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Présidentielles américaines: comprendre le système électoral américain
05/11/2024 - 09:07
Mohammed FizaziLe système électoral américain intrigue souvent par sa complexité et son fonctionnement unique. À la veille de l'élection présidentielle de 2024, qui oppose principalement l’ancien président républicain Donald Trump et la vice-présidente démocrate Kamala Harris, il est utile de comprendre le rôle du collège électoral dans le processus de désignation du président des États-Unis.
Contrairement à de nombreuses démocraties où le vote populaire détermine directement le gagnant, le système américain repose sur un processus intermédiaire.
Qu’est-ce que le collège électoral?
Le collège électoral est un corps de grands électeurs qui se réunissent pour élire le président. Lors de l’élection générale, les citoyens ne votent pas directement pour le candidat, mais plutôt pour les électeurs de leur État, qui représentent ensuite leur choix au sein du collège. Chaque État dispose d’un certain nombre d’électeurs, proportionnel à sa population et équivalent à son nombre de représentants au Congrès (Chambre des représentants et Sénat inclus).
Mis en place au moment de la rédaction de la Constitution des États-Unis, le collège électoral visait initialement à équilibrer la représentation des États dans le choix du président. Ce système, inspiré d'une époque où les moyens de communication étaient limités, avait pour but de faire contrepoids aux inégalités de population entre États.
Le processus électoral
Dans les mois qui précèdent l’élection, chaque parti politique désigne une liste de grands électeurs potentiels dans chaque État. Le jour de l’élection, les citoyens votent pour leur candidat préféré, et dans la plupart des États, le parti ayant remporté le plus de voix au niveau de l’État voit sa liste d’électeurs devenir celle qui représentera cet État au collège électoral.
En décembre, ces grands électeurs se réunissent pour voter officiellement pour le président et le vice-président. Théoriquement, ils sont censés voter pour le candidat qui a gagné le vote populaire dans leur État, bien qu’il arrive que certains, appelés électeurs infidèles, dérogent à ce mandat, même si des sanctions sont prévues dans certains États pour les dissuader. En 2016, sept électeurs ont voté contre le choix des citoyens de leur État, sans pour autant influencer le résultat final.
Le nombre de grands électeurs par État varie fortement : la Californie en possède 54, tandis que des États moins peuplés comme le Vermont et le Dakota du Nord n’en ont que 3. Sur 538 grands électeurs au total, un candidat doit en remporter au moins 270 pour être élu président. Dans la majorité des États, le système fonctionne sur un principe de "gagnant emporte tout", où le candidat ayant obtenu le plus de voix dans un État remporte la totalité de ses votes électoraux. Cependant, le Maine et le Nebraska font exception en répartissant leurs voix de manière proportionnelle.
Que se passe-t-il en cas d’égalité?
Bien que rare, une égalité au collège électoral est théoriquement possible. Si les deux candidats atteignent chacun 269 voix, la décision revient alors à la Chambre des représentants, comme stipulé par la Constitution et le 12ᵉ amendement. Dans ce cas, chaque État dispose d’une seule voix, et le candidat qui obtient 26 voix d’État est déclaré président. La dernière fois qu’une telle situation s’est produite remonte à 1824.
Le Congrès se réunit ensuite en janvier pour compter les voix électorales et valider le résultat. Si aucune décision n’est prise avant l’investiture du 20 janvier, le vice-président élu pourrait devenir président par intérim jusqu’à ce qu’un choix soit fait. Parallèlement, le Sénat élit le vice-président, ce qui peut donner lieu à une configuration où le président et le vice-président appartiennent à des partis différents.
Le collège électoral reste un aspect singulier du processus électoral américain, qui suscite régulièrement des débats. S’il permet de représenter tous les États, il peut aboutir à des situations où le candidat élu ne remporte pas le vote populaire, comme ce fut le cas lors des élections de George W. Bush en 2000 et de Donald Trump en 2016.
Qu'est-ce qu'un État Pivot ou Swing State?
Les États pivots, également connus sous le nom de swing states en anglais, sont des États des États-Unis où le soutien aux deux principaux partis politiques, le Parti démocrate et le Parti républicain, est relativement équilibré. Dans ces États, aucune des deux formations ne peut revendiquer une domination électorale constante, ce qui signifie que le résultat des élections y est souvent incertain et peut "basculer" d'un parti à l'autre à chaque scrutin.
Étant donné que certains États votent systématiquement pour le même parti (par exemple, la Californie pour les démocrates ou le Texas pour les républicains), les candidats concentrent leurs efforts sur les États où le résultat est incertain. Les États pivots deviennent ainsi les principaux champs de bataille électoraux, car ils détiennent la clé pour atteindre le nombre magique de 270 grands électeurs nécessaire pour remporter la présidence.
Des États comme la Floride, la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin et l'Ohio sont souvent considérés comme des États pivots. Leur population diverse et leurs tendances électorales fluctuantes en font des terrains où les préférences politiques peuvent changer d'une élection à l'autre. Par exemple, la Floride a voté pour le candidat républicain George W. Bush en 2000 et 2004, pour le démocrate Barack Obama en 2008 et 2012, puis à nouveau pour le républicain Donald Trump en 2016 et 2020.
Les candidats présidentiels adaptent leurs stratégies en fonction de l'importance des États pivots. Ils y investissent davantage de ressources, organisent plus de rassemblements et ciblent leurs messages pour répondre aux préoccupations spécifiques des électeurs de ces États. Les publicités politiques, les visites de campagne et les efforts de mobilisation des électeurs sont intensifiés dans ces régions clés.
le système électoral américain, avec son Collège électoral et l'importance des swing states, est un élément central du système présidentiel aux États-Unis. Comprendre ce système est essentiel pour saisir les enjeux des élections présidentielles américaines et les débats qui les entourent. Alors qu'actuellement se tient l'élection de 2024, ces questions restent au cœur du processus démocratique et de l'attention du public et des médias.
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