Société
Migration des médecins, la grande hémorragie
22/04/2022 - 21:17
Lina IbrizLe manque des effectifs des professionnels de santé s’accentue plus davantage, alors que le pays perd des centaines de médecins annuellement. Ces derniers préfèrent travailler loin de leur pays d'origine. La sonnette d’alerte du CNDH.
Entre 600 et 700 voire plus de médecins marocains quittent le pays chaque année pour porter la blouse blanche dans des hôpitaux européens, américains, voire asiatiques. Ce grand départ des professionnels de la santé s'opère alors que le pays a besoin de 32.000 médecins de plus pour répondre aux besoins de la population en matière d'accès aux soins médicaux. C'est le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) qui a dressé ce constat alarmant dans son rapport intitulé «L’effectivité du droit à la santé Défis, enjeux et voies de renforcement», présenté ce vendredi 22 avril 2022 à Rabat.
Les données recueillies par le CNDH indiquent que contre 23.000 médecins exerçant au Maroc, entre 10.000 et 14.000 médecins marocains travaillent à l’étranger, notamment en Europe. Ainsi, 1 sur 3 médecins marocains exerce à l’étranger, et ce malgré le "besoin pressant" du Royaume en matière d’effectifs des professionnels de santé, souligne le Conseil.
Des conditions de travail "détériorées"
Les conditions du travail des médecins et professionnels de santé au Maroc expliqueraient-elles cette hémorragie ? Le rapport du CNDH ne répond pas directement à la question. Nonobstant, le Conseil met l’accent sur ces conditions "précaires" et "détériorées".
Qu’il s’agisse du secteur public ou privé, les médecins marocains souffrent de la "faiblesse" des salaires et des revenus en comparaison avec ceux de leurs confrères dans d’autres pays, voire avec d’autres catégories professionnelles au Maroc, indique le rapport du CNDH.
À cela s’ajoute l’absence de l’incitation et la détérioration des conditions du travail, confirment les cadres de la santé ayant participé aux rencontres régionales préparatoires tenues dans le cadre de l’élaboration du rapport du CNDH.
Pour les médecins privés, la situation semble plus compliquée. Selon le Conseil, les médecins du secteur privés "souffrent de la précarité des conditions entourant la pratique médicale". En outre, les taux limités de couverture médicale pour les citoyens ainsi que l’absence des incitations encourageant la poursuite du travail et le développement du secteur privé constituent une contrainte majeure.
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