Société
HCP : quelle est la situation socioéconomique des réfugiés au Maroc ?
21/05/2024 - 15:10
Khaoula BenhaddouLe Haut-Commissariat au Plan (HCP) a réalisé en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), une enquête sur la Situation Socioéconomique des Réfugiés au Maroc en novembre-décembre 2022.
Collecter des données sur les caractéristiques sociodémographiques des réfugiés au Maroc et de leurs ménages, connaitre leur situation juridique, mesurer le niveau de leur intégration socioéconomique, et connaitre leurs conditions de vie et leur accès aux services sociaux sont entre les objectifs de cette étude réalisée par le HCP.
Cette enquête, réalisée en 2022, a ciblé un échantillon de 600 ménages, représentatif des différentes caractéristiques démographiques et socio-économiques des réfugiés.
Les syriens en tête de liste des réfugiés installés au Maroc
Dévoilée dans la soirée du 20 mai, cette enquête du HCP précise qu’environ 82% des Chefs de ménage réfugiés résidant au Maroc au moment de l’enquête sont de sexe masculin. Les personnes âgées de 18 à 44 ans représentent 82,6% dont 44,4% âgés de 18-29 ans et 38,2% de 30-44 ans, contre 12,5% âgés de 45 à 59 ans.
Cette enquête précise qu’environ 31,9% des chefs de ménage (CM) réfugiés résidant sur le territoire marocain sont originaires de la Syrie, suivis de la république Centrafricaine (19%), du Yémen (16,5%), du Soudan du Sud (8,1%) et de la Côte d’ivoire (4,5%). Les autres pays africains représentent 11,5% contre 8,5% pour les autres pays arabes.
Si plus du tiers (35,3%) des Ivoiriens n’ont aucun document prouvant leur nationalité, la majorité des autres nationalités en dispose avec 99,2% pour les ressortissants du Yémen, 99% pour ceux de la Syrie, 96,1% du Soudan du Sud et 94,9% de la République Centrafricaine.
Plus d’un homme sur cinq sont mariés à une marocaine !
A en croire l’enquête du HCP, plus de la moitié des chefs de ménage réfugiés (55,8%) sont célibataires. Ce pourcentage s’élève à 63,7% parmi les femmes contre 54% parmi les hommes.
Parmi les chefs de ménages réfugiés mariés, un peu plus des trois quarts (76.4%) sont mariés à un conjoint de même nationalité, 20,6% à un conjoint marocain et 3,1% sont en union avec une personne de nationalité différente. Selon le sexe, plus d’un homme sur cinq (22,4%) sont mariés à une épouse de nationalité marocaine.
Parmi les hommes réfugiés mariés à une marocaine, un peu plus de 9 sur 10 (92,1%) sont intéressés par tout accompagnement pour obtenir la nationalité marocaine.
Plus de 7 réfugiés mariés à une marocaine sur 10 (72,6%) ont au moins un enfant ayant acquis la nationalité de sa mère, contre 21,1% qui ne l’ont pas acquise. Cela concerne en particulier les réfugiés Yéménites (35,1%) et Syriens (26,6%).
Pourquoi ont-ils quitté leur pays d’origine ?
L’enquête du HCP souligne que plus de la moitié (58,9%) des chefs de ménages réfugiés ont été forcés de quitter leurs pays d’origine pour des raisons d’insécurité liées à la guerre et aux conflits (66% parmi les femmes et 57,3% parmi les hommes). Les études viennent en seconde position avec 24,0% des réfugiés, sans différence significative entre les hommes et les femmes (24,2% et 22,9% respectivement). La recherche d’un emploi vient en 3ème position avec 11,4% des réfugiés, beaucoup plus parmi les hommes (13,5%) que les femmes (1,8%).
Selon le pays d’origine, les raisons liées à l’insécurité prédominent parmi les réfugiés Ivoiriens (86,7%), ceux des autres pays Africains (79,8%), les Syriens (65,1%), les Centrafricains (63,8%) et ceux des pays Arabes (59,6%).
Niveau d’étude, formation, et langues
L’enquête du HCP souligne que la majorité des réfugiés s’installent dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat, Fès et Kenitra afin de poursuivre leurs études ou trouver un emploi.
Ainsi, la répartition des réfugiés selon le niveau scolaire révèle une prédominance du niveau supérieur. Les réfugiés ayant le niveau supérieur sont plus spécialisés dans les domaines du Commerce et gestion, Droit, Santé et Technologie de l’information et de communication.
Pour améliorer leur niveau scolaire et faciliter leur intégration dans la société, un peu plus du quart des réfugiés (25,8%) ont reçu une formation professionnelle dans un établissement de formation professionnelle ou dans une structure relevant de la société civile. Ceux ayant bénéficié de la formation professionnelle au Maroc représentent 15,4% contre 9% dans leurs pays d’origine.
Ce n’est pas tout, pour communiquer avec la population, environ 63,8% des réfugiés au Maroc utilisent principalement le dialecte marocain comme moyen de communication dans leur vie quotidienne. Le français vient en seconde position. Seul 3% des réfugiés communiquent en anglais ou avec d’autres langues
Près de 6 réfugiés sur 10 (59,3%) ne se plaignent d’aucune difficulté pour communiquer avec leur environnement, notamment les hommes avec 65,2% plus que les femmes (32,7%).
Mieux encore, environ 7 réfugiés sur 10 (69,7%) ont déclaré se sentir en sécurité dans leurs quartiers en marchant seuls après la tombée de la nuit.
Intégration économique
Toujours selon l’enquête du HCP, beaucoup de réfugiés dépendent des aides pour subvenir à leur besoin. Ainsi, l’UNHCR couvre près de 60% (57,6%) des aides reçues par les réfugiés au Maroc. Les aides fournies par des particuliers marocains viennent en deuxième position et celles reçues d’organisations marocaines non gouvernementales en troisième position avec une part de 11%. Les aides issues du Gouvernement Marocain représentent une part de 10,5%
L’emploi permanent constitue la quatrième source de revenu déclarée par les réfugiés au Maroc,
D’autres sources de revenus sont également citées par les réfugiés au Maroc dont la mendicité, avec 8%, les économies du réfugié (3,3%), le soutien financier du Gouvernement Marocain (2,6%) et celui d’organisations marocaines non gouvernementales (2,3%)
Les résultats de l’enquête ont révélé que le revenu moyen mensuel des ménages de réfugiés au Maroc était, au cours des 12 mois précédant l’enquête, de 3155 DH.
Interrogés sur leur perception d’appartenance socio-économique, 67,9% des réfugiés considèrent qu’ils appartiennent à des ménages pauvres, un peu plus du quart (27,7%) des réfugiés au Maroc perçoivent une appartenance à un ménage moyen. la perception d’appartenir à un ménage riche est presque insignifiante (0,3%) et que 4,2% des réfugiés enquêtés n’ont pas d’avis sur cette question
La répartition des réfugiés selon le type d’activité montre que 42,8% d’entre eux sont pourvus d’un emploi. Ainsi, plus de 4 réfugiés sur 10 (46,5%) sont des salariés, 47% parmi les hommes et 40,9% parmi les femmes. Quatre réfugiés sur 10 (39,3%) exercent un emploi indépendant, les femmes (55,6%) plus que les hommes (37,8%). Enfin, seulement un réfugié sur 10 (9,0%) est un employeur.
Toujours selon la même enquête, le secteur des services est le premier pourvoyeur d’emploi pour les réfugiés au Maroc avec 28,0%. Le secteur de l’agriculture vient en deuxième position, de la construction (10,8%), de la restauration (6,4%) et de l’industrie (4,9%).
Etat de santé des réfugiés
A en croire les témoignages des réfugiés recueillis dans le cadre de l’enquête du HCP, 6 réfugiés sur 10 sont en bonne santé au moment de l’enquête (60,2%). Environ un réfugié sur 10 (11,4%), juge cependant, sa santé en mauvais état, notamment les femmes avec une part de 18,6% en comparaison des hommes (9,8%)
Près de la moitié des femmes réfugiées ont reçu des soins ou des services de santé au cours des 3 mois précédant l’enquête.
Les personnes âgées (60 ans et plus) et les jeunes (moins de 18 ans) ne disposent d’aucune couverture médicale et près d’un réfugié sur 10 (9,1%) ayant un titre de séjour valide dispose d’une assurance maladie.
Les hôpitaux et les centres de santé publics sont les principaux offreurs de soins de santé pour les réfugiés.
Dans ce document d’une dizaine de page, le HCP dévoile les conditions de vie des réfugiés notamment en ce qui concerne l’habitat, la vaccination, le chômage et la violence.
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