Politique
Ce que disent les études de l’Intérieur sur le cannabis
04/05/2021 - 17:10
Ghita IsmailiAbdelouafi Laftit a présenté mardi, devant les membres de la commission de l’Intérieur à la chambre des représentants, un exposé sur les "conclusions des études réalisées sur l’impact du développement du cannabis".
Le 22 avril dernier, lors de la présentation du projet de loi sur l’usage légal de cette plante au Maroc, le ministre de l’Intérieur affirmait que des études avaient déjà été réalisées au niveau national pour mesurer les bénéfices économiques et sociaux de la légalisation de "certaines de ses utilisations". Le président du groupe parlementaire du PJD Mustapha Ibrahimi avait alors demandé à consulter ces études.
Dans son exposé, le ministre a présenté des données et chiffres inédits sur la culture du cannabis au Maroc. Celle-ci est "pratiquée dans les régions du nord, à Al Hoceima, Chefchaouen, Ouazzane, Taounate, Larache et Tétouan". Mais depuis 2003, année pendant laquelle une étude sur le cannabis au Maroc avait été réalisée en collaboration avec le royaume par l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime, la surface dédiée à cette culture a "diminué significativement".
400.000 cultivateurs
Les superficies cultivées sont passées de près de 120.000 hectares au début des années 2000 à environ 50.000 hectares ces dernières années. Selon le dernier recensement national réalisé en 2016, les terrains de moins d'un hectare représentent environ 80% du nombre total de surfaces exploitées. Chaque agriculteur cultive en moyenne 25,1 hectares de surface. La plupart des surfaces exploitées appartiennent aux terres collectives ou au domaine forestier qui a été détruit.
Selon l’Intérieur, le nombre de personnes exerçant cette culture encore illégale est estimé à environ 400.000, ce qui équipait à environ 60.000 familles. Le revenu net lui est compris entre 16.000 et 75.000 dirhams par hectare. "Cependant, ces revenus ont connu une baisse ces dernières années", souligne le ministère.
Les revenus agricoles totaux sont passés d'environ 500 millions d'euros au début des années 2000 à environ 325 millions d'euros actuellement, alors que les transactions relatives au cannabis avec l’Europe sont passées de 12 milliards à 8,10 milliards d'euros. "Par conséquent, l'agriculteur traditionnel est exploité par les réseaux de contrebande, puisqu'il ne perçoit que 3% du volume de ces transactions", explique le ministère.
Des opportunités économiques
Le ministre a par ailleurs rappelé que la législation actuelle en vigueur ne permet que la culture du cannabis à des fins médicales, citant le dahir du 2 décembre 1922, portant règlement sur l’importation, le commerce, la détention et l’usage des substances vénéneuses. Mais depuis l’adoption du dahir 1954, toutes les activités liées au chanvre ont été interdites. Pourtant, "nous constatons que de nombreux produits cosmétiques et alimentaires, pour la plupart importés, sont vendus dans les pharmacies, commerces et en ligne", a relevé le ministre.
Vu les expériences internationales dans ce domaine et la "grande expérience que notre pays a dans le domaine agricole", le Maroc a de "fortes opportunités" pour faire de cette culture un succès, tout en respectant l'environnement. Ces opportunités seront soutenues en motivant l'agriculteur pour lui permettre d'améliorer ses revenus et son statut social.
En somme selon le ministère, le développement du la culture du cannabis au Maroc permettra de réduire les risques liés à la contrebande et à la consommation de drogue, ainsi que ceux liés à la santé des citoyens et à l'environnement, assure-t-on en conclusion. Et de préciser : "sur le plan économique, le développement de cette chaîne de production permettra à notre pays de devenir un exportateur de produits médicaux, pharmaceutiques et industriels au lieu d'en rester un importateur en devises".
Articles en relations
Société
Politique
Politique