Lifestyle
Le film turc "YURT": du malaise d'un adolescent à la tragédie d'une société
27/11/2023 - 23:20
Jamal El KhanoussiLe film "YURT", réalisé par Nehir Tuna, raconte l'histoire qui se déroule en Turquie en 1996. Il suit un jeune de 14 ans nommé Ahmed, envoyé par sa famille dans une école interne religieuse (YURT).
Pour son père, récemment converti à ce courant religieux, c'est un chemin vers le salut et la pureté. Cependant, pour Ahmed, c'est un véritable cauchemar de souffrance. Il fréquente le jour une école laïque nationale luxueuse, tandis que le soir, il retrouve un logement surpeuplé, des heures interminables d'études religieuses et de harcèlement. Grâce à son amitié avec un autre résident, Ahmed défie les règles strictes de ce système qui vise uniquement à enrôler les jeunes.
Le film est donc un reflet des tensions amères au sein de la société turque entre les islamistes rigoristes et les laïcs. Le jeune garçon traverse une phase transitionnelle entre l'innocence de l'enfance et les bouleversements de l'adolescence, tentant de concilier les choix de son père pour son avenir et son désir de liberté et d'indépendance.
Pendant les 118 minutes du film, le jeune rêveur de liberté navigue entre deux mondes contradictoires: celui d'un groupe laïc et celui d'un groupe religieux. Tandis que son ami dans le dortoir choisit de s'adapter à un monde carcéral strict et rigide.
Cette impasse dans le choix n'est pas seulement celle d'Ahmed, mais plutôt une impasse pour plusieurs sociétés. Le choix de 1996 n'était pas arbitraire, car cette période représente une phase de tension et d'agitation entre les courants laïcs et religieux en Turquie.
La détresse de l'enfant est en réalité une tragédie pour toute la société. Nehir Tuna, qui a également écrit le scénario, a opté pour une réalisation simple et fluide, mais son écriture était précise, créant des personnages complets à l'exception du personnage de la mère pudique et de sa courte histoire d'amour qui n'a pas été bien développée.
L'image en noir et blanc persiste pendant une partie considérable de la durée du film jusqu'à ce que le récit prenne un tournant, laissant les couleurs envahir l'espace visuel. Le choix du noir et blanc n'est pas simplement esthétique, mais une métaphore de la captivité, de la détention et de la répression, tandis que les couleurs représentent la révolution, la liberté et l'indépendance.
La précision du récit et les détails de l'histoire proviennent de l'expérience personnelle du réalisateur, qui a passé environ cinq ans dans un internat et connaît bien les secrets de certaines institutions religieuses en Turquie. Nehir Tuna nous offre un film de haute qualité qui suscite l'attente de beaucoup de la part de ce jeune réalisateur turc.
Le film est une coproduction turque, allemande et française, avec Duka Karakas, Bartu Arslan, Ozan Çelik, Tansu Biçer, Didem Eylalti, Orhan Konar, et Isil Tezsoy Aljanak au casting.
Articles en relations
Lifestyle
Lifestyle
Lifestyle
Lifestyle