Politique
100 jours du gouvernement: un bilan globalement positif
19/01/2022 - 14:14
Younes SaouryUne tradition française héritée de Napoléon et copiée par plusieurs pays démocratiques des quatre coins du monde. Le bilan des 100 premiers jours d’un quinquennat est une étape cruciale dans la vie d’un gouvernement, et ce à plusieurs égards: 100 jours est, théoriquement, la période nécessaire pour un ministre de découvrir les dossiers-clés de son département, de s’acclimater avec la sphère gouvernante -plus particulièrement pour les ministres qui assurent pour la première fois une mission gouvernementale-, et d’établir une première stratégie pour son département en concordance avec la vision globale de l’Exécutif.
Le Maroc ne déroge pas à cette coutume. Cette semaine, le gouvernement piloté par Aziz Akhannouch également président du Rassemblement national des indépendants (RNI), a achevé ses 100 jours de grâce, laissant place au bilan.
Respect du timing
Ce dernier est, d’une manière globale, "positif". Le nouveau gouvernement qui compte à son bord trois formations politiques : le RNI, le Parti authenticité et modernité (PAM) et Parti Istiqlal, est passé, depuis sa nomination par SM le Roi Mohammed VI, le 7 octobre dernier, à la vitesse grand V dans le traitement des dossiers à la fois stratégiques et urgents.
Il convient de préciser, de prime abord, que le gouvernement a été formé en un temps record: les tractations entre le président du RNI et les secrétaires généraux des partis politiques représentés au parlement ont duré 13 jours aboutissant à la formation de la coalition gouvernement le 22 septembre dernier et puis à la nomination des membres du nouveau gouvernement par SM le Roi, 15 jours après.
Après, gouvernement et opposition se sont penchés sur la réalisation, l’étude et puis l’adoption de la Loi de finances 2022. Le Projet de loi de finances a été adopté en deuxième lecture à la Chambre des représentants le 6 décembre 2021.
Protection sociale: la généralisation sur les rails
Le gouvernement a poursuivi, non sans panache, le processus de mise en place du méga chantier de la généralisation de la protection sociale, initié par SM le Roi, et dont les premiers jalons ont été posés lors du précédent mandat. Quelques jours après la nomination du nouveau gouvernement, des réunions ont été tenues entre les différentes parties prenantes pour donner plus d’élan à un projet social de grande envergure. L’objectif est de finaliser l’arsenal juridique régissant le domaine de la protection sociale et faire bénéficier les "exclus de la couverture médicale et sociale" de ce privilège.
Ainsi, le Conseil de gouvernement a approuvé 18 décrets spéciaux pour la généralisation de la couverture sociale et des retraites au profit d’un ensemble de catégories sociales, notamment les médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes, ingénieurs, commerçants, etc. Il a aussi approuvé la mise en place d’une commission interministérielle et technique chargée du pilotage de la réforme du système de protection sociale. Cette commission est chargée, entre autres, d’assurer le suivi de la réalisation de la réforme de la protection sociale, la coordination des interventions des différentes parties prenantes et l’application des réformes parallèles à la réforme de la protection sociale.
Après la mise en place de ce cadre juridique, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à qui on a assigné le pilotage du projet, a entamé l’opération d’enregistrement des nouveaux inscrits, en comptant sur ses multiples agences implantées dans les différentes Régions, mais aussi sur des bureaux de proximité accrédités.
La gestion de la pandémie se poursuit
Contexte de pandémie l’exige. La gestion de la pandémie de Covid-19 a constitué l’une des priorités de l’actuel gouvernement. Ce dernier a veillé à l’élargissement des groupes vaccinés avec l’objectif d’atteindre l’immunité collective et de tourner la page de la pandémie. En plus des campagnes de sensibilisation lancées par le ministère de la Santé et de la protection sociale, le gouvernement a décrété un certain nombre de mesures pour inciter les citoyens à se faire vacciner. Dans ce sens, il a été décidé d’interdire l’accès aux espaces publics aux personnes ne disposant pas d’un pass vaccinal, et de réduire à quatre mois, le délai entre la deuxième et la troisième dose du vaccin contre le coronavirus (Covid-19).
En plus du suivi de la campagne nationale de vaccination, le gouvernement veille, sous la conduite éclairée de SM le Roi, à assurer l’autonomie du Royaume en matière de vaccins et de médicaments anti-Covid. D’ailleurs, les autorités sanitaires marocaines ont octroyé l’autorisation de mise sur le marché au médicament Molnupiravir, commercialisé par le laboratoire américain Merck, un antiviral utilisé pour le traitement des cas légers à modérés de la Covid-19.
Éducation: la part belle au dialogue
Le secteur de l’éducation nationale a été marqué par la décision "controversée" de Chakib Benmoussa, concernant le durcissement des conditions d’accès aux concours des académies de formation dans les métiers de l’enseignement, et plus particulièrement la fixation à 30 ans de la limite d’âge d’accès à la profession enseignante. Une décision qui a pour objectif de promouvoir la qualité des services pédagogiques et d’accompagner la mise en œuvre de la loi-cadre relative au système éducatif.
Et pour appliquer cette réforme du secteur de l’enseignement, l’Exécutif a aussi misé sur le dialogue social avec ses partenaires. C’est dans ce sens que le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports a conclu un premier accord avec les 5 syndicats les plus représentatifs d’enseignement portant sur plusieurs revendications des professionnels du secteur. Il s’agit, entre autres, de la mise en place d’un statut unifié qui englobe l’ensemble des catégories des fonctionnaires du ministère, de régler plusieurs dossiers revendicatifs prioritaires, notamment ceux des cadres de l’administration éducative, des conseillers en orientation et planification pédagogiques, des enseignants du primaire et du collégial chargés hors de leur cycle, et des cadres d’enseignement titulaires de diplômes supérieurs ou de doctorat.
Emploi: un budget de 2,25 MMDH pour Awrach
D’autres chantiers ont également été initiés par différents départements ministériels en faveur de l'emploi notamment. Le programme "Awrach" s’inscrit dans cette lignée. Lancée officiellement par le Chef de gouvernement, le 12 janvier, pour être par la suite piloté par Younes Sekkouri, ministre de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, cette initiative a pour objectif de créer 250.000 emplois directs sur la période 2022-20023, moyennant un budget de 2,25 milliards de dirhams.
D'ailleurs, l’Exécutif, qui avait promis dans son programme gouvernemental de créer un million d’emplois dans les cinq années à venir, table, à cet effet, sur l’investissement public. Une ambition confirmée par la Loi de Finances 2022 qui prévoit des investissements records dépassant les 245 milliards de dirhams pour cette année, et donc une grande part a été réservée à la création d’emploi.
Dans cette dynamique, la Commission des investissements, présidée par le Chef du gouvernement a tenu 4 réunions, entre le 23 novembre et le 5 janvier, pour approuver et budgétiser plusieurs projets. Au total, 31 projets d’investissement ont été approuvés par la Commission moyennant une enveloppe de plus de 22 milliards de dirhams et permettant la création de 11.666 emplois directs et indirects.
Agriculture: création du Registre national
Le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural, des eaux et forêts s’est beaucoup activé, depuis la nomination du nouveau gouvernement, pour réaliser les objectifs du Plan Maroc vert et de la nouvelle stratégie «Génération Green 2020-2030». C’est dans ce cadre que le Conseil de gouvernement a approuvé, le 2 décembre 2021, le projet de loi 80.21 portant création du Registre national agricole. Ce projet contribuera à améliorer les outils de pilotage dans le domaine agricole, et à prendre diverses décisions concernant l’établissement et l’actualisation de la stratégie de développement agricole et l’amélioration de sa mise en œuvre et de son suivi.
Tourisme: un plan d'urgence de 2 MMDH
Frappé de plein fouet par la crise sanitaire due à la Covid-19 ainsi que par les décisions du gouvernement de fermer les frontières marocaines aux étrangers, le secteur touristique a bénéficié de l’appui de l’Exécutif qui a prévu un plan d'urgence portant sur un montant de 2 MMDH.
Ce plan comprend cinq mesures. Elles concernent le prolongement du versement de l’indemnité forfaitaire de 2000 dirhams durant le premier trimestre 2022, pour l’ensemble des employés du secteur du tourisme, les transporteurs touristiques et les restaurants classés, ainsi que le report des charges dues à la CNSS pendant 6 mois pour ces mêmes employés.
Il prévoit aussi d’établir un moratoire relatif aux échéances bancaires sur une durée pouvant aller jusqu’à 1 an, pour les hôteliers et les transporteurs touristiques. Les intérêts intercalaires seront pris en charge par l’État pour une période équivalente aux mois de non activité en 2021, ainsi que le premier trimestre 2022.
S'y ajoutent la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle due par les hôteliers en 2020 et en 2021ainsi que l’octroi d’une subvention de l’État au secteur de l’hôtellerie, pour un montant global de 1 MMDH. L’objectif de cette aide est de soutenir l’effort d’investissement (entretien, rénovation, formation…) des hôtels souhaitant se préparer à un redémarrage rapide de l’activité dès la réouverture des frontières.
Articles en relations
Economie
Lifestyle
Politique
Activités royales