Economie
L’événementiel au bord du gouffre
12/02/2021 - 17:09
RACHID ABBAR«Catastrophique», «désastreuse», «dramatique», ce sont ces qualificatifs qui reviennent à l’esprit des professionnels de l’événementiel en évoquant ce qui leur arrive depuis plusieurs mois. Les milliers de PME de la filière, embarquant avec elles plus de 190.000 emplois directs et indirects - la logistique ou les transports -, ont été les premières à être frappés dès mars par l’impact de la crise sanitaire. Et elles seront vraisemblablement parmi les dernières à voir le bout du tunnel. Il y a bien eu une lueur d’espoir pendant l’été, quand a été annoncée la possibilité, à partir de septembre, de rassemblements supérieurs à 5000 personnes. Mais depuis la rentrée, les indicateurs d’évolution de la pandémie sont passés au rouge. Depuis, leur horizon ne cesse de s’assombrir.
Dans une étude, le Groupement Professionnel des Prestataires de l’Evénementiel au Maroc (GPPEM) dresse un tableau noir de la situation de ce secteur désormais agonisant. Le verdict des professionnels est sans appel : 93,5% des acteurs estiment qu’il s’agit de la pire conjoncture qu’ils n’aient jamais connue. Ils évoquent, comme on peut s’y attendre, à une baisse de chiffre d'affaires à hauteur de 75% et une réduction des effectifs d’environ 55%, un recours massif au crédit. De plus en plus d’entreprises seraient même, selon l’étude, en train de céder leurs biens immobiliers et mobiliers afin de sortir de l’étranglement. C’est devenue carrément une «tendance» pour reprendre le mot utilisé par le GPPEM. L’industrie de l’événementiel a été la plus touchée par la crise avec 93,5% d’impact négatif comparativement aux autres secteurs économiques (83,5%).
Les entreprises du secteur ont recouru massivement au crédit bancaire (malgré son insuffisance et sa cherté au regard de la conjoncture) et aux aides de l’état sollicitées par 63% des sondés qu’ils estiment par ailleurs insuffisantes et non régulières. Le recours au crédit a concerné exclusivement Damane Oxygène (30% des demandeurs) et Damane Relance (20%), révèle le document. Il ressort de ces chiffres (crédits et aides publiques) qu’une bonne partie des acteurs de l’événementiel a privilégié les recours ‘’domestiques’’ pour renflouer leurs trésoreries (aide familiale et amis, outre la vente de biens immobiliers et mobiliers), sachant que les acteurs de l’événementiel ont dû subir le règlement de différends à l’amiable (60% des litiges) pour éviter les procédures judiciaires longues et onéreuses. «Cet état reflète un véritable sinistre que les professionnels semblent ne plus supporter et a conduit et continue de conduire à la fermeture pure et simple de nombreuses entités-», se désole le GPPEM. Plus de 35% des entreprises du secteur ont abandonné leurs activités. Aujourd’hui, les opérateurs demandent tout simplement «une aide soutenue de la part des autorités publiques» afin qu’ils puissent «se maintenir» en vie.
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