Sport
Au bord du gouffre, l'Ittihad de Tanger ne renonce pas à son projet
18/10/2022 - 17:21
Nassim El KerfUne saison compliquée de plus s'ajoute au vécu de l'Ittihad de Tanger au sein de la Botola Pro. Champion du Maroc pour la première fois de son histoire devant le Wydad en 2018, l'IRT peine à retrouver le rythme qui satisfait ses supporters qui font partie des plus exigeants du Royaume. A l'exception de la saison 2018-2019 qui suit celle du sacre, le club du détroit a souvent lutté pour son maintien au-delà de la 20e journée.
Cette saison 2022-2023 devait être celle du début du grand projet avec Badou Zaki aux commandes. Mais parce que le football est avant tout un sport qui ne jure que par les résultats, le plan des Tangérois pour retrouver la voie des titres est déjà tombé à l'eau après 5 défaites de rang en Botola. Pourtant, tout semblait aller dans le bon sens pour l'ancien sélectionneur des Lions de l'Atlas et son groupe, avant le début de saison. Mais au fil des matchs, des signaux négatifs ont commencé à s'accumuler et il a fallu une défaite de trop pour que Badou Zaki soit officiellement remercié.
Manque de cohésion
Badou Zaki pouvait être l'homme qu'il fallait à ce projet, mais ce qui est certain, c'est que le technicien n'a pas de baguette magique qui lui permettra de vite trouver la formule pour la cohésion d'un groupe reconstruit durant le mercato. L'été dernier, l'Ittihad a été l'un des clubs les plus actifs du marché des transferts avec le Raja. Et l'instar du club casablancais, l'équipe peine à trouver son rythme et l'entente entre les joueurs met du temps à prendre forme.
Rien d'anormal quand l'effectif a connu des départs et plusieurs arrivées. Entre joueurs étrangers, joueurs de la région du nord qui est un fief de talents et quelques joueurs de renoms de la Botola, l'effectif a été reconstruit à plus de 70%. Qui plus est, ces mêmes joueurs n'étaient pas tous sur la même longueur d'ondes avec Badou Zaki, nous confie une source proche du club du détroit qui ajoute que les blessures des plusieurs joueurs ont également rendu le début de saison plus difficile.
"Avec Zaki, si le courant passait avec les plus expérimentés, des fois ça bloquait au niveau des plus jeunes ou l'inverse (...) malheureusement, tous les signaux étaient au rouge et cette séparation était inévitable", ajoute notre interlocuteur qui considère que la séparation avec l'ancien sélectionneur des Lions de l'Atlas est un moindre mal pour une plus belle suite. Un constat qui sera confirmé par les prestations sur le terrain des joueurs de l'IRT. Toujours en retard pour gagner leurs duels et leur manque de solidarité se faisait ressentir. Mais est-ce que Badou Zaki avait réellement le temps de mettre en place un véritable projet dans une ville comme Tanger, où la pression des résultats se fait vite ressentir?
Un faux départ
L'ancien portier légendaire des Lions de l'Atlas est un homme de terrain. Après un passage au sein de la direction technique nationale, Badou Zaki a répondu aux sirènes de sa passion ... le banc de touche et la pression des matchs de football, sauf que pour ce coup-là, il s'est peut-être trompé de projet. "L'arrivée de Badou Zaki ne faisait pas l'unanimité. C'est un homme pragmatique, qui a d'emblée annoncé la couleur en annonçant que nous allons jouer le maintien pour préparer une équipe pour la saison à venir (...) malheureusement, nous sommes dans une ville où le moral des gens dépend parfois du résultat de l'Ittihad", nous déclare la même source proche du club en analysant les véritables raison de ce départ prématuré.
En annonçant que le club ne comptait pas jouer les premiers rôles, Badou Zaki espérait calmer les ardeurs des supporters qui espèrent revivre le plus vite possible, l'exploit de 2018. Malheureusement, c'est tout le contraire qui est arrivé. Pis encore, les résultats enregistrés n'ont rien de rassurant, même pour les moins rêveurs des supporters. Le clash entre les deux est vite arrivé. Sur les réseaux sociaux, Badou Zaki était grandement critiqué voire pas respecté. Ni pour son vécu en tant que technicien, ni pour son bagage de gardien légendaire du football marocain. Le respect se dissipait au fil des défaites et c'est malheureusement la dure loi du football.
Un projet dans la durée
"Badou Zaki est parti, mais notre projet s'inscrit dans la durée (...) en plus des blessures des joueurs qui ont freiné son départ, nous avons subi beaucoup de pression de la part supporters impatients de voir leur équipe retrouver la victoire. En tant que dirigeant notre devoir est de trouver cet équilibre difficile entre la construction d'un projet et assurer un minimum de résultat pour rassurer nos supporters", confie Mohamed Ahkane, le président de l'IRT à SNRTNews.
Le patron du club du détroit tient un discours rassurant et promet de trouver le bon remplaçant à la tête du staff technique de son équipe, malgré quelques problèmes financiers auxquels il a dû faire face depuis le début de saison.
"Nous poursuivrons notre projet malgré ce contexte difficile. C'est inévitable malgré les blessures qui ont pénalisé l'effectif (...) malheureusement, dans ce sport, seuls les résultats immédiats comptent aux yeux des supporters et c'est leur droit", ajoute Ahkane qui révèle que le groupe est désormais focalisé sur son prochain match de Botola face au Wydad, ce mercredi (18h15). "Les vrais supporters savent que nous travaillons d'arrache-pied pour assurer l'avenir de ce club. Il y a une urgence de résultats pour tout équilibrer, mais nous savons que nous pouvons compter sur le soutien des Tangérois", a-t-il conclu, en révélant que la séparation avec Badou Zaki s'est faite dans les meilleures conditions, après un long et constructif échange au sein du domicile de l'ancien sélectionneur des Lions de l'Atlas, à Casablanca.
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