Politique
Au Maroc, la sécurité hydrique menacée par un "usage intensif"
23/03/2021 - 14:32
SNRTnewsLe Conseil économique, social et environnemental (CESE) tire la sonnette d’alarme et appelle à entreprendre des mesures urgentes pour remédier à la pénurie hydrique. Dans une nouvelle note diffusée mardi, au lendemain de la Journée mondiale de l’eau célébrée le 22 mars de chaque année, l’institution présidée par Ahmed Reda Chami alerte sur la situation hydrique du Maroc.
"La demande en eau au Maroc est aujourd’hui supérieure à la quantité disponible en ressources annuelles renouvelables d’eau douce. La sécurité hydrique devient, par conséquent, une priorité pour le Maroc aujourd’hui et pour les années à venir", relève le CESE. "Menaçant de générer de l’instabilité sociale et d’aggraver les inégalités territoriales, elle nécessite une réponse politique urgente et devrait être considérée par le Maroc comme l’un des principaux garants de la paix sociale au niveau du pays et un facteur de soutenabilité et de résilience de son futur modèle de développement. Cette réponse doit émaner d’une politique à la fois protectrice et valorisante de la ressource, mais également novatrice et inspirée des meilleures pratiques en matière de gouvernance", estime le conseil.
#ChnouLm3moul pour assurer la sécurité hydrique au Maroc ? Il y'a lieu d’agir en urgence !
— CESE Maroc (@CESEMaroc) March 23, 2021
Pour + d'infos consulter notre alerte sur le sujet : https://t.co/fwgkSaZlVL#ChnouLm3moul #stresshydrique #securitehydrique pic.twitter.com/sKDtwXlvn5
Selon ce dernier, l’eau est une ressource vitale qui se fait de plus en plus rare dans notre pays. "Un pays est considéré en situation de pénurie hydrique lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1.000 m3 /habitant/an. Au Maroc, la situation est encore plus alarmante puisque ses ressources en eau sont actuellement évaluées à moins de 650 m3 /habitant/an, contre 2500 m3 en 1960 et devraient baisser en deçà de 500 m3 à l’horizon de 2030", rappelle le CESE.
Surexploitation
Les changements climatiques pourraient, en effet, provoquer la disparition de 80% des ressources d’eau disponibles au Maroc dans les 25 prochaines années. "En dépit de sa rareté, l’eau continue d’être surexploitée et gaspillée. Malgré l’extrême gravité de la situation, la surexploitation des ressources en eau, notamment des nappes souterraines, s’accentue dans notre pays, faisant fi des autorisations imposées par la loi, alors que les pouvoirs publics sont dans l’incapacité de mettre en place des moyens de contrôle efficaces. Certaines villes marocaines ont connu ces dernières années, des manifestations récurrentes de ‘la crise de la soif’, au moment où l’eau potable continue d’être utilisée dans d’autres villes pour l’arrosage des espaces verts et de certains projets touristiques, sans omettre les formes de consommation non soutenables appliquées dans l’agriculture", déplore le conseil.
Le CESE estime qu’aujourd’hui, il est nécessaire "d’agir en urgence pour assurer la sécurité hydrique du Maroc". Si aucune mesure n’est prise pour y remédier, le "caractère irréversible de la raréfaction des ressources hydriques au Maroc s’accentuera davantage".
Dans sa note, le conseil propose des "mesures de sensibilisation urgentes pour agir sur le comportement des usagers", à commencer par la conception et la mise en œuvre d’une stratégie de communication pour sensibiliser les collectivités territoriales, les acteurs économiques et les citoyens, entre autres, sur "l’importance capitale d’adopter des comportements éco-responsables à l’égard de l’eau".
Le CESE préconise aussi de "rompre avec la pratique d’arrosage des espaces verts publics, des structures sportives et des parcs de loisir avec l’eau potable par un recours systématique à la réutilisation des eaux usées". Il recommande aussi de "systématiser" l’audit et la détection des fuites pour hisser le rendement de l’adduction et de la distribution de l’eau dans les villes au niveau des standards internationaux, ainsi que l’étude d’impact et d’efficacité hydrique pour les projets d’investissements notamment dans l’agriculture, l’industrie et le tourisme.
Il faut aussi, selon le CESE, entamer une réforme profonde de la tarification nationale et locale de l’eau, mettre en place un référentiel national de la comptabilité de l’eau qui reflète les coûts réels de l’eau par bassin hydraulique versant, accélérer le recours massif aux ressources hydriques non conventionnelles, notamment à travers la généralisation du dessalement de l’eau de mer pour les zones côtières et la réutilisation des eaux usées épurées.
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