Société
Dessalement de l'eau de mer: un choix stratégique face à la sécheresse
14/08/2024 - 11:34
Morad Karakhi | Mohammed FizaziLe Maroc mise sur des stations de dessalement d'eau de mer pour couvrir plus de la moitié de ses besoins en eau potable, en plus de l'irrigation de vastes superficies agricoles à l'horizon 2030, conformément à ce que Sa Majesté le Roi a affirmé dans son discours du Trône, le lundi 29 juillet 2024.
Sa Majesté le Roi a déclaré, dans le même discours,que "la réalisation des stations de dessalement de l’eau de mer doit être accélérée, selon le programme arrêté à cet effet pour assurer la mobilisation annuelle de plus de 1,7 milliard de mètres cubes", appelant à cet égard à "au développement d’une industrie nationale de dessalement de l'eau".
Une Option Stratégique
Le professeur universitaire spécialisé en eau et directeur du Musée Mohammed VI de la Civilisation de l'Eau au Maroc, Abdennabi El Mandour, estime qu'avec la succession des années de sécheresse, la rareté des précipitations et l'augmentation de la demande sur cette ressource vitale, les stations de dessalement de l'eau de mer apparaissent comme une option stratégique pour faire face au défi des problématiques de l'eau, comme l'a mentionné Sa Majesté le Roi dans le discours du Trône.
El Mandour a affirmé, dans une déclaration à SNRTnews, que les projets de construction de barrages et de transfert des eaux entre les bassins hydriques, malgré leur rôle important dans l'approvisionnement en eau, que ce soit pour la boisson ou pour l'irrigation, ne peuvent pas répondre à la demande croissante sur cette ressource à l'avenir. C'est pourquoi le Maroc parie sur un doublement des investissements dans les stations de dessalement de l'eau de mer comme plan pour l'avenir.
Il a souligné que Sa Majesté le Roi a défini dans ce cadre l'orientation du Royaume en appelant à "accélérer la réalisation des stations de dessalement de l'eau de mer, conformément au programme qui leur est assigné, visant à mobiliser plus de 1,7 milliard de mètres cubes par an, ce qui permettra au Maroc, à l'horizon 2030, de couvrir plus de la moitié de ses besoins en eau potable grâce à ces stations, en plus de l'irrigation de vastes superficies agricoles, contribuant ainsi au renforcement de la sécurité alimentaire du pays".
Dans ce contexte, le chercheur en politiques de l'eau, Abderrahim Handouf, a déclaré que Sa Majesté le Roi, dans le discours du Trône, a identifié la problématique de l'eau comme l'un des défis majeurs auxquels le Royaume est confronté, ce qui montre la gravité de la situation avec la succession des années de sécheresse, parallèlement aux effets des changements climatiques et à l'augmentation de la demande.
Handouf a expliqué à SNRTnews que le dessalement de l'eau de mer reste actuellement et à l'avenir la solution la plus efficace pour améliorer l'offre de cette ressource vitale, afin de renforcer la capacité du Royaume à faire face à cette problématique à l'avenir.
Il a souligné que la situation de l'eau au Maroc se détériore de manière significative avec les années ; la part d'eau par habitant est passée de 2000 mètres cubes par an dans les années soixante à environ 400 mètres cubes actuellement, un taux inférieur au seuil de rareté défini par l'ONU, fixé à 500 mètres cubes par an et par habitant.
Le chercheur en politiques de l'eau a expliqué que le dessalement de l'eau de mer permettra de faire face au problème de la sécheresse et d'étendre la superficie irriguée. Il a souligné qu'il existe actuellement un million et demi d'hectares de terres irriguées, un chiffre qui pourrait être doublé grâce à l'eau de mer dessalée.
Énergie propre... Le pari de l'avenir
L'énergie utilisée pour faire fonctionner les stations de dessalement de l'eau de mer est un facteur crucial dans la détermination du coût de production. C'est pourquoi le Maroc parie sur l'utilisation des énergies alternatives pour réduire les coûts de production dans ces stations.
Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi a appelé, dans le discours du Trône, à accélérer la réalisation du projet de raccordement électrique, pour transporter l'énergie renouvelable, des régions du sud vers le centre et le nord. Sa Majesté a déclaré : "Pour produire de l’eau, les stations de dessalement doivent être alimentées avec de l’énergie propre. C’est pourquoi il faut accélérer la réalisation du projet d’interconnexion électrique qui vise à acheminer l’énergie renouvelable, à partir des Provinces du sud, vers le Centre et le Nord".
Sa Majesté a souligné la nécessité d'approvisionner les stations de dessalement en énergie propre. "C'est le cas de la station de dessalement de Casablanca, le plus grand projet du genre en Afrique et la deuxième installation au monde qui sera alimentée à 100% en énergie propre", a déclaré SM le Roi. La production annuelle de cette station est estimée à 300 millions de mètres cubes, dont bénéficieront 7,5 millions de personnes.
Abdennabi ZL Mandour a déclaré que le plan du Maroc pour s'appuyer sur les énergies renouvelables dans les stations de dessalement de l'eau de mer réduira les coûts de production, en indiquant que le coût du dessalement d'un mètre cube d'eau était supérieur à 20 dirhams, tandis que l'utilisation des énergies propres contribue à réduire ce coût pour le ramener entre 5 et 6 dirhams par mètre cube.
Dans le même cadre, Abderrahim Handouf a déclaré que le Maroc utilise des stations de dessalement d'eau de mer dans les régions du sud depuis plus de 40 ans, mais que le recours aux énergies alternatives réduira les coûts, ce qui permettra d'augmenter la production d'eau dessalée, que ce soit pour la boisson ou pour l'irrigation.
La capacité de production de l'ensemble des stations de dessalement d'eau de mer réalisées au Maroc est d'environ 147 millions de mètres cubes par an, en plus de 8 stations de dessalement d'eau saumâtre avec une capacité de production totale d'environ 37 millions de mètres cubes par an, selon des informations obtenues précédemment par SNRTnews auprès du ministère de l'Équipement et de l'Eau.
Industrie nationale
L'augmentation des investissements dans les stations de dessalement d'eau de mer nécessite une industrie solide et des ressources humaines formées et spécialisées dans ce domaine, que ce soit pour la construction de ces stations ou pour leur entretien.
À cet égard, Sa Majesté le Roi a appelé, dans le discours du Trône, "au développement d’une industrie nationale de dessalement de l'eau, à la création de filières de formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés, à l’encouragement de la constitution d’entreprises nationales spécialisées dans la réalisation et l’entretien des stations de dessalement".
Le chercheur en politiques de l'eau Abderrahim Handouf estime que le pari sur les énergies renouvelables et la technologie dans les stations de dessalement d'eau de mer augmentera la production et réduira les coûts à l'avenir, ce qui nécessite des ressources humaines formées et capables d'accompagner cette évolution.
Il a ajouté que Sa Majesté le Roi a souligné cela dans son discours en appelant à la création de filières pour former des ingénieurs et des techniciens dans le domaine du dessalement de l'eau de mer, ce qui renforcera la souveraineté nationale dans ce domaine.
De son côté, le professeur universitaire spécialisé en eau, Abdennabi El Mandour, a souligné que l'élément humain formé reste un facteur crucial pour la mise en œuvre de la vision royale dans le domaine du dessalement de l'eau de mer. Il est donc nécessaire que les programmes éducatifs accompagnent cette vision en diplômant des ingénieurs et des techniciens spécialisés dans ce domaine.
En plus de la formation des ressources humaines, le même intervenant a appelé à commencer à investir dans la création d'entreprises marocaines spécialisées dans la construction et l'entretien des stations de dessalement d'eau de mer, comme l'a mentionné le Discours Royal, que ce soit pour répondre à la demande nationale ou pour transférer l'expérience marocaine à l'avenir vers les pays africains amis.
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