Société
Covid-19: quelles leçons retenir des quatre vagues?
12/08/2022 - 09:00
Mohamed BerradaLe ministère de la Santé et de la Protection sociale a annoncé, ce mardi 9 août, la fin de la deuxième vague Omicron, " après deux semaines consécutives de niveau de vigilance "vert faible" de la circulation communautaire du Covid-19 et le début de la phase post-vague ou la quatrième période intermédiaire ", selon les termes de Mourad Mrabet, le coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique.
Une vague que le Maroc aura donc traversé alors que la vie est revenue "à la normale", depuis quelques mois. Malgré la réouverture des frontières et le retour des touristes et MRE, la circulation libre entre les régions, le retour du public dans les stades de football, la reprise des festivals et concerts et l’éloignement de la population des mesures barrières, l’impact de cette vague a été relativement faible. Elle a en effet connu " une baisse de 76% du nombre de cas graves ou critiques dans les services de réanimation pour s’établir à 999 cas, contre 4.201 qui ont été admis pendant la même période durant la 1ère vague d'Omicron". Par ailleurs, un total de 931 cas graves a été évité pendant la vague actuelle et ce grâce à la campagne nationale de vaccination. Concernant les cas de décès, ils ont atteint 182 au cours de cette vague, contre 1.182 durant la 1ère vague d'Omicron, soit une baisse de 85% par rapport aux deux vagues.
Main de fer dans un gant de velours
Quelles sont donc les leçons à retenir des quatre vagues ? Joint par SNRTNews, le Pr. Jaafar Heikel, spécialiste en maladies infectieuses et professeur d'épidémiologie à l'UM6SS, loue la stratégie de l’Etat de sa gestion de ces quatre phases, la qualifiant de "main de fer dans un gant de velours". Pour lui, la clé du succès demeure dans la capacité des autorités à adapter leurs décisions en fonction de la situation épidémiologique.
"Le Maroc est un cas d’école important et excellent à enseigner. Durant la première vague, nous nous sommes adaptés au contexte mondial avec toute son incertitude et la peur qui régnait à l’époque. Le Maroc avait alors entrepris toutes les mesures barrière dont un confinement de 94 jours. Cela a permis d’éviter une saturation du système de la santé de manière globale ". Par ailleurs, ajoute l’épidémiologiste, le partenariat public-privé dans la santé a été probant, et l’Etat a su optimiser son aide adressée à la population et aux entreprises grâce aux orientations royales et assurer la disponibilité des masques et des médicaments.
Durant la deuxième vague, ajoute le Pr. Jaafar Heikel, les autorités ont été devant l’obligation d’imposer des mesures strictes, sans pour autant revenir au confinement, devant le relâchement de la population. Des couvre-feux et des interdictions de déplacement ont été instaurés, ce qui a permis de limiter l’impact de la pandémie sur le plan sanitaire et de maitriser le taux de létalité, qui n’a jamais dépassé 2%. "Certaines décisions fortes ont déplu à la population, mais ont été logiques vis-à-vis du contexte épidémiologique. Il y a eu certes un excès de prudence, mais les quarte phases ont été globalement gérées rationnellement ce qui a conduit au retour de la vie normale aujourd’hui" se félicite-t-il.
Comment s’explique le faible impact sanitaire des deux vagues Omicron, que le Maroc a traversées dans des conditions de vie normale ? " La réussite de la stratégie inclut également la disponibilité du vaccin qui a réduit les risques d’hospitalisation et de cas graves", estime tout simplement le professeur.
Même aujourd’hui, ajoute-t-il, notre pays garde à l’esprit l’importance de la surveillance épidémiologique et a compris la nécessité de garantir la résilience du système de la santé. "C’est ce qui a conduit le Roi Mohammed VI à appeler le gouvernement à penser à la refonte du système de santé pour que nous puissions nous inscrire dans la souveraineté sanitaire et dans la capacité à réagir de façon autonome pour protéger la population".
Est-ce la fin de la pandémie ? Certainement pas, conclut Jaafar Heikeil. "D’autres variants pourront arriver. La leçon à retenir: il faut savoir vivre avec le virus, améliorer certains comportements humains comme les mesures d’hygiène et utiliser les stratégies préventives comme la vaccination, surtout pour les personnes vulnérables".
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