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Sofyan Amrabat, gladiateur et métronome
17/12/2022 - 14:13
Nassim El Kerf"Lent", "faible techniquement", "hésitant", tous ses qualificatifs peu flatteurs ont servi pour décrire Sofyan Amrabat après la défaite contre l'Egypte en quart de finale de la dernière Coupe d'Afrique des Nations (1-0). Pourtant auteur d'une CAN très correcte, le milieu de terrain des Lions de l'Atlas n'a jamais été mis dans les bonnes dispositions pour briller et ses anciennes lacunes lui portaient clairement préjudice.
Quelques mois plus tard, Amrabat est au centre de toutes les discussions. Les intérêts sérieux des clubs de la Premier League comme Tottenham et Liverpool font monter sa cote, après des performances de très haut niveau contre des équipes qui comptent dans leurs rangs, les meilleurs milieux de terrain de la planète.
Modric, Brozovic, Kovacic, De Bruyne, Tielemans, Pedri, Gavi, Busquets... toutes ces stars du ballon ont été muselées par le gladiateur des Lions de l'Atlas. A la fois à la récupération et à la relance, Amrabat a fait partie du onze type de la phase de poules du Mondial, et du onze type des huitièmes de finale, à juste titre.
Face à l'Espagne, il ne se contentait pas de récupérer et presser le trio du milieu adverse, mais il donnait aussi le tempo à ses coéquipiers. Tel un métronome, il n'hésitait pas à gagner quelques mètres pour soulager sa défense et trouver ses attaquants pour lancer les contres. En phase défensive, il se plaçait à moins de 4 mètres de la défense axiale composée de Saiss et Aguerd qui lui font de plus en plus confiance dans les zones dangereuses.
Sa proximité avec la défense, le transforme parfois en 3e axial qui surgit pour dégager. Des fois, son intelligence tactique qu'il a grandement développé au championnat italien, lui permettait de couper des lignes de passes au bon moment pour empêcher les attaques placées des adversaires.
Le joueur de la Fiorentina ne calcule pas ses efforts. A titre d'exemple, face à l'Espagne qui est l'un de ses matchs références, il a couru plus de 14 kilomètres en 120 minutes pour rendre la vie difficile à l'un des meilleurs milieux de terrain de la planète composé du trio du Barça, Gavi, Pedri et Busquets.
Ce changement de sphère n'est pas une coïncidence. Avant de signer à la Fiorentina, le frère cadet de Nordine lui aussi connu pour sa générosité sur le terrain avec les Lions de l'Atlas avait fait valoir toute l'étendue de son talent du côté du Hellas Vérone. Depuis, Sofyan ne cesse d'évoluer et gagner en maturité. Pour sa deuxième Coupe du Monde avec l'équipe nationale, il a définitivement franchi un palier, bien aidé par le système de Hoalid Regragui.
Contrairement à son prédécesseur, Vahid, Hoalid ne confie pas toutes les tâches du milieu de terrain à son récupérateur fétiche. Pour combler son manque de précision lorsqu'il s'agit de jouer de manière verticale et vers l'avant, Hoalid a mis deux hommes au service de son taulier. Azzeddine Ounahi et Selim Amallah ou Abdelhamid Sabiri se rendent disponible au premier toucher de balle d'Amrabat pour que ce dernier puisse se contenter de sa première tâche qui est la récupération, et lui faciliter la seconde, qui est la relance.
Avec ce système en triangle inversé, et ses mots dans les vestiaires, Hoalid Regragui a pu tirer la meilleure version d'Amrabat, qui joue, rappelons-le, avec un carton jaune et le risque de suspension depuis le tout premier match du Mondial contre la Croatie.
Mais cette épée de Damoclès n'empêche pas Amrabat de montrer la même générosité sur le terrain. Ce risque de suspension lui fait même du bien, puisque ses interventions sont beaucoup plus calculées et moins risquées, tant qu'il contrôle son engagement.
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