Société
Stress hydrique : Le CESE livre ses recommandations
28/11/2023 - 21:17
Aya LankaouiLe Maroc subit de manière croissante des événements extrêmes induits par la sécheresse, avec des impacts notables sur ses ressources hydriques, comme le rapporte le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son rapport annuel 2022, livrant ainsi des recommandations pour remédier à cette situation. Les détails
Le rapport souligne que le Maroc a dû faire face à une sécheresse d’une intensité sévère durant les dernières décennies, avec 5 épisodes survenus en l’espace de 11 années: soit un épisode tous les 2,2 ans en moyenne contre une fois tous les 6 à 7 ans en moyenne durant la période 1985-2010 et une fois tous les 11 ans en moyenne durant le siècle dernier jusqu’au début des années 1980.
Le potentiel du pays en ressources hydriques renouvelables est évalué officiellement à 22 milliards de m3 par an (18 milliards de m3 d’eaux superficielles et 4 milliards de m3 d’eaux souterraines exploitables), soit l’équivalent de 606 m3/habitant/an contre 2.560 m3 en 1960, représentant ainsi une baisse de 74,6%. Cette tendance à la baisse s’observe aussi au niveau de la moyenne des ressources hydriques disponibles depuis 1945 à 2020 (passant de 22.1 milliards m3 entre 1945-1980 à 15.3 milliards m3 depuis 1991).
Par ailleurs, les ressources en eau de surface se caractérisent par une tendance à la raréfaction et une répartition spatiale et temporelle hétérogène. Les données existantes confirment ce trend baissier de la disponibilité des ressources en eau depuis les années 1980. En témoigne actuellement un déficit hydrique croissant à caractère structurel au niveau de tous les bassins hydrauliques.
Concernant les eaux souterraines, leur niveau connaît actuellement un recul sans précédent, allant de 3 à 6,85 m, notamment dans les nappes de Saïss (-6 m), Zagora (-6.85 m) ainsi que celles de Souss, Errachidia, Tadla, Berrechid, El Haouz et Angad. Ce recul est dû particulièrement à un prélèvement de l’ordre de 1.1 milliard m3, à des fins d’irrigation et d’approvisionnement en eau potable dépassant la capacité du renouvellement de ces nappes. Cela a entraîné l’épuisement d’une réserve en eau stratégique non renouvelable estimée à plus de 4 milliards m3.
Quant aux chutes de neige, elles ont enregistré une baisse tendancielle très sensible ces dernières années, notamment dans le Moyen et le Haut Atlas qui constituent le château d’eau du pays (baisse de la superficie enneigée de 45000 km2 en 2018 à 3000 km2 en 2022). Cette baisse a réduit sensiblement les apports d’eau issus de la fonte de neige dans certains bassins comme ceux de Oum Er Rbia et Sebou, que de manière marginale dans les bassins de Tensift et de Moulouya.
Cette baisse tendancielle de l’enneigement semble être une conséquence de changement climatique, bien qu’il soit encore difficile d’en quantifier l’impact, principalement en raison du manque de données de mesures dans le temps et dans l’espace.
Recommandations
A cet effet, le CESE propose des recommandations pour une gestion efficace de la sécheresse, à savoir :
- Développer un plan national de sécheresse, sur la base d’un système d’alerte précoce, compilant des données agrométéorologiques et hydrologiques en temps réel, pour ensuite définir, pour chaque niveau d’alerte, les mesures à prendre, ainsi que les entités responsables de leur mise en œuvre.
- Mettre en place un mécanisme institutionnel d’arbitrage et de coordination en période de sécheresse, basé sur une large concertation multi-acteurs au niveau central et territorial, visant à opérer un arbitrage inclusif et équitable entre les divers usages de l’eau, tout en garantissant la préservation du patrimoine agricole, la sécurité alimentaire et hydrique, ainsi que le maintien de l’emploi.
- Généraliser l’assurance agricole au profit des petits agriculteurs pour pouvoir atténuer les effets de la sécheresse sur cette catégorie vulnérable qui se retrouve souvent sans revenus à cause de la sécheresse.
Quant à la gestion du déficit hydrique, le CESE propose d’améliorer la gouvernance du secteur de l’eau au Maroc, d’accélérer le programme de mobilisation des eaux non-conventionnelles, en particulier, d’établir un écosystème national pour la mise en œuvre des projets, de recourir aux solutions innovantes et promouvoir la R&D dans le domaine de l’eau et de repenser le modèle agricole en lien avec l’utilisation et la gestion de l’eau.
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