Economie
Jouahri: les taux d’intérêt bas des assurances, "un véritable défi"
01/04/2021 - 12:24
MAP"Dans le contexte national, les taux bas conjugués à l’étroitesse du marché boursier constituent un véritable défi pour le développement de l’épargne et de certains segments de l’assurance", a souligné le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, lors de la 7e édition du Rendez-vous de Casablanca de l'Assurance, placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI.
"On l’oublie ou on l’ignore souvent, mais une baisse des taux n’a pas que des conséquences positives. Elle permet certes de relancer la demande et l’investissement, mais a également un impact néfaste sur l’épargne, en particulier la petite", a relevé Jouahri.
Cette baisse pourrait peser sur l’équilibre des fonds de retraite et sur la rentabilité des entreprises d’assurance, souligne-t-il, notant que l’environnement des "taux bas et pour longtemps" est une nouvelle réalité que les acteurs du secteur sont appelés à prendre en compte dans leurs stratégies et leurs décisions.
En effet, la stagnation séculaire de l’économie mondiale et le mouvement désinflationniste induits par des facteurs structurels tels que la technologie et la démographie "maintiendraient vraisemblablement la pression sur les taux dans les années à venir", a-t-il estimé.
Le deuxième défi est celui du changement climatique, a-t-il fait savoir, notant qu'une prise de conscience de plus en plus généralisée de cet enjeu amène les décideurs publics et privés à en tenir compte dans leurs décisions.
"Dans le secteur financier en particulier, le verdissement est une tendance qui prend de l’ampleur avec une orientation vers son intégration progressive parmi les normes et les standards de régulation et de supervision", a fait remarquer le Wali de BAM, appelant les acteurs de l’assurance à s’adapter et à s’approprier cette tendance au lieu de "la subir dans les années à venir".
L’autre mutation qui ne cesse de surprendre par sa rapidité ainsi que par l’étendue et la profondeur de ses implications, est la transformation digitale, a-t-il enchaîné, notant qu'elle représente une révolution accélérée par la crise.
"L’assurance bien sûr n’est pas à la marge de cette révolution. Elle est appelée à l’appréhender pour adapter son organisation, améliorer ses produits et ses modes de commercialisation", a-t-il décliné.
Malheureusement, déplore Jouahri, "cette transformation n’a pas que des implications positives, mais elle est aussi à l’origine des risques liés au cybercriminalité qui menace les organismes et qui pose également un défi majeur en matière de protection des données à caractère personnel".
"L’industrie nationale de l’assurance œuvre certes pour se maintenir en phase avec ces mutations et ces changements de paradigmes, mais la rapidité avec laquelle ils évoluent requiert une montée en échelle de l’investissement aussi bien en technologies qu’en capital humain", fait observer Jouahri.
Par ailleurs, Jouahri a rappelé que le développement de l’assurance inclusive figure parmi les objectifs prioritaires de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF) que le ministère des Finances et BAM ont élaborée ensemble avec les parties prenantes et lancée en 2019.
La feuille de route de cette stratégie prévoit pour ce volet trois axes dont le premier consiste à concevoir des offres innovantes adaptées notamment aux populations à bas revenus, aux micro-entreprises et aux TPME, alors que les deux autres consistent à renforcer l’offre d’assurance dans le secteur agricole ainsi que l’éducation financière et la communication.
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