Société
Des boues noires et brunes à l’Oued Bouregrag annoncent une catastrophe écologique
18/03/2021 - 22:30
Imane BenichouDepuis quelques jours, des boues épaisses noires et brunes stagnent à la surface de l’Oued Bouregrag, dégageant des odeurs persistantes et intenables. Cette situation a suscité de vives inquiétudes parmi les habitants de la capitale Rabat et de sa jumelle Salé, qui crient, sur les réseaux sociaux, à une catastrophe écologique et sanitaire et tirent la sonnette d’alarme pour une action en urgence.
Interpellé par SNRTnews, Omar El Hayani, le conseiller de la FGD (Fédération de la gauche démocratique), qui craignait depuis 2019 une catastrophe écologique à la vallée du Bouregrag approvisionnant en eau potable la zone côtière Rabat –Casablanca, souligne que la pollution et les odeurs proviennent des bassins de lixiviats qui se trouvent à la décharge de "Oum Azza". Cette dernière dispose, en effet, d’une capacité de traitement de 850.000 tonnes de déchets par an provenant de 13 communes de la région de Rabat-Salé-Skhirat.
"Un des bassins de la décharge s’est effondré, et s’est déversé dans l’Oued Akrech qui est un des affluents du Bouregrag", a-t-il précisé. El Hayani a, par ailleurs, souligné que cette situation engage la responsabilité d’une multitude de parties, à savoir l’Etablissement de coopération intercommunale (ECI) Al Assima qui gère la décharge de Oum Azza, l'Agence du bassin Hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia et la wilaya de Rabat.
En juillet 2020, le contrat de gestion du centre d’enfouissement et de valorisation (CEV) d’Oum Azza, par la filiale marocaine Teodem de la société française Pizzorno Environnement avait été résilié par l’ECI Al Assima. Les causes restent inconnues. Des sources concordantes évoquent ce problème de lixiviat qui impacte les eaux souterraines.
Pour sa part, l’adjoint du maire de Salé et l’élu PJD de la ville, Abdellatif Soudou, avait annoncé samedi dernier, via une publication Facebook, avoir effectué une visite de terrain pour comprendre ce qui se passe exactement.
"J'ai trouvé l’endroit du déversement des eaux polluées dans la rivière, près de la région de Akrech. Jusqu’à présent, rien n’est clair. J'ai suivi le cours d'eau polluée. Je n'ai toujours pas trouvé la source", avait-il annoncé.
"Je ne veux pas tirer de conclusions hâtives. Un service permanent au sein de l’Etablissement de coopération intercommunale Al Assima, en collaboration avec les autorités et diverses agences spécialisées s’en occupent", a-t-il précisé, avant de conclure qu’en tant qu'ingénieur spécialisé en génie des eaux, il exclut l'arrivée du lixiviat à Bouregreg de cette manière.
بخصوص ظاهرة تلوث نهر أبي رقراق .. كباقي المواطنين لاحظت رائحة غريبة .. كمنتخب ممثل للساكنة قمت بزيارة ميدانية لفهم ما...
Publiée par عبداللطيف سودو sur Samedi 13 mars 2021
Le président PJD du Conseil de la ville, Mohamed Seddiki a affirmé à SNRTnews que son conseil a contacté le Wali de la région de Rabat-Salé-Kénitra et gouverneur de la préfecture de Rabat Mohamed Yacoubi. "Ca me dépasse en tant que commune", a déclaré Seddiki, "parce qu'il s'agit d'un phénomène qui dépasse la ville de Rabat puisque c’est à l’extérieur de la ville".
"J’ai demandé à Monsieur le Wali de voir de quoi il s’agit. Il a réuni une commission composée de l’agence du bassin hydraulique du Bouregrag, de de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEP), de l’Etablissement de coopération intercommunale Al Assima. Cette commission a effectué une visite dans les lieux", a-t-il encore ajouté.
Mohamed Seddiki a en revanche affirmé qu'il n'a pas reçu de rapport pour l'instant. "Je ne sais pas de quoi il s’agit. Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce n’est pas une pollution due à une seule source, mais plutôt à plusieurs", a-t-il lancé.
Par ailleurs, le directeur de l'Agence du Bassin hydraulique du Bouregreg-Chaouia Abdelaaziz Zerouali, a fait savoir à la MAP, que la cause principale de cette situation est toujours inconnue, relevant que l'Agence attend les résultats des analyses en cours pour connaître l'origine de cette pollution, avant de se prononcer sur le sujet.
Historique
En effet, les prémisses du problème ne datent pas d’aujourd’hui. En 2019, la FGD avait publié un communiqué pour prévenir de l'imminence d'une catastrophe écologique à Rabat si "des milliers de tonnes de lixiviat d'ordures issues de la décharge d'Oum Azza, se déversent par camion dans la mer". Le projet a ensuite été abandonné, a affirmé El Hayani à SNRTnews.
L’élu de la FGD à Agdal-Riad avait annoncé, dans un post Facebook datant du 20 décembre 2019, que ces lixiviats hautement toxiques se sont accumulés depuis des années dans des bassins près de la décharge et constituent une nuisance écologique et olfactive très forte pour toute la ville. "Des moyens existent pour les éliminer (bactériologiques, osmose inverse ou séchage), mais le sous-investissement chronique plombe la décharge", avait-il souligné.
Une catastrophe écologique est sur le point de se produire à Rabat : des milliers de tonnes de lixiviat d'ordures issus...
Publiée par Omar El Hyani sur Vendredi 20 décembre 2019
Affaire à suivre...
Articles en relations
Société
Société
Société