Société
Financement du système éducatif : où en est le Maroc ?
06/12/2020 - 12:53
Meryem Ait OuaannaLe système éducatif occupe une importance colossale au sein de toute économie. Son financement est désormais l’une des préoccupations majeures de chaque État. Au Maroc, comme est le cas pour plusieurs pays, il est temps de mettre en place des actions innovantes, en matière de financement de l’éducation. Et c’est justement ce thème qui a été traité lors du colloque précité.
"Une réalité préoccupante"
L’éducation au Maroc n’est pas un long fleuve tranquille. Avant de s’attaquer au financement du système éducatif marocain, Saaid Amzazi a mis l’accent sur les chiffres avancés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en 2018. Ceux-ci illustrent clairement la gravité de la situation du secteur de l’éducation nationale. Selon le HCP, "plus du tiers de la population marocaine de plus de 25 ans n’a pas dépassé le niveau du collège, seuls 8% sont diplômés du supérieur et surtout près d’un marocain sur 4 n’a pas dépassé le niveau du primaire (23,5%)" et d’ajouter "un marocain sur 3 demeure analphabète à l’heure du numérique et de la 4ème révolution industrielle".
Par ailleurs, la fragilité du système éducatif marocain pèse lourdement sur l’économie du pays. Comme l’a déclaré Saaid Amzazi lors de son intervention, "le capital humain du Maroc est perçu comme étant le maillon faible de sa croissance économique".
30% du financement de l’éducation est assuré par les ménages
Diverses parties contribuent au financement de l’éducation au Maroc. Annuellement, l’Etat consacre 22% de son budget au secteur de l’éducation, soit donc 7% du PIB national. En revanche, Saaid Amzazi explique que la somme allouée par l’Etat reste insuffisante, étant donné que 89% de ce budget est attribué à la masse salariale "ce qui ne laisse au ministère que 11 % de ce qu’il reçoit pour gérer tout ce qui est chantier pédagogique, accès à la scolarisation (construction, réhabilitation), équipement, digitalisation, la formation des enseignants et une partie de l’appui social destiné aux enfants issus de familles à revenus modestes", précise le ministre. En termes de budget étatique consacré au secteur de l’éducation, le Maroc se positionne en bas du classement comparé aux pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En effet, "la part qui est assurée par l’état représente 68 % du financement global de l’éducation alors que la moyenne OCDE est de 83,5%, allant jusqu'à 96% pour la Finlande", déclare le ministre.
Par ailleurs, les ménages jouent un rôle crucial en matière de financement de l’éducation nationale. Selon Saaid Amzazi, "la part du financement assurée par les ménages est estimée à 30%" un taux trop élevé par rapport à la moyenne OCDE qui est de 16%, "ce qui affecte lourdement le budget des ménages marocains, particulièrement ceux de la classe moyenne", poursuit le ministre.
Autre contributeur au financement du système éducatif : les collectivités territoriales. Au niveau national, la participation des administrations locales à la dépense éducative est de plus en plus faible. Pour remédier à la situation, plusieurs actions ont été mises en place, comme c’est le cas avec le Programme Régional de réduction des disparités territoriales et sociales ou encore la promulgation en 2014 de la loi 113-14 visant le transfert de la compétence du transport scolaire aux conseils provinciaux.
Une contribution "plus optimisée et plus élargie" du secteur privé
La loi cadre N° 51.17 relative au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique accorde une place primordiale à la diversification des sources de financement du secteur éducatif. Dans la même optique, le ministre de l’éducation nationale Saaid Amzazi a souligné la nécessité de l’instauration d’un modèle PPP (Partenariat Public-Privé), un mode de financement alternatif fortement recommandé par les organismes internationaux. Le modèle PPP "prend la forme de Construction-gestion-transfert d’établissements scolaires. Le ministère concède à un opérateur privé le droit de financer, construire et gérer une infrastructure éducationnelle telle qu'une école publique, un bâtiment ou un hébergement universitaire, en échange d’un loyer qu’il lui verse pour une période donnée, à la suite de laquelle l'infrastructure est transférée à l'Etat", explique le ministre. Ce type de financement est très avantageux, dans la mesure où il assure au gouvernement un soulagement "des dépenses colossales que les chantiers de construction et d’entretien des établissements scolaires représentent", ajoute-t-il.
Outre le modèle PPP, le ministre de l’Éducation Nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Saaid Amzazi, a mis en exergue d’autres sources de financement du système éducatif national, tels que le prélèvement sur la contribution libératoire, la contribution de la diaspora marocaine, les taxes sur les ressources naturelles, les taxes sur les produits financiers ainsi que les micro donations.
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