Technologie
L'Intelligence Artificielle, une révolution en marche
03/02/2021 - 17:12
Imane BenichouL’Intelligence Artificielle (IA), définie comme étant la théorie et le développement de systèmes informatiques capables d’exécuter des tâches qui requièrent normalement l'intervention humaine, aiguise bien des appétits. Au Maroc, comme dans le reste du monde, l'IA ouvre la porte à des gains d’efficience dans des services professionnels où les données jouent un rôle central, comme les services juridiques, les ressources humaines, la comptabilité et l’audit.
Meriem Khechafi, Docteur en Mathématiques appliquées et chercheuses en Science des données au Policy center for the New South (PCNS), interviewée dans le cadre de l’émission des Mardis des PCNS diffusée sur la chaîne youtube du centre, juge le Maroc, à l’instar des pays en voie de développement, manque d'infrastructures favorisant le développement de l'Intelligence Artificielle.
«Pour le volet académique, nous avons des équipes de recherche scientifique qui travaillent dans le domaine de l’Intelligence Artificielle et qui ont pu accomplir de nombreuses réalisations. Il y a par exemple l'Université Cadi Ayyad de Marrakech qui possède des laboratoires d'intelligence artificielle. De plus, une nouvelle école d’ingénierie digitale et d’IA a récemment ouvert ses portes dans la région de Fès-Meknès. En outre, un budget de 50 millions de dirhams a été alloué pour soutenir l'intelligence artificielle. Il existe également plusieurs programmes qui proposent un appui financier aux projets de recherche en IA», liste-t-elle.
Ces initiatives sont "insuffisantes", confie la mathématicienne. Elle loue toutefois avec satisfaction «une prise de conscience de la nécessité d'investir dans l'Intelligence Artificielle». « C'est devenu un impératif et non pas un luxe. Dans le contexte de la pandémie et ses répercussions sur nos vies, nous avons dû travailler à distance. C’était une urgence ! Aujourd’hui, nous n'avons plus le choix de ne pas considérer l’intelligence artificielle comme un secteur vital à l’image de l'éducation et la santé. Si nous y prêtons attention, cela peut nous sauver dans de nombreux domaines», déclare Khechafi.
Interrogée sur le rythme d’adaptation de la formation des métiers futurs au Maroc avec la vitesse à laquelle évoluent le développement des usages technologiques et l'intelligence artificielle à l’échelle internationale, la chercheuse souligne que la réponse classique à cette question est non. « Toutefois la question qui se pose est plutôt si nous savons comment cette science se développera à l'avenir? La réponse est non, on ne peut pas prédire ce point ».
« Si on remonte à l’histoire de l’intelligence artificielle, même si on disposait d’algorithmes avec la même précision d’aujourd’hui, il y a eu un échec car à l’époque on n’avait pas ce qu’on appelle aujourd’hui Big Data et les supers calculateurs. Autrement dit, la puissance de calcul de la machine était très limitée et ceci a conduit à la chute de l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, nous disposons d'une grande base de données grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Et nous avons une très grande puissance de calcul, en plus du développement des sciences. Après, comment ceci s’orientera-t-il ? De nouvelles tendances vont-elles apparaître ? Les choses demeureront comme qu’elles sont aujourd’hui ? La question reste ouverte », s’interroge-t-elle. Il est difficile, dit-elle, de prédire un l'avenir avec toutes les nouveautés et les évolutions que connait le monde des IT. « Ce qui est certain aujourd'hui, c'est que la culture de la numérisation ou la technologie doit être encouragée et adoptée dans l'enseignement primaire et non seulement dans l'enseignement supérieur », conclut Meriem Khechafi.
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