Société
Fête de l’Indépendance: ces héros de la résistance peu connus
18/11/2024 - 18:28
Aya Lankaoui
Bien que leur rôle ait été essentiel dans la lutte pour l'indépendance, certains résistants marocains restent insuffisamment connus ou rarement évoqués dans les récits de la résistance.
Ces héros méconnus ont non seulement soutenu les grandes figures de la résistance, mais également mené des actions stratégiques qui ont contribué à la l’Indépendance du Maroc. Abdelkarim Zerktouni, fils du martyr Mohamed Zerktouni, a tenu, dans une déclaration à SNRTnews, à mettre en lumière des figures telles que Mbarek El Ouardani, Ahmed El Jamali et Slimane Arraichi, dont leur courage et sacrifices ont marqué cette période historique.
Mbarek El Ouardani, évoqué avec émotion par Abdelkarim Zerktouni, était un résistant profondément engagé. Issu d’une famille animée par un patriotisme fervent, il a grandi dans un environnement où le sacrifice pour la nation était un principe. Sa mère n’a pas hésité à demander de vendre leur maison pour financer l’achat d’armes, illustrant la mobilisation totale de leur famille dans la lutte contre l’occupant.
En tant que commerçant au marché de gros, El Ouardani pouvait circuler librement dans les périodes de couvre-feu. Il mit cette liberté au service de la résistance en prêtant ses papiers à Mohamed Zerktouni, facilitant ses déplacements sous la surveillance française. Ce soutien logistique, indispensable pour déjouer les contrôles, s’accompagnait d’une participation active à des opérations armées et de sabotage visant à affaiblir les forces coloniales.
Un épisode marquant de la lutte pour l’indépendance illustre l’ingéniosité et la chance qui accompagnaient parfois les résistants. Mbarek El Ouardani et Mohamed Zerktouni, se déplaçant sous les couvre-feux imposés par les autorités coloniales, possédaient à ce moment-là des papiers d’identité identiques, au nom de Mbarek El Ouardani. "Lors d’un contrôle par la police française, le hasard leur fut favorable, deux policiers différents leur demandèrent simultanément leurs papiers. L’un interrogea El Ouardani, tandis que l’autre vérifia ceux de Zerktouni. Si un seul agent avait procédé au contrôle, il aurait immédiatement remarqué que les deux hommes détenaient les mêmes papiers. Cette coïncidence leur permit d’échapper à l’arrestation, un moment de tension qui témoigne de la complexité et des risques liés à leur lutte pour la liberté", raconte Abdelkarim Zerktouni.
Parmi les autres figures importantes mais rarement mentionnées, Ahmed El Jamali s’illustre par son ingéniosité et son rôle stratégique dans la lutte armée. Selon Abdelkarim Zerktouni, il était un expert dans la fabrication artisanale d’armes, notamment de bombes, qui furent utilisées dans des opérations majeures comme celle du marché central de Casablanca. Employé dans une villa à Ain Diab appartenant à un Français, Ahmed El Jamali transforma discrètement cette propriété en dépôt d’armes pour la résistance.
Ce stratagème ingénieux permit de stocker un arsenal impressionnant, échappant à la vigilance des forces coloniales. Après l’indépendance, lorsque les autorités marocaines découvrirent cette cache, elles furent surprises par l’ampleur des ressources qu’elle contenait, témoignant de la détermination et de l’ingéniosité de El Jamali dans la préparation de la lutte.
Pour sa part, Slimane Laraïchi (à ne pas confondre avec Hassane Laraïchi) bien qu’étant l’un des premiers à s’engager activement dans les opérations de résistance, demeure lui aussi peu médiatisé. Originaire du nord du Maroc, il a joué un rôle important dans la diffusion clandestine des messages de Feu SM Mohammed V, un travail qu’il accomplissait grâce à ses compétences en imprimerie. Arrêté en compagnie de Mohamed Zerktouni, il réussit à masquer son rôle de résistant en se faisant passer pour un simple commerçant. Malgré cette précaution, les deux hommes subirent des tortures avant de réussir à s’échapper.
Ce passage entre les mains de la police française incita Mohamed Zerktouni à instaurer une mesure drastique pour protéger les secrets de la résistance. "L’utilisation d’un comprimé de cyanure". Cette décision tragique visait à garantir que les résistants, s’ils étaient capturés, ne pourraient jamais divulguer des informations sous la torture. Mohamed Zerktouni lui-même choisit cette voie, sacrifiant sa vie pour préserver ses camarades et leurs actions, laissant derrière lui une famille et de jeunes enfants.
Ces récits soulignent la contribution fondamentale mais souvent sous-estimée de résistants comme Mbarek El Ouardani, Ahmed El Jamali et Slimane Laraïchi dans la lutte pour l’indépendance du Maroc. Leur engagement, leur ingéniosité et leur courage méritent d’être davantage reconnus et célébrés.

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