Les horlogers au Maroc, ces maîtres du temps en voie d’extinction

Souvent nichés dans les ruelles des médinas, ces maîtres du temps, qui défendent mordicus ce métier en extinction, ont du mal à s'adapter aux vicissitudes du temps.

Ahmed Serghini, horloger à Meknès, confie à la MAP que le métier d'horloger aujourd’hui se doit de concilier la maîtrise des techniques anciennes et l'adaptation aux nouvelles technologies.

Approché dans l’univers de son atelier qu’il préserve jalousement au rythme d’une symphonie mêlant tic-tac des vieilles horloges et bourdonnement à peine perceptible de quelques montres de nouvelle génération, Ahmed Serghini affirme avoir reçu ce métier comme leg de son père, lui-même dépositaire d’une tradition horlogère de plusieurs décennies.

A côté de la passion qu’il a développée en côtoyant son père, il affirme être un digne héritier de ce métier passionnant.

"Nous sommes les gardiens du temps. Notre défi est de préserver ce métier à une époque où les montres connectées dominent le marché", a-t-il affirmé non sans fierté.

Le métier d’horloger au Maroc puise ses racines dans une riche tradition artisanale héritée des dynasties qui ont marqué l'histoire du pays. Les artisans marocains étaient autrefois sollicités pour leurs compétences exceptionnelles dans la fabrication de montres de poche complexes et décoratives. Cependant, avec l'avènement de l'ère numérique, le métier a dû évoluer pour pouvoir subsister.

Les marchés traditionnels où les horlogers exposent fièrement leurs créations font la part belle à l'artisanat marocain.

Cependant, ces artisans sont confrontés à la pression qu’exerce la production de masse et à la demande croissante de montres intelligentes aux fonctionnalités multiples.

À une époque où les montres intelligentes et les gadgets connectés envahissent le marché, les horlogers traditionnels au Maroc doivent faire face à des défis majeurs. La demande croissante en montres connectées abordables menace la survie de nombreux ateliers traditionnels.

"Les jeunes sont attirés par la technologie moderne. Les montres connectées offrent une panoplie de fonctionnalités, de la surveillance de la santé aux notifications en temps réel, ce qui rend les montres traditionnelles obsolètes", regrette Ahmed Serghini.

Gardant une lueur d’espoir en la survie de son métier, ce maître horloger reconnaît la nécessité d’accompagner cette révolution technologique tout en préservant cet héritage précieux.

Outre la rude concurrence que leur impose la technologie, les horlogers marocains luttent également pour décrocher la reconnaissance qu'ils méritent.

"Nous sommes les dépositaires d'un savoir-faire précieux et d’une tradition ancienne. L'horlogerie marocaine a son histoire. Elle dispose de ses propres codes techniques. Il faut le faire savoir", plaide-t-il.

Le métier d'horloger au Maroc, entre tradition et défis numériques, témoigne d'une lutte constante pour l'adaptation et la préservation. Ces artisans, héritiers d'une vieille tradition, sont tiraillés entre les exigences du marché moderne et la nécessité de préserver leur métier en mal de relève et en quête de reconnaissance.

Par Maha RACHID