Société
Pourquoi la demande pour la Omra du Ramadan a-t-elle diminué?
19/02/2024 - 16:42
Khaoula Benhaddou
La Omra du ramadan est l’un des voyages spirituels les plus appréciés des marocains et les plus attendus par les agences de voyages qui profitent de cette période de pic d’activité pour vendre leurs produits et faire leur chiffre annuel. Cette année, la demande aurait remarquablement baissé. Comment expliquer cette baisse ? Éléments de réponses
Pour ce ramadan 2024, les Marocains désireux d’accomplir le rituel de la Omra se trouvent confrontés à des prix excessivement élevés. Des prix qui ont poussés plusieurs fidèles à renoncer à leur voyage de rêve.
C’est le cas de Fatima qui rêvait de faire son petit pèlerinage quelques mois après le décès de son mari "j’ai perdu mon mari il y a quatre mois. Pour ne pas passer le Ramadan seule à la maison, je voulais effectuer l’Omra pour me consoler et prier pour mon défunt mari. Or je me suis trouvée face à des prix excessivement chers qui dépassent les 28.000 dhs pour les formules basiques" se lamente Fatima, retraitée, qui a fini par renoncer à ce voyage.
Comme Fatima, plusieurs prétendants au petit pèlerinage ont dû annuler leur voyage à la Mecque à cause de la cherté du voyage.
Un constat confirmé par Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc "il y a moins de demandes par rapport aux années précédentes et plus précisément à l’année qui a suivi la pandémie du Covid 19 où on avait enregistré une demande très importante. Ce recul de demandes est dû principalement à la hausse des prix appliqués et à la baisse du pouvoir d’achat des marocains" explique le responsable qui précise que cette année "l’Omra intervient dans une période où il n’y a pas de vacances, ce qui complique la situation pour les parents qui n’ont pas où laisser leurs enfants".
Des tarifs hors de portée
Durant cette période de l’année, les voyagistes se frottaient la main pour faire leur chiffre annuel. Pour Khalid, propriétaire d’une agence de voyage, c’est de l’histoire ancienne "les marocains sont frappés de pleins fouet par l’augmentation des prix des produits de première nécessité et ont de plus en plus du mal à économiser pour effectuer leur Omra. En principe, durant cette période, je n’ai plus aucune place à vendre mais ce n’est plus le cas malheureusement" et d’ajouter "les offres qu’on a pu vendre concernent les familles nombreuses qui bénéficient des réductions sur les chambres pour 4 personnes".
Même constat auprès de Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des agences de voyages qui précise que les prix des billets d’avion ont considérablement augmenté "les billets d’avion ont connu une hausse juste après la pandémie du Covid-19. Aujourd’hui, un billet d’avion pour accomplir une Omra durant le Ramadan varie entre 14.000 et 14.500 ce qui n’est plus à la portée des citoyens. Heureusement qu’il y a quelques des compagnies low-cost autorisées à transporter les fidèles. Ces compagnies proposent des prix moins chers et se trouvent dans plusieurs villes marocaines comme Agadir, Fes, Marrakech, Oujda et Tanger. Ce n’est pas tout, il y a également la contrainte des prix des hôtels qui a également augmenté et plus principalement ceux qui se trouvent à proximité du Haram et qui sont très demandés par les marocains".
Pour sa part Khalid Benazzouz, Président de l’Association régionale des agences de voyages de Casablanca Settat précise que l’augmentation des prix est normale durant la conjoncture actuelle "comme tout autre produit, les offres du Omra de Ramadan ont également connu une augmentation. Cette augmentation ne vient pas des opérateurs du secteur marocain, le prix de l’énergie a augmenté, les hôtels ont automatiquement augmenté leurs tarifs" et de conclure "si le prix des hôtels a connu une augmentation, les tarifs aériens ont légèrement diminué puisque la compagnie nationale a réduit ses tarifs et les autres compagnies ont suivi. Certes la réduction peut paraitre insignifiante puisqu’on est passé de 15.000 dhs l’année dernière à 14.700 cette année ; mais si on multiplie par le nombre des voyageurs, il s’agit de plusieurs millions de dhs".

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