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Conflit: le Brésil en alerte en raison d'une éventuelle pénurie des engrais
03/03/2022 - 21:30
MAP"Des sources gouvernementales brésiliennes de haut niveau ont été informées que la vente d'engrais de la Biélorussie au Brésil avait été interrompue", a rapporté le site d’information G1, qui note que ce pays qui est impliqué dans les opérations militaires russes en Ukraine, fournit 6,1% des engrais utilisés par l'agro-industrie brésilienne. L'interruption est due à la fermeture de la frontière avec la Lituanie, membre de l'Union européenne, via laquelle transitent les engrais de Biélorussie.
La situation est d’autant plus délicate que le principal fournisseur d’engrais à la première économie brésilienne, largement dépendante de son secteur agricole, n’est autre que la Russie, avec 23 %.
Le ministère de l'Agriculture a expliqué que les restrictions à l'importation d'engrais en provenance de la Biélorussie ont commencé fin 2021, soulignant qu’il a œuvré à diversifier ses fournisseurs et devrait lancer le Plan national des engrais dans les prochains jours. La Maison civile (primature) analyse si ce plan, que le gouvernement veut publier en mars, sortira sous forme de décret ou de projet de loi.
En raison de l'interdiction, le gouvernement craint une escalade du prix des engrais sur le marché brésilien, avec un impact conséquent sur les prix des denrées alimentaires qui connaissent déjà une inflation historique.
L'inquiétude des autorités brésiliennes concernent également la production d'engrais dans une usine située à Três Lagoas, dans l’état du Mato Grosso do Sul, vendue il y a moins d'un mois par Petrobras à une société russe.
Le président brésilien, Jair Bolsonaro, a annoncé, mercredi, que son pays "court le risque" de manquer de potassium en raison du conflit armé entre la Russie et l'Ukraine, assurant que l'exploitation minière dans les réserves indigènes de l'Amazonie résoudra ce problème.
L’exploitation minière en Amazonie est néanmoins un sujet sensible qui suscite toujours une levée de bouclier chez les écologistes et la communauté internationale.
En 2021, la Russie était le principal fournisseur de chlorure de potassium au Brésil, avec un montant de 1,4 milliard de dollars (34 % du total) et le deuxième en volume, avec 3.840 tonnes (29% du total), selon des données de la plateforme Logcomex.
Le ministère de l'Agriculture a fait observer que le Brésil est le quatrième consommateur mondial d'engrais et importe environ 80 % de ses besoins. Entre janvier et novembre 2021, selon l'Association nationale pour la distribution des engrais (Anda), le Brésil n’a produit localement que 6,3 millions de tonnes d'engrais intermédiaires.
Anda a également souligné un autre motif de préoccupation: la négociation des engrais azotés, en particulier le nitrate d'ammonium. "L'agro-industrie brésilienne importe un volume important de Russie. En ce qui concerne les phosphates, la dépendance vis-à-vis de l'Europe de l'Est est moindre, ce qui atténue les impacts d'approvisionnement pour la récolte en cours", a ajouté la même source.
En 2021, les producteurs brésiliens ont utilisé l’équivalent de 15,1 milliards de dollars d'engrais. Au total, 41,6 millions de tonnes ont été importées, d’après des données du ministère de l'Economie .
Le plus gros volume importé est venu de Russie : 9,2 milliards de tonnes, ce qui représente environ 23% du total importé par le Brésil l'an dernier. Arrivent ensuite, en termes de volume, la Chine (15%), le Canada (10%), le Maroc (7%) et la Biélorussie (6%).
Au regard de cette situation, le président Jair Bolsonaro a invité le parlement a prendre des mesures qui "nous évitent de dépendre de l'extérieur", alors que le pays dispose de ressources en abondance.
Selon le président, la législation environnementale, les peuples indigènes et les droits d'exploitation en Amazonie sont les "trois problèmes" qui empêchent le Brésil de tirer profit de son propre potassium.
"Notre projet de loi 191 de 2020, permet l'exploitation des ressources minérales, hydriques et organiques sur les terres autochtones. Une fois approuvé, l'un de ces problèmes est résolu", a-t-il ajouté.
L'exploitation des ressources en Amazonie et la fin de la délimitation de nouvelles réserves indigènes étaient des promesses de la campagne présidentielle du leader d'extrême droite.
Dans le cadre de la recherche d’alternatives, la ministre de l'Agriculture, Tereza Cristina, vient de programmer une visite, le 12 courant au Canada, quatrième fournisseur d'engrais en 2021.
L'objectif est de contourner une éventuelle pénurie d'engrais, dont le Brésil ne dispose que d’un stock suffisant pour trois mois seulement. La ministre a néanmoins assuré qu’il est "trop tôt" pour définir l'impact que la crise aura sur les importations d'engrais, notant qu’"il n’y a pas raison de paniquer".
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