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Said Belqola, l'homme qui a emmené le Maroc sur le toit du monde
18/11/2022 - 17:12
Mohamed BerradaLe Qatar abrite cette fin d'année la 22e édition de la Coupe du monde. La compétition, née en 1930 en Uruguay, n'a que très peu sourit au Marocains, avec la première historique en 1970, la seule belle histoire de 1986, la débâcle de 1994, la désillusion de 1998 et la dernière de 2018.
Pour les milléniaux, l'unique souvenir -bon mais amer- reste celui de la France 1998, quand l'équipe de Henry Michel est sortie par la grande porte de la phase des groupes, malgré une victoire 3-0 contre l'Ecosse. Le onze national a payé cher le nul obtenu quelques jours auparavant face à la Norvège, et a fait les frais de la nonchalance du Brésil face à la formation scandinave.
Pourtant, le Royaume était bel et bien présent en finale cette année-là, grâce à "l'homme en noir", qui portait une tenue rouge pour cette finale, tout un symbole. Le 12 juillet au stade de France, Said Belqola, dirigeait avec brio la finale opposant le pays hôte et vainqueur de l'édition au Brésil, champion en titre. Un deuxième symbole, dirons-nous, puisque le destin a voulu réunir les meilleurs footballeurs (joueurs et arbitres) ce soir là à Paris.
La bonne étoile
Said Belqola est né le 30 août 1956 à Tiflet. En parallèle à l'arbitrage, Feu Belqola officiait en tant qu'inspecteur des douanes, basé à Meknès. Il a débuté sa carrière dans le football en tant que... gardien de but, au Widad de Tifelt, avant de laisser tomber ses gants pour le sifflet et les cartons. Il rejoint la ligue de football du Gharb en 1979, et grimpe petit à petit les échelons, pour être promu arbitre international en 1993. Saïd Belqola aura officié au long de sa carrière 80 matchs internationaux. Il a notamment dirigé une autre finale en 1998 à Ouagadougou, théâtre de la Coupe d'Afrique des nations, entre l'Egypte et l'Afrique du sud.
Quelle est la belle histoire derrière la désignation de Said Belqola par la FIFA comme arbitre de la finale de la Coupe du monde 1998? SNRTnews a rencontré un ancien arbitre national, très proche du défunt. Il nous raconte: "D'emblée, Said Belqola était porteur de la bonne étoile. L'élimination du Maroc de la phase de poules et le fait qu'il n'ait jamais arbitré un match de la France ou du Brésil lors de cette compétition ont augmenté ses chances de se retrouver dans la short-list finale".
Une short-list finalement composé de trois noms arabes. "La FIFA a été convaincue cette année-là que le moment est venu de donner leur chance aux arbitres arabes, qui ont été excellents au cours de cette compétition". Le monde arabe était en effet représenté par l'Egyptien Gamal El Ghandour, le Saoudien Abdou Rahmane El Zaid et l'Emirati Ali Bujsaim.
Said Belqola, en compagnie de deux autres arbitres, a suivi un entrainement particulier en parallèle au deuxième tour de la Coupe du monde. " A l'issue de ce stage, il a été informé par Sepp Blater lui-même (le président de la FIFA) de se tenir prêt pour jouer la finale, alors qu'il se reposait au bord de la piscine de l'hôtel".
Un tour d'honneur au Japon
Au stade de France, les tricolores l'ont finalement remporté 3-0 face à la Seleçao de Ronaldo et Rivaldo, malgré l'expulsion par Said Belqola de Marcel Desailly. Le natif de Tifelt a été salué par tous les joueurs présents sur la pelouse.
De retour au Maroc, il a été décoré par Sa Majesté le Roi Hassan II, et a poursuivi sa carrière deux années supplémentaires. Il était d'ailleurs habitué à diriger le derby de Casablanca. Pour l'anecdote, le Raja avait remporté 3-0 le premier derby officié par Said Belqola en 1995, avant que le Wydad ne prenne sa revanche lors de l'ultime derby de Belqola en avril 2001 sur le même score. Sa bonne étoile et le destin ont voulu que Said Belqola ne laisse derrière lui que des heureux.
Après sa retraite, feu Belqola avait été sollicité par la fédération japonaise pour arbitrer et encadrer les arbitres nippons. "A son retour, nous l’avions croisé à l’aéroport Mohammed V. Il nous avait confié qu’il ne se sentait pas bien et qu’il avait des problèmes respiratoires sans en connaitre encore les causes. Belqola croyait que c’était à cause d’un virus contracté lors son dernier déplacement au Congo. Ce n’était que quelques mois après, que sa maladie fut identifiée", détaillent nos confrères de L'Opinion.
Said Belqola est décédé le 15 juin 2002 à l'hôpital militaire Mohammed V à Rabat. Son parcours et sa carrière auront marqué à jamais l'histoire du football marocain, africain et arabe.
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