Economie
Guerre en Ukraine, absence de raffinerie, stocks de sécurité insuffisants ... les raisons de la hausse des prix des carburants
18/06/2022 - 21:23
Khaoula BenhaddouLes prix des carburants montent en flèche pour atteindre des seuils inédits. Cette flambée a eu un impact tangible sur le portefeuille des consommateurs. Guerre en Ukraine, crise sanitaire, crise économique, stock de sécurité… sont, entre autres, des facteurs intervenant directement ou indirectement dans cette situation.
Le prix des carburants ne cesse d'augmenter et ce depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Depuis le 15 juin dernier, le prix à la pompe de l'essence avoisine les 18 dirhams contre 15,5 dirhams pour le diesel. Plusieurs facteurs sont intervenus pour mener à cette situation "intolérable" pour les citoyens. "Au niveau international, il y a eu une augmentation très importante du prix des produits dérivés ainsi qu'une augmentation du coût du transport. Ces augmentations sont dues globalement à la pandémie, la sortie de la pandémie et à la guerre en Ukraine", explique à SNRTnews l'économiste Tayeb Aaïss.
La fermeture de la SAMIR, "une énorme perte"
En plus de ces facteurs externes, d'autres facteurs, internes, ont participé à la hausse des prix des produits énergétiques, notamment l'absence d'une raffinerie. "Depuis la fermeture de la SAMIR le Maroc n’a plus aucune raffinerie. Le Royaume importe donc du pétrole raffiné ce qui revient plus cher", explique encore l’économiste.
"Le prix du baril brut est souvent moins élevé. À part la main-d’œuvre marocaine qui travaillait dans le processus de raffinage, on gagnait également avec les produits dérivés comme l’essence et le gasoil et en plus on pouvait même exporter d’autres dérivés comme le goudron et le bitume", poursuit notre interlocuteur.
La fermeture de la SAMIR a donc privé le Maroc de sa seule raffinerie, mais pas que. Tayeb Aaïss rappelle le rôle de la SAMIR dans le stockage des matières premières étant donné qu'elle disposait d'une capacité de stockage supérieure à 2 millions de m3, en plus de sa capacité de raffinage de 10 millions de tonnes par an.
Capacité de stockage insuffisante
Il souligne dans le même ordre d'idées que "le Maroc ne dispose pas d'une grande capacité de stockage donc ne peut acheter ses besoins en produits énergétiques qu'en petites quantités. Quand on achète des quantités importantes, on a la possibilité de négociation d’un an et plus, alors que quand on achète à terme, le prix revient beaucoup plus cher".
L'économiste souligne aussi un non-respect de la loi en ce qui concerne les stocks de sécurité des produits énergétiques. Selon lui, ce stock, conformément à la loi en vigueur, doit être de 60 jours, "un délai qui n'est pas respecté par les sociétés oeuvrant dans le secteur", tonne-t-il.
"Selon les deniers chiffres officiels, le Maroc ne dispose que d'un stock de 28 jours. Ceci n’est pas suffisant pour couvrir les besoins du pays en carburant. Les compagnies pétrolières ne respectent pas la loi, car le stockage coûte cher, et ils ne veulent pas investir dans ce sens", fait savoir notre interlocuteur.
Trois solutions pour stopper la hausse des prix
Dans le but de trouver une issue à cette hausse des prix des carburants qui, il convient de le souligner, a un fort impact sur les différents secteurs, l'économiste présente trois pistes de solution. La première est de (re)subventionner les carburants à travers la Caisse de compensation. Toutefois, "cette solution et totalement écartée, car elle ne profite pas à toutes les catégories sociales", explique Tayeb Aaïss. Il rejoint ainsi Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des finances, qui avait, elle aussi, écarté la possibilité pour l'État de subventionner les produits énergétiques, hormis le gaz de butane.
La ministre avait précisé que le gouvernement "ne dispose pas de ressources financières suffisantes pour subventionner les carburants" ajoutant que ""le gouvernement est en train d'étudier des solutions pour gérer cette crise, sans toutefois toucher aux piliers du programme gouvernemental".
Les deux autres solutions consistent en un plafonnement des marges de bénéfices des sociétés oeuvrant dans le secteur de distribution des carburants, et celles des taxes. Il s'agit, selon notre interlocuteur, de "l'unique manière permettant de réduire les prix des carburants à la pompe".
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