Economie
Le prix de la tomate fait rougir le consommateur
08/03/2022 - 10:23
Khaoula BenhaddouFruit ou légume ? La question ne se pose plus par les consommateurs qui préfèrent demander son prix. Alors qu'un kilogramme de tomates coûtait moins d'une demi-dizaine de dirhams, il y a quelques jours, son prix ne cesse d'augmenter portant la crainte des Marocains à son paroxysme. "Un kilogramme de tomates dépasse les 11 dirhams, c’est juste inadmissible surtout à l’approche du mois de ramadan où on consomme plus davantage ce produit", se lamente Fatima Ezzahra approchée par SNRTnews. Même son de cloche chez des vendeurs ambulants : "D’habitude j’achète le caisson de tomate (30 kg) à 120 dirhams, aujourd’hui il dépasse la barre des 300 dirhams. Ce prix varie selon le calibre du produit ainsi que sa qualité", explique Adil, vendeur de légumes à un marché de proximité. Pour lui cette flambée s'explique par "la sécheresse et l’approche du mois de Ramadan".
Les raisons d'une flambée
Retard des pluies, augmentation des prix des hydrocarbures et du transport, ainsi que l'exportation aux marchés internationaux sont, entre autres, les raisons de cette flambée du prix des tomates au niveau local. "La tomate n’est plus rentable. Beaucoup d’agriculteurs abandonnent ce produit au profit d’autres cultures un peu plus rentable. On remarque depuis un moment la reconversion des agriculteurs dans d’autres produits comme la framboise, la myrtille et les fruits rouges en général", explique un professionnel du secteur, qui préfère garder l'anonymat. Et d'ajouter : "Le coût de revient ne cesse d’augmenter depuis un bon moment. Cette année, la situation est plus critique surtout avec l’augmentation des prix des engrais, du gasoil et de l’électricité. Les agriculteurs sont dans une situation difficile".
En raison du retard de la pluie, la récolte reste très faible au niveau national. "Il y a un manque de produits sur le marché marocain. L’offre est très faible à cause de certaines maladies qui ont touché les récoltes, mais aussi à cause des conditions climatiques. Pour cela le tonnage a diminué", explique le professionnel du secteur.
Cette situation ne concerne pas uniquement le Maroc. "En Europe, plusieurs agriculteurs ont retardé leurs plantations et risquent de ne pas planter parce que le prix du gaz ne cesse d’augmenter. D’autres agriculteurs ont vendu leurs terres parce qu’ils n’arrivent plus à couvrir leurs charges", note le spécialiste.
Le Maroc pourrait profiter de cette "faible récolte" au niveau mondial pour exporter ses tomates. "Le marché national couvre ses besoins. On exporte 50% de nos productions et on garde le reste pour le marché local. Aujourd’hui, la situation commerciale est intéressante pour le Maroc pour augmenter ses exportations vers l'Europe", précise notre interlocuteur qui tient à rappeler que les producteurs turcs risquent de concurrencer le Maroc. "Les tomates turques sont exportées en Russie, mais avec la conjoncture actuelle, ce produit risque de nous concurrencer sur le marché européen".
La mainmise des spéculateurs
Pour sa part Houcine Aderdour, Président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d'exportation de fruits et légumes, pointe la mainmise des spéculateurs sur le marché des tomates. "Cette année il y a une faible récolte de la tomate, mais cela n'empêche qu’on peut couvrir le besoin national. Par contre ce qui inquiète c’est la multitude des intermédiaires et la mainmise des spéculateurs sur le marché local. Il est incompréhensible que l’agriculteur commercialise son produit à 4 dirhams et que ce même produit soit vendu à 12 dirhams dans la même journée", conclut le professionnel.
Pour lui, une intervention des autorités de contrôle est indispensable pour éviter une hausse des prix et préserver les intérêts des agriculteurs, mais aussi des consommateurs.
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