Economie
CGEM : « Il n’y a pas de baguette magique » pour éradiquer le secteur informel
12/02/2021 - 11:36
Imane BenichouComme il fallait s'y atteindre, la conférence de presse organisée jeudi 11 février 2021 par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) pour présenter les priorités du patronat, s'est penché sur le secteur informel, cet «autre sujet crucial», selon les mots utilisés par son Président, Chakib Alj. Actualité oblige. « En plus des impacts sur l’économie, la tragédie de Tanger qui a coûté la vie à 29 personnes nous rappelle le danger quotidien que représente le secteur de l’informel sur la sécurité de nos concitoyens. Pour que la relance post-Covid soit saine et durable, il faut impérativement réduire l'écart entre le formel et l’informel », a-t-il affirmé dans son allocution d’ouverture.
«Nous avons constaté qu’il s’agit d’un frein au développement de l’économie. Les actions menés pour éradiquer le non formel sont considérables mais pas suffisantes. Nous avons commencé ce travail avec la Comité de Veille Économique (CVE) et nous tenons à maintenir cette dynamique pour trouver des solutions. Il n’y a pas de baguette magique. Ces gens-là doivent travailler. Il faut trouver le juste équilibre», a dit Chakib Alj dans une déclaration à SNRTnews.
L'Etat se doit, selon le patronat, d'inciter ces unités à sortir de l'informel. «On ne dit pas qu’il faut fermer tout ce qui est clandestin. Le petit informel ne dérange pas. Le grand informel, c'est ce qui pose problème à l’économie », a plaidé le président de la CGEM. Pour y parvenir, le patronat propose une Task force en collaboration avec les autorités afin d’éradiquer ce fléau
Le président du CGEM a alors rappelé que l'économie informelle impacte 54% du poids du secteur textile-habillement, faisant référence à l’étude publiée par la CGEM en 2018 sur la place qu'occupe le secteur informel. « Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. La crise a démontré l’ampleur du secteur informel. Aujourd’hui, 4,3 millions de familles travaillent dans le secteur informel et bénéficient du soutien du fonds spécial Covid. Il va falloir amener ces gens à venir de l’informel vers le formel. Il faut leur trouver du travail et faire bouger graduellement cette transition, de manière à ce qu’il n’y est pas de rupture », a-t-il proposé.
Les répercussions du secteur informel, selon M. Alj, sont connues de tous et s’aggraveront davantage, s'il n'y pas en urgence de mesures concrètes et courageuses comme la généralisation de la couverture sociale, demandée par SM le Roi. « Seule une volonté politique forte peut donner des résultats concrets», a-t-il lancé au début de la Conférence.
Parmi les six priorités du patronat pour l’année 2021, présentées par le Vice-président général de la CGEM, Mehdi Tazi, il y a « la nécessité d’un engagement national (Public et Privé) pour intégrer de façon assumée le petit informel et éradiquer ce grand fléau ». Cette priorité implique l’élargissement de la couverture sociale et l’inclusion financière pour le petit informel. Il s'agit aussi d’éradiquer la rente, renforcer l’action douanière au niveau des frontières (contrebande), lutter contre la corruption, pénaliser le trafic des fausses factures et accompagner l'intégration des unités de production informelle dans le cadre légal en respectant les réglementations spécifiques de chaque secteur.
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