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L'écriture de Kilito peut commencer dans une langue et s'achever sur une autre
05/06/2022 - 09:00
MAPC'est ainsi que Kilito s'est exprimé pour confirmer les propos de son traducteur qui l'interviewait, vendredi à Rabat, dans le cadre du 27è Salon International de l’Édition et du Livre (SIEL), à l'occasion d'une séance ayant rassemblé les passionnés de la littérature en particulier de l’expérience de l'écrivain, du critique et du créateur Kilito, qui représente une école unique en matière de lecture des textes classiques, arabes et occidentaux.
Pour Abdessalam Benabdelali, le philosophe qui a réussi à donner un rayonnement arabe aux textes de Kilito écrits en français, le bilinguisme hante le texte original, un dialogue "sourd" s'installe entre les deux langues. Il fait référence à l'ouvrage de Kilito "Je parle toutes les langues mais en arabe". En d'autres termes, dans chaque écrivain, il y a un traducteur.
Mais qu'est ce qui lie un texte original à sa traduction? il existe un amour et une attirance. Ils sont indissociables, l'un ne peut vivre sans l'autre. Toutefois, un désamour peut rompre cette lune de miel, mais la source de cette désaffection est purement linguistique.
Si l'auteur de "Je parle toutes les langues mais en arabe" choisi la phrase "Je ne peux pas vivre sans toi" pour expliquer cette intimité entre le texte original et sa traduction, son ami le philosophe Benabdelali parle d'un certain désir du texte original de compléter sa langue voire combler un manque. La traduction n'est pas une transcription mais elle est révélatrice de sens et de significations qui pourraient aller au-delà des intentions et des ambitions de l'écrivain.
Le traducteur et l’écrivain semblent dépassés par le jeu de la traduction. Il s'agit d'un acte complexe. Benabdelali affirme que la traduction dévoile à l'écrivain, lui-même, les mystères de la langue source. Le traducteur n'est pas le seul qui est accusé d’infidélité, l'écrivain l'est aussi, étant donné qu'il ne possède pas et ne contrôle pas les sens. Le texte échappe à son auteur.
Kilito réagit en affirmant que deux traducteurs ne peuvent pas s'entendre sur une même traduction d'une phrase qui appartient à la littérature. L'auteur de "Le cheval de Nietzsche" a dû abandonner son papier préparé pour la circonstance, pour tester son public, une manière de lui démontrer cette éternelle difficulté liée à l'acte de traduire.
Comment traduisez vous "Fins de la littérature?", a-t-il lancé à l'égard de son auditoire. Plusieurs réponses...kilito, sourit mais ne tranche point.
Face à une cascade de questions, Kilito s'est montré comme d'habitude, serein et ses réponses étaient concises. Il hésite à trancher même dans les questions qui semblent évidentes. Parfois, il sollicite l'intervention de son ami le philosophe Benabdelali.
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