Economie
Retour des vols directs Casablanca-Pékin: une opportunité pour le tourisme marocain face à des défis persistants
25/01/2025 - 18:09
Mohammed Fizazi
La Royal Air Maroc (RAM) a repris, mardi, ses vols directs entre Casablanca et Pékin, après une suspension de cinq ans due à la pandémie de Covid-19. Ce rétablissement suscite l’espoir d’une nouvelle dynamique dans les échanges touristiques entre le Maroc et la Chine, un marché en pleine expansion pour le Royaume.
En 2024, le Maroc a enregistré une hausse de 78 % du nombre de touristes chinois, témoignant de l’attrait croissant de la destination. Cependant, malgré cet essor, des obstacles structurels et organisationnels subsistent, limitant le plein potentiel de cette relance.
Achraf Ayoubi, opérateur touristique spécialisé dans le marché chinois, a exprimé certaines inquiétudes: "Le fléau des faux guides chinois est toujours présent. Ils prétendent être des guides touristiques mais n’ont pas les qualifications nécessaires. Ces individus, souvent des commerçants chinois établis au Maroc, se reconvertissent en guides pour accompagner les touristes, en particulier lors des circuits. Ils recourent parfois à des guides locaux pour des visites spécifiques, mais ils monopolisent la gestion des groupes", a-t-il déclaré à SNRTnews
Il a également pointé un problème crucial : le manque de guides nationaux maîtrisant le mandarin. "Les touristes chinois sont exigeants, ce qui pousse certains guides marocains à préférer travailler avec d’autres nationalités. Ce déficit de guides sinophones complique la prise en charge des groupes, surtout avec l’augmentation prévue des visiteurs", a-t-il ajouté.
Pour Mehdi Amgoun, guide touristique national sinophone, l’impact des vols directs est indéniable. "Ce vol direct a un impact positif qui sera visible dans les prochains jours. La demande a déjà augmenté pour cette fin janvier et début février, notamment avec l’arrivée de nombreux groupes pour les vacances du Nouvel An chinois. Cependant, le manque de guides sinophones est un problème majeur. Actuellement, on compte seulement une trentaine de guides marocains parlant mandarin, et une dizaine d’entre eux seulement sont actifs. Ce nombre est insuffisant pour accueillir le nombre croissant de touristes chinois", a-t-il précisé.
Les infrastructures touristiques sont également pointées du doigt. Achraf Ayoubi estime qu’elles ne sont pas à la hauteur des attentes : "Les hôtels et restaurants manquent souvent de capacités adaptées pour accueillir des groupes chinois. De plus, les prix des billets pour les monuments historiques sont élevés, ce qui pousse certains organisateurs à éviter ces visites", a-t-il confié.
Outre les problèmes d’infrastructures, des pratiques illégales viennent compliquer la situation. "Dans certains restaurants chinois, les factures sont réglées directement en Chine via l’application WeChat. Cela échappe totalement aux circuits économiques marocains, ce qui nuit à l’économie locale", a révélé Achraf Ayoubi.
Malgré ces défis, Mehdi Amgoun reste optimiste: "Avec ces vols directs, nous pouvons espérer une augmentation continue du nombre de touristes chinois. Toutefois, pour accompagner cette croissance, il est impératif de recruter davantage de guides sinophones et de mieux organiser le secteur."
Le retour des vols directs entre Casablanca et Pékin représente une avancée importante pour le tourisme marocain. Toutefois, pour en tirer pleinement profit, il sera nécessaire de relever les défis liés à l’encadrement des pratiques illégales, à l’amélioration des infrastructures et à la formation de ressources humaines qualifiées. Le Maroc devra ainsi conjuguer ambition et rigueur pour transformer cet élan en succès durable.

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