Economie
Hausse des prix d'huile de table: les recommandations du Conseil de la concurrence
29/12/2021 - 19:58
SNRTnewsSuite à une saisine par la Chambre des représentants, le Conseil de la concurrence a émis son avis relatif à l’examen du respect des règles d’une concurrence libre et loyale par les producteurs et importateurs des huiles de table suite aux augmentations des prix de vente constatées sur le marché national de ces produits.
L’étude et l’analyse du marché des oléagineux ont permis d’identifier les facteurs qui contribuent à la tendance haussière des prix sur le marché national. Le gendarme de la concurrence ne s’est tout de même pas arrêté là. Il a formulé un nombre de recommandations en vue de permettre une meilleure gestion des prix de ce produit de première nécessité et indispensable pour les ménages marocains.
Soutenir l’amont de la filière relatif à la production locale de graines oléagineuses
Afin de garantir une certaine stabilité des prix des huiles de table et être à l’abri de la flambée des cours mondiaux, il est nécessaire de développer la production locale. Cela est devenu encore plus évident avec la crise pandémique qui a montré "la pertinence et l’importance de disposer d’une production locale sur un produit aussi stratégique que l’huile de table", note le Conseil de la concurrence, soulignant que "tenant compte du potentiel du Maroc en cultures oléagineuses annuelles qui s’élève à plus de 600 000 ha, il s’avère prioritaire et indispensable de développer l’amont agricole lié à la production des graines oléagineuses locales, notamment le tournesol et le colza".
Pour ce faire, le Conseil rappelle que l’accompagnement de l’Etat est primordial. Dans ce cadre, il propose qu’un nombre de mesures soit pris afin d’encourager les agriculteurs marocains à s’orienter vers la culture des graines oléagineuses. Cela "permettra non seulement de réduire d’une façon graduelle la dépendance du pays en huiles brutes, mais de produire en plus une partie des tourteaux indispensables dans l’alimentation des volailles qui sont totalement importés et de diversifier également le revenu des agriculteurs".
Encourager la consommation d’huile d’olive
Si le Maroc demeure dépendant des importations pour satisfaire ses besoins en huile de table, il est classé parmi les plus grands producteurs d’huile d’olive à l’échelle internationale. Ainsi, la production oléicole de pays offre un potentiel important de substitution, même si partiellement, des huiles de table.
Pour réduire le déficit du Maroc en huile alimentaire, le Conseil de la concurrence recommande de capitaliser sur les réalisations de l’amont agricole de la filière oléicole, à travers un ensemble d’actions, notamment l’accroissement de l’offre de l’huile d’olive, l’accélération du rythme de modernisation des unités de trituration artisanales et l’encouragement de la consommation d’huile d’olive.
Renforcer les capacités de stockage
Le Maroc dispose d’une capacité de stockage de près de 53 jours, soit moins de deux mois, mais le stock réel disponible à tous les stades de la chaîne de valeur depuis l’approvisionnement en huiles brutes jusqu’à conditionnement des huiles raffinées est inférieur à un mois de consommation. La capacité de stockage actuelle de la Costoma assure près de 10 jours de consommation avec un pipeline qui la relie au port de Casablanca qui n’est plus opérationnel et induit des coûts supplémentaires aux opérateurs en termes de frais de transport et de surestaries, note le Conseil.
Pour remédier à cela, le Conseil propose de rétablir et redémarrer l’exploitation du pipeline reliant directement les bacs de stockage de la Coopérative de Stockage des Corps Gras Bruts «Costoma» avec le port de Casablanca, d’accroître les capacités de stockage existantes en fixant un objectif plus ambitieux du fait qu’il s’agit d’un produit vital pour les citoyens, et enfin, de mettre en service au niveau du port de Casablanca un quai dédié ou prioritaire aux produits stratégiques.
Encourager les opérateurs à mettre en place des mécanismes de couverture du risque
Pour atténuer ces incertitudes et permettre aux opérateurs d’avoir une visibilité sur le marché, le Conseil de la concurrence recommande de donner, aux opérateurs qui le souhaitent, la possibilité d’accéder facilement à tous les instruments de couverture de même nature que ceux pratiqués par les opérateurs internationaux tels que le hedging.
La couverture pourra concerner aussi bien le risque lié à la matière première que celui relatif aux fluctuations des taux de change. L’utilisation de ces instruments pourra avoir au moins trois effets positifs : la sécurisation du stock, le lissage des risques de volatilité des cours mondiaux et la temporisation de la répercussion des hausses de ces cours sur le prix de vente au consommateur final, détaille le conseil.
Renforcer la concurrence entre les opérateurs au niveau des points de vente
La structure actuelle du marché qui permet une potentielle coordination des opérateurs figure parmi les facteurs de la hausse des prix des huiles de table relevés par le Conseil de la concurrence. Pour réduire le risque concurrentiel, le gendarme de la concurrence recommande l’affichage des prix de vente conseillés sur les emballages de conditionnement.
"Une telle démarche aura un double avantage : d’abord, elle permettra une distinction des marques et une concurrence entre fabricants par les prix et ensuite, elle sera en faveur du consommateur puisqu’elle va lui faire bénéficier des différentes baisses décidées par les fabricants", lit-on dans l’avis du Conseil.
Moderniser les circuits de distribution traditionnels
Le circuit traditionnel demeure dominant dans la distribution des huiles de table au Maroc. Ce circuit s’accapare d’environ 88% de la distribution, et les marges élevées réalisées par les intervenants dans ces circuits peuvent atteindre 30%.
Ainsi, le Conseil de la concurrence recommande d’accélérer la modernisation du commerce traditionnel en vue de raccourcir et de réduire le nombre des intervenants des circuits de distribution et par voie de conséquence, ramener les marges réalisées par ces intervenants à des niveaux raisonnables ce qui réduira en conséquence les prix de vente au consommateur.
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