Société
Forêt: les poumons fragiles de l'écosystème Marocains
23/03/2022 - 12:13
Lina WafySNRTnews: Pourriez-vous nous dresser l'état actuel des forêts marocaines?
Mohamed Yousfi : Les forêts ont été soumises à des pressions qui firent diminuer au fil des décennies leurs superficies et leur consistance.
La dégradation des forêts existe réellement et se traduit par le recul de la forêt naturelle qui touche la plupart des essences endémiques, secondaires et principales (le cèdre de l’Atlas, le chêne vert, le thuya, le genévrier et de nombreuses espèces arbustives).
Cette dégradation prend différentes formes selon les formations et leurs conditions écologiques. Les conséquences sont communes en revanche. On y retrouve notamment le dépeuplement en termes de densité qui provoque une destruction de l’écosystème d’origine et rend souvent la restauration difficile ou inefficace. Comme elle l'a été pour certains massifs de cèdres, dans la région du Rif.
La forêt est une formation très élaborée et complexe, la formation de son écosystème nécessite des décennies, voire des siècles, d’où la grande difficulté de sa régénération et sa restauration.
Quelles sont les causes de cette dégradation ?
Les facteurs de la dégradation de l’écosystème forestier sont multiples et agissent souvent simultanément. Les principaux sont écologiques et anthropiques.
Le climat a toujours eu un impact direct sur le développement de la forêt. Au Maroc, même dans les années climatiquement favorables -avec l'abondance des pluies en hivers-, la forêt est soumise à une sécheresse de plusieurs mois (de mai à octobre).
Alors, dans le cas de sécheresse hivernale, le stress hydrique est beaucoup plus grave : chute de production de bois, affaiblissement des arbres, dépérissements, et mortalités par tâches ou massifs entiers. Des mortalités sur pied de thuyas, de cèdres, de chênes et de pins sont observées après chaque sécheresse. La forêt s’en trouve fragilisée, en proie aux dégradations d’insectes et de parasites secondaires et maladies. En plus des insectes défoliateurs qui en période de grandes infestations provoquent la défoliation de milliers d’hectares de chêne-liège, de cèdre, et pins qui à répétition s’affaiblissent, et meurent.
L’Homme a une grande part de responsabilité dans le recul de la forêt naturelle. Les coupes délictueuses pour le bois de chauffe et de menuiserie, les ramées pour le bétail, ect. Des usages qui mutilent et tuent les arbres. Ainsi, les délits de parcours dans les zones plantées ou de régénération compromettent la réussite et l’avenir des reboisements. L’homme est également à l’origine de nombreux feux de forêt qui ravagent quelques milliers d’hectares annuellement.
Quelles sont les actions menées pour y remédier ?
Devant ces contraintes, le secteur chargé de la gestion de la forêt marocaine intervient selon des aménagements propres à chaque forêt, et même à chaque massif forestier. Ces aménagements précisent dans un plan spatiotemporel, les coupes, les interventions sanitaires, les repeuplements, et les mises en défense. Le secteur assure également la surveillance, le guet et l’extinction des feux de forêt, ainsi que; la protection par épandage aérien de pesticides contre les insectes.
Les efforts de l’administration ont été considérables, mais ils n’arrivent pas à juguler la régression du couvert végétal naturel. Si les moyens mis en œuvre sont importants, certains problèmes sont plus difficilement gérables. Particulièrement le climat et ses variations au niveau mondial, l’insuffisance de certaines techniques, et surtout la pression acharnée des riverains qui ne fait qu’augmenter et pour laquelle, il n'y a toujours pas de solution pérenne.
Espérons qu’avec le NPD et la nouvelle stratégie du ministère de l’Agriculture -concernant la réorganisation du secteur forestier-, nous arriverons à des résultats meilleurs et de nouvelles solutions pour remédier au problème de la dégradation galopante des écosystèmes forestiers.
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