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Foot brésilien: la loi sur les clubs-sociétés attise l'engouement des investisseurs
02/02/2022 - 17:00
AFPAprès plusieurs clubs mythiques comme Atletico Mineiro, Cuiabá, Cruzeiro ou encore Red Bull Bragantino dont le principal investisseur n’est autre que la société autrichienne de boissons Red Bull, qui possède également des clubs en Europe et aux Etats-Unis, d’autres sont en train de parachever cette mutation structurelle.
Botafogo, club des anciennes vedettes Garrincha, Didi et Nilton Santos, figurent également dans la liste des clubs reconvertis, tout comme Chapecoense, Athletico Paranaense, Juventude, Coritiba et Vasco da Gama.
Les observateurs notent qu’être un club-entreprise n'est pas une garantie de succès, mais ils s’attendent à plus de réussite que d’échec. Une étude d'EY Sports, réseau multinational de services professionnels, a révélé que 92 % des clubs des cinq ligues les plus riches du monde sont des entreprises.
La ligue la plus puissante du monde, la Premier League anglaise, est la plus ouverte des cinq meilleurs championnats. C'est la seule où plus de la moitié des clubs ont un propriétaire étranger.
Des médias locaux s’attendent à ce que le championnat brésilien emboite le pas aux Anglais. Lors de la tournée du président Jair Bolsonaro en novembre dernier au Qatar, aux Émirats Arabes Unis et à Bahreïn, la presse locale a rapporté l'intérêt suscité chez des investisseurs de ces pays pour des clubs brésiliens.
A en croire les quotidiens brésiliens, Bolsonaro est allé jusqu’à suggérer Palmeiras, alors que son ministre de l’Economie Paulo Guedes a proposé Flamengo et Flávio Bolsonaro, un des fils du chef de l’Etat, a recommandé Vasco.
Au Brésil, l’expérience de Red Bull reste la plus distinguée. Le projet de la multinationale remonte à bien avant l'adoption de la loi. En 2007, la société a acheté Campinas FC, avec un plan ambitieux pour atteindre l'élite du football brésilien. Red Bull Brasil a même atteint la première division de São Paulo un an plus tard, mais n'a pas pu quitter la dernière division nationale.
En 2018, ce plan a été modifié et la société a acheté Bragantino, qui était en Serie B du championnat brésilien, avant de connaitre le succès rêvé. Pour les responsables du club, le choix de Bragantino était dû à plusieurs facteurs tels que la proximité de la capitale de São Paulo, cœur battant de l’économie brésilienne.
En effet, le Brésil, un pays de plus de 213 millions d’habitant, veut rééditer l’expérience des Anglais qui sont parvenus à attirer des fonds souverains pour dynamiser le football au niveau des clubs.
Le professeur de marketing sportif, Ivan Martinho a estimé dans un entretien à Istoe Dinheiro que le Brésil ne doit pas forcément suivre le même chemin, au moins à court terme. Géopolitiquement et économiquement, le Brésil pourrait être attrayant mais la motivation qui serait bénéfique à toutes les parties serait d’investir dans les jeunes talents, estime-t-il.
Cette méfiance peut s’expliquer par les expériences de clubs précurseurs qui n’ont pas pu atteindre les résultats voulus par l’incorporation de l’initiative privée. Bahia et Vitória, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, ont vendu plus de la moitié de leurs actions à des fonds d'investissement.
Dans le cas de Vitória, il a été racheté et géré par le groupe Exxel. Six ans plus tard, au lieu de collectionner des coupes comme envisagé, l'équipe disputait la série C du championnat brésilien (3è division). L'expérience de privatisation s'est terminée en 2010, lorsque le club a fini par racheter ses parts après l’échec sur le terrain et ailleurs.
Bahia a subi le même sort et l'expérience de "gestion professionnelle" n'a duré que 10 mois en 1998, avant que Banco Opportunity ne quitte le club après avoir injecté de gros investissements. A cela s’ajoute aussi l’opposition catégorique de clubs piliers du football brésilien.
Les deux équipes avec les plus grands nombre de supporters du pays, Corinthians et Flamengo, excluent totalement tout projet de devenir une société anonyme. La présidente de Palmeiras, Leila Pereira a affirmé qu'"il n'y a aucune chance". Malgré certaines réticences, au Brésil, un pays à grande tradition footballistique, la ruée des capitaux sportifs semble bien partie pour changer le visage du ballon rond dans les années à venir.
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