Société
Tout savoir sur la drogue du violeur
30/11/2024 - 23:45
Khaoula BenhaddouLes affaires de viol se multiplient et ne se ressemblent pas. Manipulation, chantage, violence et utilisation de substances chimiques sont, entre autres, les moyens utilisés par les violeurs pour contraindre leur proie. Parmi les substances utilisées, le GBH sort du lot parce qu’il est rapidement éliminé du corps et donc difficilement dépisté dans le sang de la victime.
La multiplication des affaires de viol noircit les colonnes des journaux. Entre torture, séquestration et utilisation de substances chimiques, les violeurs ne lésinent pas sur les moyens. Pour passer inaperçus, certains violeurs optent pour le GBH, communément appelée la drogue du violeur.
Qu’est-ce que la drogue du violeur?
Depuis plusieurs années, le GBH, tout comme la kétamine, est utilisé dans le milieu de la nuit en raison de ses effets euphorisants.
Contacté par SNRTnews, le psychiatre Hachem Tyal présente les particularités de cette drogue: "c’est un phénomène qui est connu depuis longtemps dans les boîtes de nuit. Dans les années 90, on parlait de la Kétamine. C’est une drogue stimulante qui donne une sensation de force incroyable. Cette substance donne aussi des sensations de légèreté, de flottement et entraine une sédation. La personne qui consomme cette substance n’arrive plus à résister et même pas à un viol. Pire encore, la victime ne se souvient plus de ce qui s’est passé".
Et de poursuivre "cet oubli est encore plus présent avec l'utilisation de ce fameux GHB. Ce produit qui existe en plusieurs formes: poudre, liquide..., passe souvent inaperçu puisqu’il n’a ni couleur, ni odeur. Le violeur peut le verser dans le verre de sa proie qui ne se rendra compte de rien".
Adopté par les violeurs, le GBH est à la base un médicament utilisé pour des fins thérapeutiques; "le GBH est à la base un médicament qu’on utilise pour traiter la narcolepsie mais il a été détourné de son utilisation", explique le médecin.
Après la consommation de cette substance, diluée souvent avec l’alcool, la victime ressent du vertige et perd rapidement contrôle et conscience. Une dose plus importante peut causer des hallucinations, une anxiété extrême, des troubles cardiaques et des problèmes respiratoires. Une surdose de GHB peut entrainer le coma, voire la mort.
Le GBH rapidement éliminé du corps
A part ses dangers sur la victime, le GBH disparait rapidement de l’organisme, ce qui rend le diagnostic difficile; "le GHB reste présent dans le sang et les urines pendant moins de 12 heures. Au-delà de cette durée, il est difficilement détectable. Pour prouver un viol, il faut donc se faire dépister dans les 12 heures qui suivent l’acte, ce qui est compliqué puisque la victime a été droguée et a besoin de temps pour se réveiller et de se rendre compte de ce qui s’est passé".
Disponible chez les dealers, cette drogue représente une vraie menace pour les jeunes filles; "pour se protéger, les filles ne doivent accepter en aucun cas un verre qui est offert par quelqu'un. Ce n’est pas tout, les filles ne doivent pas non plus laisser trainer leur boisson. Elles doivent garder leur verre à la main. Il faut être extrêmement vigilant à cela", conclut Dr Hachem Tyal.
Selon une étude du HCP publiée en 2019, 13% des femmes ont été violentées dans les espaces publics (1,7 millions de femmes), 16% en milieu urbain et 7% en milieu rural. Cette prévalence est prépondérante parmi les femmes jeunes âgées de 15 à 24 ans (22%), les célibataires (27%), les femmes ayant un niveau d’enseignement supérieur (23%) et les ouvrières (23%). 49% des cas de violence commis dans ces lieux sont en majorité imputables au harcèlement sexuel, 32% à la violence psychologique et 19% à la violence physique.
Malgré les campagnes de sensibilisation, le viol reste un sujet tabou et un fardeau lourd à porter. Par honte, par crainte du jugement et du regard de la société et par peur de la vengeance du violeur, les femmes continuent à s’abstenir de dénoncer et de porter plainte.
Toujours selon le HCP, suite à l’incident de violence physique et/ou sexuelle le plus grave subi par les femmes, 10,5 % des victimes de violences contre 3% en 2009 (près de 18% pour la violence physique et moins de 3% pour la violence sexuelle) ont déposé une plainte auprès de la police ou d’une autre autorité compétente. Elles sont moins de 8% à le faire en cas de violence conjugale contre 11,3% pour la violence non conjugale.
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