Société
Le mariage coutumier, une problématique juridico-sociétale à résoudre
26/02/2022 - 09:00
MAPIntervenant lors d'une table-ronde organisée par la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (Université Mohammed V de Rabat) sous le thème ''Le mariage par Fatiha au regard de la théologie, la loi et la société'', ils ont mis en garde contre les effets fâcheux du mariage par Fatiha (prologue du Saint Coran) qui menace l'intégrité de la famille et porte atteinte aux intérêts de l'épouse et des enfants, étant donné que la loi marocaine ne reconnaît pas ce type de mariage.
Et de noter que le recours frauduleux à ce mariage pose de nombreuses complications, entre autres, la difficulté pour les époux de prouver leur union conjugale, la perte des droits de la femme en cas de divorce ou encore des droits conjugaux en cas de décès de l'un des conjoints.
C'est d'ailleurs l'avis du Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Jamaleddine Hani qui a déploré les conséquences fâcheuses de ce type de mariage, notamment pour les enfants qui seront plus tard confrontés à des problèmes pour pouvoir jouir de leurs droits civiques, étant le fruit d'une union ambiguë.
Il estime également que ce phénomène représente une anomalie dans la société marocaine dont l'origine remonte à un autre temps et qu'il convient aujourd'hui d'y remédier.
''Il est grand temps que les sociologues, les intellectuels et les universitaires se mobilisent et proposent des pistes de sortie à même d'en finir avec cette problématique d'ordre social, juridique et théologique'', a-t-il préconisé.
Un avis que partage la présidente de l'association régionale de l'Union Nationale des Femmes du Maroc, Chems Doha Alaoui Ismaïli, pour qui ce phénomène du mariage par Fatiha nécessite un débat public au vu de sa gravité, indiquant que ce type de mariage qui s'affranchit de tout contrôle judiciaire en amont, est intimement lié à d'autres fléaux comme le mariage des mineures, le décrochage scolaire ou encore la violence dans toutes ses manifestations.
Elle relève, par ailleurs, l'existence d'une corrélation entre la multiplication de ce type de mariage et les manœuvres dolosives, ce qui représente, à ses yeux, un danger pour la structure familiale et les intérêts de l'épouse et des enfants.
De même, la présidente de la Fondation Razan pour les études sur la famille et la société, Boutaina El Ghalbzouri a plaidé pour mettre fin du mariage coutumier, citant à l'appui l'article 16 du code de la famille qui stipule que le mariage ne peut être prouvé que par un acte adoulaire et devant les tribunaux spécialisés.
''Nous sommes aujourd'hui face à une foultitude de problématiques sur les plans juridique, sociétal, psychologique et aussi du point de vue de la Charia (droit musulman), entre autres, la valeur et la nature de ce type de mariage, ce qui exige une révision de manière à éviter la dislocation de la cellule familiale et de mieux préserver les intérêts de l'épouse et des enfants'', a-t-elle affirmé.
Pour sa part, la directrice du pôle du ministère public spécialisé et de la coopération judiciaire à la présidence du ministère public, Amina Oufroukhi, a noté que le mariage par Fatiha est d'actualité lancinante dans la société marocaine et suscite l'intérêt de toutes les forces vives et ce, en raison de sa relation directe avec d'autres sujets comme celui des droits des enfants au Maroc, rappelant que ce phénomène est lié au patrimoine culturel traditionnel.
Organisée en partenariat avec la Fondation Razan pour les études sur la famille et la société et l'association régionale de l'Union Nationale des Femmes du Maroc, cette rencontre-débat de deux jours met en présence des responsables gouvernementaux, des universitaires, des juristes ainsi que des associatifs. Le but étant de discuter notamment des impacts psychosociologiques du mariage par Fatiha et de proposer des solutions à cette problématique prégnante.
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