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Bounou: cape, gants et sourire de héros
07/12/2022 - 17:33
Nassim El Kerf"Sur le coup, je n'ai pas réalisé l'exploit". A l'issue du match contre l'Espagne, c'est un Yassine Bounou héroïque qui se trouve à côté de son sélectionneur, Hoalid Regragui, en conférence de presse. Homme du match, il explique qu'il n'a pas réalisé l'ampleur de son exploit en arrêtant 2 penaltys sur 3, tirés par des Espagnols désabusés par le calme et surtout le sourire, du portier marocain.
Très serein depuis le début du match, même ballon au pied, Bounou a tenu à sortir les ballons proprement malgré un pressing très haut des Espagnols, quitte à faire trembler les Marocains dans les quatre coins du monde. "Bono", comme l'indique son nom au maillot, était le plus calme des Lions sur le terrain. Malgré l'enjeu, le gardien du FC Séville connaissait si bien les tireurs qui sont tous passés par la Liga. C'était écrit, Bono a envoyé l'Espagne à la maison et bien plus tôt que prévu.
Du premier au dernier arrêt
Si le Maroc est aujourd'hui en quart de finale de la Coupe du monde au Qatar, en tant que premier pays arabe et musulman à y arriver, c'est grâce au courage des joueurs, à leur abnégation et bonne foi, mais aussi grâce aux arrêts de son gardien fétiche.
Le 23 novembre dernier au stade Al Bayt, contre la Croatie, alors que le Maroc arrivait à tenir en échec les vice-champions du monde, tout a failli basculé. Tout ce parcours, aujourd'hui historique, serait peut-être remis en question si Bono n'avait pas sorti un arrêt décisif sur la tentative de Vlasic, bien servi par Sosa qui avait réussi la seule percée croate de la rencontre. On s'en souvient encore, cette image nous l'avons tous encore entre les yeux.
Un but croate et tout aurait peut-être changé. Un coup au moral après une mi-temps parfaite tactiquement, l'équipe nationale pouvait s'en passer et Bono l'avait déjà compris. Lors du même match, il n'avait pas beaucoup de ballons à sortir si ce n'est un corner bien tiré qu'il déviera du bout des doigts pour dégager le danger. Sans victoire, mais avec un point du nul contre un des adversaires les plus coriaces et un clean-sheet, la mission a finalement été bien menée.
Yassine, entre destin et le mauvais œil
Son arrêt décisif, son calme et sérénité face aux médias ont poussé Bouno sur les devants de la scène. Sur les réseaux sociaux, sur les plateaux, son arrêt a été vu et revu. Sa carrière, son parcours et parfois même sa vie personnelle étaient des sujets de discussion sur Facebook, Twitter, Instagram et Tiktok pour ne citer que ces réseaux.
Trop de pression avant d'affronter la Belgique pour ce qui sera le vrai match tournant de ce groupe F si relevé? Jamais selon l'intéressé. Habitué aux grands rendez-vous depuis son jeune âge au Wydad, jusqu'à aujourd'hui et ses grands matchs avec Séville, Bounou connaît la pression. Mais celle-ci, celle d'un match si important dans l'histoire du football marocain... elle a bien failli faire craquer le Lion.
La vue de Bouno et son envergure et son 1m95 au tunnel rassure tous les Marocains qui s'apprêtent un suivre un match historique face à la Belgique. Présent lorsque l'hymne national résonnait dans les cieux de Doha, rares sont ceux qui l'ont vu faire un signe de la main pour demander au staff de commencer les échauffements de son remplaçant, Munir El Kajoui. Un geste de classe, d'un homme qui ne se sentait pas bien. D'un bonhomme, un seigneur, qui a cédé sa place à son concurrent, compère et ami Munir qui fera finalement le travail de la plus belle des manières.
Les Marocains découvriront ensemble que Bouno n'est pas sur la pelouse, c'était lors du premier frisson de ce match sur un tir des Belges après une passe qui a percé notre défense. "Fine Bounou?!" (Où est Bounou?) se sont demandés les Marocains dans un moment de panique générale, en recherchant des coins des yeux l'homme qui les rassure. Au bout du compte, Munir sera à la hauteur de la responsabilité, l'équipe nationale s'imposera 2-0 au terme d'un match fou qui lança officiellement la belle histoire. On en saura pas plus sur la nature de la blessure ou du "malaise" de Bouno, un secret gardé en famille, précieusement.
Bounou retrouvera ensuite les cages contre le Canada (2-1). Son pays natal, où il fera ses premiers pas avant de rentrer au pays très jeune et commencer son histoire au Wydad au sein des jeunes catégories. Pour la belle histoire.
Face à l'Espagne, il est toujours si agréable de ressasser ses deux arrêts sur penaltys. Une bataille gagnée au mental contre des adversaires déboussolés. Même si ce souvenir est encore si frais, si proche, les mots lancés en Espagnol avant le sifflet, le sourire de Yassine au moment de ses arrêts... ce sont des images qui restent gravés à vie. Deux arrêts pour l'histoire, qui le hisseront au rang de héros national, en attendant la suite dès samedi face au Portugal en quart de finale de la Coupe du monde.
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