Société
Mazal Tefla : tous contre le mariage des mineurs
21/12/2020 - 13:03
Khaoula Benhaddou"Mazala Tefla" est le hashtag de la nouvelle campagne digitale lancée il y a quelques jours par les associations Droits&justice et Les citoyens. Cette campagne a pour but de lever le voile sur un phénomène de société : le mariage des mineurs. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation et les plaidoyers de la société civile, les chiffres restent alarmants comme l’explique Amal El Amine, coordinatrice du programme "Mazala Tefla" « Selon les statistiques publiées par le ministère de la justice, 319 177 demandes de mariages des mineures ont été accordées entre 2009 et 2018. 26 000 filles mineures se sont mariées en 2019 légalement Ce chiffre ne comprend pas le nombre des mariages effectués par la Fatiha. Selon nos estimations, 10,79% de filles se marient par la Fatiha au Maroc ».
Conscientes de l’enracinement du phénomène et de sa complexité, les associations Droits&Justice et Les citoyens souhaitent créer un débat public autour de la problématique comme l’explique Amal El Amine « nous travaillons sur ce dossier depuis 2014, et notre but est de sensibiliser toutes les tranches de la société sur les conséquences de ce phénomène. Pour cela, notre campagne "Mazal Tafla" sera alimentée par des témoignages des victimes et d'experts. Les influenceurs sont également impliqués dans cette campagne à travers un filtre instagram qu'on a créé pour toucher un maximum de public » et d’ajouter « inutile de rappeler les conséquences psychiques et physiques de ce acte criminel. Ces petites filles souffrent en silence, elles sont violés, harcelés et privés de leur droit de vivre leur enfance. En cas de divorce, elles se retrouvent seules ou avec leurs enfants sans aucune formation ni revenu…»
Supprimer les articles de loi 20,21 et 22
L’article 20 du code de la famille stipule que « Le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l’âge de la capacité prévu à l’article 19 ci- dessus, par décision motivée précisant l’intérêt et les motifs justifiant ce mariage, après avoir entendu les parents du mineur ou son représentant légal, et après avoir eu recours à une expertise médicale ou procédé à une enquête sociale. La décision du juge autorisant le mariage d’un mineur n’est susceptible d’aucun recours. » L’article 21 stipule quand à lui que« Le mariage du mineur est subordonné à l’approbation de son représentant légal. L’approbation du représentant légal est constatée par sa signature apposée avec celle du mineur sur la demande d’autorisation de mariage et par sa présence lors de la conclusion du mariage. Lorsque le représentant légal du mineur s’abstient d’accorder son approbation, le juge de la famille chargé du mariage statue en l’objet » Ces lois sont souvent critiquées par la société civile. D’ailleurs, à travers la campagne "Mazal Tafla", les associations interpellent les pouvoirs publics pour la suppression des articles 20,21 et 22 et l’harmonisation de la législation nationale avec la Convention internationale des droits de l’enfant comme l’explique notre spécialiste « Le mariage des mineures est une problématique épineuse.
Les études ont démontré que les causes de ce phénomène sont nombreux notamment la pauvreté, l'ignorance, les croyances culturelles/interprétations religieuses et les failles du code de la famille. Tous ces ingrédients contribuent à l'augmentation des chiffres du mariage des mineurs » et d’ajouter « Malheureusement nous n'avons aucune loi qui criminalise le mariage des enfants. Le code de la famille donne au juge l'autorité pour accorder "exceptionnellement" le mariage des mineurs. Cette exception est devenue une règle générale qui prive les filles d'avoir une enfance épanouie. Pour cela, nous appelons les autorités et les pouvoirs publics à supprimer les lois autorisant le mariage des mineurs et à garantir à tous les enfants la jouissance de tous leurs droits sans aucune discrimination » A bon entendeur…
Articles en relations
Politique
Société
Activités royales