enfants à leurs mamans ou de les séparer de leurs familles.
Sur votre page, on remarque que vous prenez en charge également les enfants à besoin spécifiques. Vous pouvez nous en dire plus ?
Effectivement, nous prenons en charge des enfants à besoin spécifiques, dans toutes les villes du Royaume. À part les besoins du quotidien, nous essayons de les accompagner au cas par cas et de leur assurer un accès aux soins et aux médicaments. On se serre aussi les coudes pour faire opérer des enfants qui nécessitent une intervention chirurgicale spécifique. Dernièrement, nous avions fait opérer Mohamed, un petit enfant de Berkane, qui souffrait de la surdité. Nous avons pu collecter 6.000 euros (près de 65.000 dirhams) pour assurer les frais de son opération. Aujourd’hui, il entend parfaitement bien. Il convient de souligner que nous avons un réseau de médecins qui collabore avec l’association pour assurer, gracieusement, une meilleure prise en charge de nos enfants.
Comment peut-on parrainer un enfant?
La personne qui désire parrainer un enfant doit remplir un certain nombre de critères. Elle doit s’engager à le prendre en charge, totalement ou partiellement, durant au moins une année, en lui versant 300 dirhams par mois minimum. Quand c’est une fratrie de quatre ou cinq enfants, on essaie d’impliquer plusieurs parrains afin de faire bénéficier la maman d’un revenu mensuel fixe. Les parrains restent en contact avec la maman et les enfants via WhatApp. Ils peuvent aussi leur rendre visite pendant les vacances et leur envoyer des cadeaux de temps en temps. De notre côté nous essayons de garder les traces de toutes ces actions pour garantir la légalité de nos interventions.
Les dons ont-ils baissé pendant cette période de crise sanitaire ?
Au contraire, les donateurs ont fait preuve de beaucoup de générosité surtout pendant le confinement. On a même pu prendre en charge d'autres enfants. Durant le confinement, les personnes avaient plus de temps. Nombreux ont découvert notre page Facebook et ont adhéré à notre cause. Grâce aux réseaux sociaux, nous avons réussi à sensibiliser les gens à cette cause et à les inviter à parrainer plus d'enfants. Ces derniers ont pu rester dans le cocon familial auprès de leurs mamans et frères. C’est l’essence même de notre mission.

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