Economie
Le détail sur la station de dessalement de Chtouka Aït Baha avec le Directeur de l'ORMVA Souss Massa
17/07/2021 - 13:15
Lina IbrizLa mise en place de la station de dessalement de Chtouka Aït Baha a nécessité 36 mois de travail continu et une grande mobilisation des ressources financières, humaines et techniques. Le projet très ambitieux s’inscrit dans le cadre du Plan Maroc Vert et constitue une partie intégrale de la nouvelle stratégie Génération Green.
SNRTnews: la réalisation du projet a nécessité la mobilisation d’importantes ressources humaines, notamment au niveau de la conception et l’ingénierie. Les experts ayant travaillé sur ce projet étaient-ils tous de nationalité marocaine?
Nourredine Kessa: la plus grande partie des travaux, notamment ceux relatifs au montage de la station, au développement du plan de canalisation et à l’installation des canaux d’acheminement ont été assurés par des ingénieurs marocains. D’ailleurs, près 90% des sociétés qui ont travaillé sur le projet étaient de nationalité marocaine. Tous les travaux étaient exécutés par des équipes marocaines, notamment celles relevant du ministère de l’Agriculture et d’autres partenaires nationaux. Nous avons aussi eu recours, dans certains stades, à des experts étrangers qui ont contribué aux études et à l’ingénierie du projet. Les ouvrages marins, eux, étaient exécutés par des sociétés étrangères.
Des fonds colossaux ont été mobilisés pour le financement du projet. Quelle était le volume des investissements privés et étrangers dans le projet de la station de Chtouka Aït Baha?
Le coût global du projet s’est élevé à 4,4 milliards de dirhams, dont la part de l’Etat s’élevant à 1,86 MMDH. Les acteurs du secteur privé ainsi que les agriculteurs ont, à leur tour, contribué au financement du projet. Pour les agriculteurs bénéficiaires du projet, les contributions étaient d’un montant de 10.000 DH/ha, payés en deux tranches : un montant de 50.00 DH payé à la signature du contrat alors que la deuxième moitié sera perçue une fois que le raccordement au réseau d’irrigation sera effectué.
C’est un projet, réalisé dans le cadre d’un Partenariat public-privé qui a nécessité la création d’une structure administrative impliquant plusieurs institutions. La société Abengoa intervient aussi dans le projet en plus de deux autres entreprises, dont l’une est spécialisée dans la production de l’eau pour irrigation, tandis que l’autre, Aman El Baraka, se chargera de la production de l’eau potable. En outre, le ministère de l’Agriculture, en collaboration avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable - branche de l’eau, est considéré comme l’un des contributeurs principaux au projet.
Il est planifié que la production et l’alimentation des terrains agricoles en eau dessalée pour irrigation débutera en novembre. Qu’en est-il de l’eau potable?
Aujourd’hui, alors que tous les travaux sont entièrement achevés, nous sommes en phase d’expérimentation et de tests de production, dont les résultats sont d’ailleurs très positifs et prometteurs. Une fois les expériences terminées, nous comptons lancer le réseau d’irrigation dès début octobre. Je signale à cet égard, qu’à ce jour, le réseau d’irrigation est à 70% prêt pour entrer en fonction. Une partie du réseau est déjà fonctionnelle, et dans les mois à venir le réseau sera entièrement installé et prêt à alimenter les agriculteurs en eau.
L’eau potable produite par la station sera, en effet, fournie bien avant celle destinée à l’irrigation. La production de l’eau potable débutera en septembre et sera fournie à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable – branche de l’eau, pour qu’il puisse à son tour alimenter le Grand-Agadir.
Le débit initial sera de 275.000m3/ jour réparti entre l’eau potable à raison d’un débit de 150.000 m3/jour et l’irrigation à un débit de 125.000m3/jour. Dans l’avenir, la station de dessalement produira un volume de 400.000 m3/jour d’eau qui sera équitablement réparti entre l’eau destinée à l’irrigation et celle potable.
Quel sera le périmètre alimenté par le réseau d’irrigation?
L’eau dessalée dans la station sera acheminée sur un périmètre de 15.000 hectares et sera destinée aux primeurs. Comme vous le savez, la région de Chtouka est le premier producteur des primeurs à l’échelle nationale, avec un volume de production annuelle qui atteint 1,5 million de tonnes, d’autant plus que 85% des exportations nationales en primeurs proviennent ainsi de cette région qui alimente aussi bien le marché national qu’international.
Ainsi, la station alimentera l’intégralité de la province de Chtouka y compris toutes les préfectures y relevant.
Les souscriptions à l’eau dessalée pour l’irrigation agricole au sein de la plaine de Chtouka ont atteint 15.566 ha, soit 104% de l’objectif fixé. Quels sont les tarifs qui seront adoptés et qui sera le gestionnaire du réseau de l’irrigation?
En plus du montant de souscription/contribution de 10.000 DH/ha que j’ai déjà mentionné, des frais additionnels relatifs aux services d’acheminement et à la consommation seront facturés. Les tarifs dépendront du volume de consommation de chaque agriculteur et la superficie du terrain agricole irrigué.
Il est vrai que le projet a été réalisé en PPP, tout de même, c’est une société privée qui mène les études. Par conséquent, cette société privée, à savoir Abengoa qui sera autorisée à exploiter la station de dessalement ainsi que le réseau d’irrigation pour une période de 30 ans. Les travaux de mise en œuvre ont pris trois ans, il lui reste donc 27 ans.
La société sera ainsi chargée de la gestion des points de livraison ainsi que de fournir l’eau aux agriculteurs. En revanche, les activités de la société ainsi que le respect des cahiers des charges seront régulés et contrôlés par l’Etat, notamment l’Office régional de mise en valeur agricole du Souss-Massa et le ministère de tutelle.
Quel rôle jouera la station de dessalement d’eau Chtouka Aït Baha dans la diminution du stress hydrique qui impacte la région de Souss Massa?
Le projet a été conçu en premier lieu pour répondre au déficit d’eau qui touche la région de Chtouka. La station produira à peu près 75 millions de mètres cubes annuellement. Elle permettra surtout de préserver les nappes d’eaux souterraines tout en boostant la production agricole dans la région et en soutenant le secteur agricole. Elle jouera un rôle environnemental stratégique et contribuera au développement durable dans la région.
Par ailleurs, le projet a aussi une dimension économique. Ce sont quelques 9 milliards de dirhams en valeur ajoutée et 3 milliards de dirhams d’investissements que permettra ce projet de préserver et de développer.
Sur le niveau social, la culture des primeurs crée approximativement 15 millions jours de travail. Et donc la station permettra de préserver l’emploi dans la culture des primeurs.
La station constitue un projet pilote non pas uniquement au niveau national, mais également sur les niveaux régional et international. Et je souligne là que la station de dessalement d’eau de Chtouka Aït Baha est l’une des plus grandes stations du monde.
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