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Entre politique et "souveraineté alimentaire", le Salon de l'agriculture rouvre en France
23/02/2022 - 12:00
AFPEn France, premier producteur agricole de l'Union européenne, le terme d'"agribashing" était encore en vogue avant que le virus n'abrège la durée du salon en 2020. Mais le Covid a changé la donne, à l'abord de cette édition qui s'annonce également très politique à six semaines du premier tour de la présidentielle. Comme le veut la tradition, le président Emmanuel Macron, dont la candidature à un nouveau mandat n'a pas été officialisée mais ne fait guère de doute, est annoncé dès le premier jour du salon samedi.
En amont, plusieurs rendez-vous entre le chef de l'Etat et des responsables du monde agricole sont prévus dans un agenda présidentiel largement consacré à la crise russo-ukrainienne. Jusqu'ici, le président a pris l'habitude de passer la journée entière Porte de Versailles: 12 heures en 2020, plus de 14 en 2019. Avant l'arrivée du virus, à l'hiver 2019, le salon avait accueilli 630.000 visiteurs, soit "1% de la population française", se plaisent à rappeler les organisateurs. La tenue de cette 78e édition est demeurée longtemps incertaine, au gré de l'évolution de la courbe épidémique et des restrictions sanitaires.
"La substantifique moelle du salon c'est de goûter, être collés serrés, toucher des animaux... On va respecter tout cela mais différemment", explique la directrice du salon, Valérie Le Roy. "Il y avait une très forte attente du secteur [agricole]. On a estimé que le jeu en valait la chandelle" même s'il y aura "un peu moins d'exposants" et "peut-être moins de visiteurs". Ces derniers devront présenter un pass vaccinal et porter le masque - au moins les prochains jours. A partir du 28 février, le masque n'est plus censé être obligatoire dans les lieux clos soumis au pass vaccinal, transports exceptés, mais les organisateurs attendent les dernières consignes des autorités sur le sujet.
A l'approche du premier tour de la présidentielle, le 10 avril, les candidats devraient défiler, le salon représentant une exposition pour eux comme pour les revendications du monde agricole. "Nous voulons peser dans cette campagne électorale", a prévenu lundi Christiane Lambert, patronne de la FNSEA, le syndicat majoritaire chez les exploitants agricoles. Le président de la Fédération nationale bovine (FNB, section spécialisée de la FNSEA), Bruno Dufayet, s'attend à des échanges pas toujours sincères.
"Un salon électoral, c'est toujours le plus chiant, tout le monde va nous aimer, on aura raison sur tout ce qu'on va dire", sourit cet éleveur de vaches Salers. La tension ne sera pas pour autant absente: le salon coïncide avec la clôture, le 1er mars, des négociations commerciales entre les agroindustriels et les supermarchés qui déterminent le prix des produits mis en rayon pendant l'année et, in fine, le revenu des agriculteurs. Ces derniers, comme les industriels, se battent pour répercuter sur les consommateurs l'inflation qu'ils subissent (notamment sur l'alimentation des animaux), tandis que le gouvernement s'efforce de préserver la part revenant aux agriculteurs.
Promulguée en octobre, la loi Egalim 2 est l'ultime tentative du quinquennat pour que des agriculteurs n'en soient pas réduits à vendre à perte. En 2019, 16% d'entre eux n'ont eu aucun revenu voire été déficitaires, selon les chiffres les plus récents de l'Insee. Mais le salon, c'est aussi le théâtre du Concours général agricole qui voit l'élite du cheptel français, des vins, bières ou miels soumis à l'avis de jurés professionnels et consommateurs. "Les producteurs et viticulteurs sont impatients. Une médaille c'est entre 18% et 40% d'augmentation du chiffre d'affaires", souligne le commissaire général du concours, Olivier Alleman. Seuls animaux absents cette année: les volailles, confinées en raison de la grippe aviaire.
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