Economie
Droits de douane sur les achats e-commerce: quel effet boomerang?
17/06/2022 - 21:30
Mohammed FizaziÀ partir du 1er juillet 2022, les produits achetés sur les sites internationaux d'e-commerce coûteront plus cher aux Marocains. La cause ? L'Administration de la douane et des impôts indirects (ADII) a décidé d'imposer des droits de douane sur les achats effectués sur ces sites prisés par les internautes. Il s'agit d'une "décision catastrophique" qui aura un "impact négatif" l'économie nationale, mais aussi sur les consommateurs, tonne d'emblée Nabil Adel, économiste et directeur du groupe de recherche géopolitique et géoéconomique à l’ESCA.
"Le contexte est mal choisi, nous vivons une crise internationale d'inflation, qui pourrait toucher l'économie nationale. Si on rajoute des droits de douane, les prix vont tout simplement augmenter et cela alimentera le taux d'inflation", estime-t-il.
Et d'ajouter: "certaines décisions peuvent être justes, mais des fois, le moment est mal choisi. Une telle décision aurait pu être prise à un moment ou l'inflation était de 1,1%. Maintenant que le taux d'inflation monte en flèche, une telle décision ne fera qu'alimenter la crise".
Pour Nabil Adel, "personne n'a rien à gagner d'une telle décision, même ceux qu'on cherche à protéger par de telles politiques, car "plus les prix montent plus la demande baissera".
Il estime aussi qu'une telle décision va à l'encontre des recommandations du Nouveau modèle de développement prônant l'ouverture économique, l'accélération de la digitalisation et la transition numérique.
Même son de cloche chez Rachid Aourraz, économiste et chercheur au Moroccan Institute for Policy Analysis, qui, dans une déclaration à SNRTnews, considère que "l'imposition de droits de douane sur le commerce était devenue une politique commerciale d'un autre temps, mais la montée du discours antimondialisation -la mondialisation qui a profité aux consommateurs au niveau mondial comme au niveau marocain pendant 3 décennies- fait que les responsables et les gouvernements prennent de telles décisions".
Et à Aourraz de poursuivre: "En ce qui concerne le cas du Maroc, c'est une décision qui ne m'étonne pas, car il y a un discours protectionniste grandissant sur la justification de la protection du produit local, et ce n'est bien sûr pas une justification raisonnable, car le produit local ne se développe que dans le cadre de la concurrence avec le produit étranger".
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