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Azzedine Ounahi: magie, effort et discipline
17/12/2022 - 14:23
Nassim El KerfAprès des débuts plutôt timides contre la Croatie et la Belgique, Azzeddine Ounahi, le milieu de terrain des Lions de l'Atlas, s'est clairement illustré face au Canada, mais surtout lors du match historique contre l'Espagne en huitièmes de finale.
"J'ai été agréablement surpris par le numéro 8. Je ne me rappelle plus de son nom, j'en suis désolé...", a répondu Luis Enrique en conférence de presse au sujet des joueurs marocains qui l'ont éliminé des huitièmes de finale de la Coupe du monde. Le nom d'Ounahi a été soufflé, ensuite l'ancien sélectionneur de l'Espagne s'est exclamé: "Mon Dieu, d'où sort ce gars? Il joue vraiment bien! Il m'a surpris". La vidéo de cette réponse a fait le tour du monde, un témoignage si fort d'un si grand technicien mondialement reconnu, c'est assez pour donner toute la confiance nécessaire au milieu de terrain des Lions de l'Atlas, qui a vu sa popularité monter en flèche.
Pourtant, rien n'a été simple pour Azzeddine. Face à la Croatie et son trio du milieu capable d'étouffer tous les joueurs du monde, composé de Brozovic, Kovacic et Luka Modric, Ounahi n'a pas pu s'exprimer comme il sait le faire. Ses forces, qui sont sa conduite de balle, son coup de rein, son explosivité, sa vision de jeu et son altruisme ont été muselées par les Croates. En perdant quelques ballons en essayant de jouer vers l'avant, le numéro 8 des Lions (22 ans) a vite perdu confiance pour s'effacer au fil des minutes.
Défensivement, il a essayé de ralentir les attaques adverses en coupant les lignes de passes, mais physiquement, on sentait un joueur en-deça de ses adversaires.
Contre la Belgique en revanche, Ounahi avait un peu plus d'espaces pour s'exprimer. Il a su se rendre disponible pour ses coéquipiers malgré le pressing des adversaires comme Witsel et Kevin De Bruyne, qui l'ont constamment harcelé dans sa propre moitié de terrain. Loin d'être assez en confiance pour oser prendre des initiatives, il s'est contenté de jouer juste et de servir ses coéquipiers les plus proches.
En prenant ses marques enfin, mais pas trop tard dans cette Coupe du monde face aux Belges, Ounahi a profité des largesses au milieu de terrain canadien pour se régaler et retrouver toutes ses sensations lors du 3e match de groupe. Présent à la récupération pour épauler Sofyan Amrabat, Ounahi donnait surtout le tempo. Au milieu de terrain, c'était surtout lui l'accélérateur de l'équipe pour distribuer les ballons à Ziyech et Boufal qui se retrouvaient souvent en un contre un pour faire la différence.
Sa conduite de balle particulière et si rare dans le football aujourd'hui, ses dribbles et crochets avec sa semelle envoûtent les adversaires. En essayant toujours de jouer vers l'avant, Ounahi fait toute la différence par rapport à ses compères au milieu de terrain et prend beaucoup de confiance malgré son physique péjorativement décrit de "gringalet" et "maigre" pour le haut niveau par ses détracteurs.
Ounahi a répondu à tout ce beau monde de la meilleure des manières... sur le terrain. Malgré les premières prestations moyennes, il a su rebondir et garder la confiance de son sélectionneur qui a aussi protégé l'un de ses maîtres à jouer.
Face à l'Espagne, pour son meilleur match, Ounahi a couru plus de 14,6 kilomètres lors des 120 minutes, c'est plus que tous ses coéquipiers. Et Ounahi est loin d'arrêter de faire parler de lui.
Des clubs de Ligue 1 s'intéressent aujourd'hui au joueur d'Angers qui a joué 15 matchs sur 16 possibles cette saison en faisant partie des joueurs les plus utilisés par son club. Un belle revanche et une plus belle confirmation, après son éclosion face à la République démocratique du Congo, au match barrage du Mondial avec don doublé dont un exceptionnel but qui restera gravé dans les mémoires.
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