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Ayoub Qanir: "La suite du tournage de «Daria» dépend de l’évolution du conflit russo-ukrainien"
09/03/2022 - 07:00
Khaoula BenhaddouAyoub Qanir n’est plus à présenter. Ce cinéaste explorateur s’est démarqué depuis quelques années par la qualité de ses films. Après la Mongolie, le Japon et l’Islande, le réalisateur choisit la Russie pour tourner son nouvel opus «Daria». Hélas, après l’éclatement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, la seconde partie du tournage dépendra désormais de l’évolution de cette crise. Interview
Parlez-nous de l’histoire de votre film «Daria»
Il y a à peu près 3 ans de cela, quand un scénariste Américain d’origine Ouzbek, né durant l’union soviétique d’ailleurs, m’a présenté un pitch, une idée de scénario. L’invité Secret était le titre d’un portrait d’une femme Russe qui vivait en solitude. Depuis ce temps, on a travaillé ensemble sans arrêt afin d’aboutir à ce qui est devenu aujourd’hui le scénario de Daria.
L’histoire d’une femme forte de caractère et stoïque qui repousse son voisinage dérangeant avant qu’un garçon d’origine Tchéchène ne trouve refuge dans sa ferme. Le tout sous fond des tensions géopolitiques entre la Russie et la Tchétchénie des débuts du 21ème siècle. Notamment, la prise d’otages de Moscou par les indépendantistes Tchétchènes le 23 octobre2002.
Vous avez commencé le tournage du film en Russie. Était-ce facile de tourner dans ce pays? Où en êtes-vous actuellement?
La production entière était à la fois infernale et esquisse. Précisément, ce que l’on recherche comme aventure cinématographique dans un nouveau pays et nouvelle culture, comme l’est la Russie. Au début, nous ne pensions pas que le gouvernement russe nous permettrait de filmer une partie aussi controversée de l’histoire. Cependant, après avoir développé le film pour une production en Moldavie, en Estonie et en Lituanie, il était devenu clair que si nous voulions capter l’authenticité ainsi que l’essence russe, sa culture et la splendeur de sa nature, nous devions tourner en Russie. Ceci dit, Il nous reste énormément de travail pour terminer le film. On espérait achever la seconde partie du tournage cette année en Russie, mais cela dépend désormais de l’évolution du conflit dans la région…
La guerre a éclaté entre la Russie et l’Ukraine, avez-vous senti ces tensions lors de votre tournage, et allez-vous pouvoir tourner les prochaines scènes en Russie malgré les circonstances actuelles?
Du tout, en fait l’expérience était inoubliable et bien détendue. Un sentiment de sécurité à tout moment. Durant notre tournage, l’ambiance était tellement positive que l’on avait déjà commencé à planifier notre retour pour la deuxième partie du tournage. A aucun instant, nous n’avions senti la moindre tension ou insécurité. Bien sûr, les choses ont radicalement changé depuis notre départ en décembre. Nous sommes en constante communication avec nos collaborateurs qui nous expriment que la situation s’est fortement dégradée. Espérons que le conflit se termine car il n’y a aucune des parties civiles qui se réjouit en ce moment. La finition de notre film est secondaire, mais espérons pouvoir y retourner.
Vous avez tourné vos films en Mongolie, en Islande et au Japon, pourquoi le choix de ces destinations?
En tant qu’artiste et cinéaste, j’ai cette envie forte d’explorer tout autant que de partager les structures anthropologiques d’autre pays et cultures. Avec le temps, j’ai développé́ une fascination pour la capacité́ de l’être humain à organiser et partager le savoir, au fil des générations, aboutissant à des systèmes culturels, sociaux et spirituels. L’esprit de mon initiative est celui d’un cinéaste-explorateur ; la possibilité de découvrir des mondes, des textures et des coutumes d’autres cultures. Par conséquent, extraire ainsi une œuvre d’art de mon expérience, à travers le septième art. Chose pour laquelle je suis extrêmement reconnaissant.
A quand un tournage au Maroc?
Bientôt, j’espère. Nous avons plusieurs projets marocains en développement. Notamment une petite histoire qui se déroule dans les montagnes de l’Atlas qui s’intitule «Les Enfants de NosTerres». Espérant qu’on puisse décrocher le soutien du Centre cinématographique marocain sur un de ces projets.
Peut-on dire que vous êtes un réalisateur universel?
Je propose tout simplement un autre cinéma. Un cinéma d’autres mondes et différent de ce que l’on est habitué au Maroc. Une sphère sociale et culturelle a besoin de diversité d’opinions et de perspectives. J’essaie tout simplement de présenter un autre point de vue. D’autre part, je ne suis pas le seul. Une nouvelle génération de jeunes cinéastes marocains s’engage de plus en plus dans le cinéma abstrait, expérimental ou même étranger. On en a besoin !
Comment évaluez-vous la scène cinématographique au Maroc?
Le cinéma marocain se réjouit d’énormément de créativité et de puissance. Particulièrement des réalisateurs comme Nabil Ayouch, Hicham Lasri ou bien même la star montante, Sofia Alaoui, qui est en ce moment une réalisatrice marocaine avec une présence et idéologie visuelle importante, avec son court-métrage distingué Qu’importe si les bêtes meurent que j’ai extrêmement apprécié. A suivre de très prêt !
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