Société
Reconstitution des nappes phréatiques: la variable à ne pas négliger dans l'équation du stress hydrique
15/08/2022 - 17:00
Mohammed FizaziDifférentes associations et composantes de la société civile ont pointé du doigt certaines pratiques nuisibles aux nappes phréatiques, notamment certaines cultures qui requièrent beaucoup d’eau, ainsi que la surexploitation par certains agriculteurs.
Le professeur de climatologie Mohammed Saïd Karrouk révèle à ce propos qu’il y a différents types de nappes phréatiques, il y a d’abord les nappes superficielles, peu profondes, alimentées à l’eau de pluie. Elles sont facilement exploitables puisque proches de la surface, mais facilement épuisables.
Ces nappes superficielles, poursuit-il, sont sujettes à pollution, en raison de l'exploitation soit agricole ou industrielle ou autre, qui facilite l’accès à cette eau, et la rend vulnérable à toutes sortes de pollution venant de la surface. Ce qui appelle à la vigilance dans l’exploitation.
"Il est possible, des fois, de trouver ces mêmes nappes à un niveau un peu plus profond, mais dans ce cas, leur exploitation se fait à un niveau plus profond, avec des technologies plus avancées. Toutefois, ces outils et techniques nuisent gravement à cette nappes phréatiques, rendant sa reconstitution compliquée, surtout en période de sécheresse, comme celle que nous vivons aujourd’hui”, a-t-il déclaré à SNRTnews.
Et d’ajouter: "ces nappes se trouvent dans des structures géologiques spécifiques permettant de contenir cette eau afin qu’elle ne se retrouve pas à des niveaux plus profonds. Elles fonctionnent aussi comme une sorte d’éponge, ainsi, épuiser ces nappes nous met devant le danger de l’affaissement du sol et de la surface, c’est pour cela qu’il faut utiliser ces nappes d’une manière raisonnable".
Ce n’est pas tout. Il existe un autre type de nappes. Elles sont plus profondes et non renouvelables, c’est à dire qu’elles ne se reconstituent pas avec les eaux de pluies. "Ces nappes héritées des ères géologiques très lointaines sont appelées “nappes stratégiques”, car on ne peut les utiliser que quand on est dans un besoin extrême et qu’on n’a pas d’autres solutions”, a-t-il expliqué.
Du coup, le climatologue insiste sur la nécessité d’étudier la manière de reconstitution des nappes phréatiques au Maroc. "Pour les exploiter, il faut avoir une idée sur comment elles fonctionnent, pour ne pas les détruire. Si on a des garanties qu’elles puissent être renouvelées, on peut les exploiter sans problème, le cas échéant, on risque de se retrouver dans un déséquilibré", a-t-il fait savoir, avant d’avancer qu’"au Maroc, la période de sécheresse avait déjà commencé en 2018. A compter de cette période, on puise sur des nappes qui ne sont pas reconstituées depuis lors. On se retrouve finalement avec des puits plus profonds et une nappe qui ne se reconstitue pas”.
Devant une telle situation, le climatologue tire la sonnette d’alarme. Car en cas de déséquilibre, même avec le retour des précipitations, le fonctionnement ne sera plus le même. Mohammed Saïd Karrouk met l’accent sur l’importance à veiller à maintenir la stabilité de la nappe phréatique, et tenter de chercher des alternatives.
"Si on continue à puiser les nappes phréatiques, surtout dans les régions sèches et désertiques, le résultat sera catastrophique. Dans ces régions, il faudrait utiliser cette eau principalement et uniquement pour les besoins vitaux, et éviter de l’utiliser pour des besoins secondaires, comme la culture des fruits et légumes qui consomment beaucoup d’eau, la culture des pastèques dans le désert, par exemple, relève du suicide", a-t-il averti.
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