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Hirak : L’Algérie acculée dans une impasse
24/02/2021 - 14:55
Imane BenichouDes appels ont été lancés sur les réseaux sociaux, se donnant rendez-vous, lundi 22 février, dans les rues d’Alger pour raviver les réclamations d’un changement en profondeur du système et les revendications de réformes concrètes. Les Algériens ne semblent pas lâcher prise. Une année après l'interruption le 13 mars 2020 du mouvement, à cause de la crise sanitaire, ils dénoncent toujours la corruption, l'injustice et les promesses non tenues. Leur détermination semble être intacte.
Aux cris d’"une Algérie civile et jamais militaire", des milliers de manifestants se sont rassemblés dans les rues d’Alger, pour exiger l’institutionnalisation d’un État de droit véritablement démocratique, et par le même fait, la fin de l’ingérence de l’armée dans les affaires politiques, malgré le blocage par les forces de l’ordre, des accès à la capitale. "Nous ne sommes pas sortis pour célébrer, nous sommes sortis pour que vous partiez", répétaient lundi les manifestants devant la Grande Poste d’Alger.
"Le mouvement réussira, c’est une question de temps", lance Nouri, un Algérien qui a rejoint lundi le Hirak. "Le mouvement ne s'est jamais arrêté pour se relancer. Le peuple a suspendu les marches afin de préserver sa santé. Mais aujourd'hui puisque l’activité a été reprise et que le régime corrompu n'a pas profité de l'occasion de la suspension des marches pour montrer sa bonne volonté, il a plutôt terrorisé, arrêté et pratiqué sa saleté contre le peuple libre, le régime partira, forcé ou contraint", a pour sa part martelé Abdel.
Flash-back. Les manifestations avaient commencé le 16 février 2019 à Kherrata, à 300 km à l’est d’Alger, déclenchées par la volonté d'Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat consécutif. Le 22 février 2019, les manifestations avaient gagné Alger, puis le reste du pays, donnant naissance au Hirak.
Malgré l’élection d’Abdelmajid Tebboune en décembre 2019, avec le plus faible taux de participation de l'histoire des élections présidentielles pluralistes en Algérie, il semble toutefois n'avoir apporté que très peu de changements pour ne pas dire aucun. Son discours du jeudi 18 février 2021, annonçant la dissolution du parlement, l’anticipation des élections législatives, le remaniement ministériel et la libération d’une trentaine de prisonniers d’opinion, n’a pas réussi à apaiser la colère des Algériens et à calmer la contestation. A preuve la reprise du mouvement de contestation.
Aux sources d’une tension
En Algérie, l’inflation enfle. Le taux de chômage officiel a atteint 15 %. La Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LADDH) a exprimé, mercredi 17 février, dans un communiqué rendu public, son inquiétude de la dégradation de la vie sociale et des droits humains dans le pays. Elle s’est alarmée de l’extension de la pauvreté, du chômage et de l’aggravation de la situation des plus vulnérables.
"Le bilan est accablant au cours de ces deux années : trop d’arrestations arbitraires, trop de condamnations routinières, trop d’exclusion, de détresse et de misère", a constaté Noureddine Benissad, président de la ligue, cité dans le communiqué qui réitère les exigences fondamentales du Hirak, notamment la libération de tous les détenus d’opinion, le respect des libertés d'opinion, d’expression, de réunion, de manifestation pacifique d’organisation et des libertés syndicales, une presse libre et une justice indépendante.
Dans une déclaration du bureau politique du Parti pour la Laïcité et la Démocratie (PLD) de l’opposition, le parti a déploré une "précarité chronique, symptomatique d’une crise multidimensionnelle qui frappe tous les secteurs vitaux du pays". Il a mis en garde d’une situation sanitaire et sociale de plus en plus préoccupante et a mis la lumière sur les "horizons" qui se sont "durablement assombris" avec une situation socio-économique dans "un état comateux".
L’inflation a alors atteint des seuils, tel que des pans entiers de la société ont basculé dans l’insécurité alimentaire, tandis que le chômage frappe de larges couches de la population où les jeunes sont légion, a affirmé le bureau du PLD. Il a, en outre, dénoncé le mépris et l’infantilisation du peuple, le verrouillage de l’information, la censure, les atteintes aux libertés individuelles et collectives et la répression massive des militants politiques.
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