Société
Le baccalauréat: sois brillant ou tais toi!
12/06/2024 - 10:05
Khaoula Benhaddou
Les candidats au baccalauréat doivent réussir à tout prix cette étape cruciale pour pouvoir poursuivre leurs études supérieures et prouver qu’ils sont de "bons éléments" dans la société.
Cette pression a causé beaucoup de stress, de traumatisme, voire même de suicide dans les rangs des candidats.
L’examen du baccalauréat est un événement très attendu par les familles des candidats, par les proches et par certains supports médiatiques qui ne ratent pas l’occasion pour prendre des "déclarations" des élèves à leur sortie de l’examen. Des déclarations qui font souvent le buzz et récoltent des milliers de vues sur internet.
A part les projecteurs, les yeux des parents sont également tournés vers les portes du lycée pendant des heures en attendant la sortie de l’élève de son examen.
Cette longue attente des parents devant les portes du lycée est une forme supplémentaire de pression sur l’élève qui s’ajoute à celle des examens. Une pression qui donne souvent lieu à des évanouissements, à des chutes de tension artérielle, voire au décès de l’élève dans certains cas.
La pression familiale
Depuis le début de l’année scolaire, le candidat est appelé à se concentrer et à fournir plus d’effort dans le seul but de réussir et de décrocher son baccalauréat avec une bonne note.
Les parents du candidat doublent également d’efforts pour garantir toutes les conditions nécessaires pour la réussite de leur fils quitte à s’endetter pour payer les heures supplémentaires, comme l’explique la coach scolaire Jihane Laraichi; "la pression des parents sur le candidat s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, certains parents n’ont pas fait d’études et souhaitent que leur fils accomplisse leur propre rêve. On verra des mamans qui stressent plus que leurs enfants et des papas qui, malgré l’inflation et la cherté de la vie, vont payer les heures supplémentaires aux prix exorbitants juste pour voir leur enfant réussir".
Et de poursuivre "le facteur économique explique également la pression familiale puisque le candidat doit décrocher son diplôme avec une excellente note qui lui permettra d’accéder à une école supérieure bien classée et éviter d’aller à l’université ou dans une école privée hors budget, tout cela pour avoir un emploi respectable et éviter le chômage".
Contrairement à certains pays qui donnent une deuxième chance aux élèves qui ne réussissent pas leurs baccalauréat, le manque d’alternative est un frein que rencontre l’élève marocain; "clairement, certaines personnes pensent que si tu n’as pas de bac, tu n’as pas d’avenir… Il y a une grande différence entre notre système scolaire, calqué sur le système français, qui se focalise sur le diplôme et celui des pays européens et américains où ce sont les compétences qui font foi et non pas le diplôme".
Rejet de la société
A part la pression des parents, une autre pression s’ajoute sur l’élève, c’est celle de la société; "en cas d’échec, l’élève sera étiqueté et traité de ‘nul’. Il sera humilié et ridiculisé parce que ses cousins et les enfants des voisins ont décroché brillamment leur baccalauréat. Pour échapper à cette situation, certains parents encouragent même leurs enfants à tricher pour réussir et éviter l’humiliation", se lamente la coach avant d’ajouter "face à cette situation, plusieurs élèves perdent confiance en eux, deviennent de plus en plus angoissés. D’autres auront des troubles psychiques et penseront même à mettre fin à leur vie comme ce qu’on a vu, il y a quelques jours. N’oublions pas qu’on parle d’adolescents qui sont déjà sujets de plusieurs troubles et changements hormonaux!", s’alarme la coach
Changeons de mentalité!
Pour faire face à cette situation alarmante, Jihane Laraichi tire la sonnette d’alarme et appelle les parents à adopter une éducation positive; "à côté de la préparation pédagogique, il faut insister sur la préparation psychologique. D’abord, il faut avoir confiance en son enfant et en ses compétences et surtout lui montrer cela. Il faut également comprendre que l’échec est nécessaire pour avancer, ce n’est pas la fin du monde mais une occasion pour mieux réussir. C’est le rôle des parents mais aussi des enseignants qui doivent donner les outils nécessaires aux candidats", conclut la spécialiste.

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