Société
Comment faire face à l’impact psychologique du couvre-feu nocturne?
11/04/2021 - 09:58
Malak BoukhariAvec l’instauration du couvre-feu nocturne de 20h à 6h00 durant le mois de ramadan, les Marocains voient leurs habitudes chamboulées de fond en comble. Les soirées ramadanesques qui se prolongent dans les cafés et autres espaces publics ne seront "malheureusement" pas à l’ordre du jour en raison de cette nouvelle mesure prise par le gouvernement mercredi 07 avril pour endiguer la propagation de la Covid-19.
Être privé de ces moments de convivialité, particulièrement chéris pendant ce mois sacré, n’est pas sans conséquence pour la santé psychologique des personnes. Il est donc primordial de trouver une échappatoire pour profiter pleinement des joies de ce moment spécial de l’année même en ces temps difficiles.
Après le repas du ftour, il y a plusieurs rituels qui se mettent en place, entre soirées spirituelles, promenades, et retrouvailles avec des proches ou des amis dans les cafés et restaurants, "tout cela permet de mettre en pratique nos habiletés communicationnelles, de décharger les tensions et de continuer à intégrer les normes sociales" affirme à SNRTnews Ghizlaine Ziad, psychologue clinicienne.
Les citoyens marocains sont pour la deuxième année consécutive, appelés à faire des concessions pendant ce mois sacré. Pour Ghizlaine Ziad "cela aura forcément un impact psychologique. La frustration sera sans doute exacerbée, la violence qui va avec aussi. De même pour les sentiments d'isolement qui dépriment davantage et poussent au pessimisme".
Si cette épreuve s’avère difficile à surmonter, il faudrait néanmoins essayer de voir la moitié pleine du verre, "des dégâts psychologiques sont rarement définitifs, alors que des séquelles de la Covid-19 le sont", précise notre interlocutrice.
"Dans pareille situation il est important de ne pas gaspiller son énergie en buttant contre quelque chose que l'on ne peut pas changer, mais plutôt de chercher un compromis. Il est important de maintenir des liens sociaux dans la mesure du possible et de s’adapter" conseille-t-elle.
Pour se libérer des émotions négatives, Ghizlaine Ziad recommande de pratiquer un peu de sport, qui d’après elle "reste toujours un allié de taille pour lutter contre la déprime, les sentiments d'impuissance ou d'inaction et pour décharger les tensions accumulées dans le corps". Un bon conseil pour ceux et celles qui ont la possibilité de pratiquer du sport à domicile.
La patience et la résilience sont deux choses essentielles qui doivent épauler les Marocains pendant ce couvre-feu qu’ils perçoivent comme une "privation de liberté". Au sein des familles, cela peut-être l’occasion de "communiquer différemment, réparer certaines carences voire redonner un nouveau souffle à la dynamique familiale" nous explique Ghizlaine Ziad. "Les soirées vont être longues mais peuvent être investies comme de vrais moments de qualité en famille, autour d'un jeu de cartes, d'un film consciencieusement choisi, d'une discussion un peu plus intime que d'habitude" poursuit-elle.
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