Technologie
Les réseaux sociaux: vers un virage qui inquiète beaucoup de pays
15/11/2021 - 07:00
Aïcha DebouzaEntre fake news, publicités souvent inappropriées, et commentaires haineux, l’énorme masse d’informations qui se propage chaque seconde sur Internet laisse à poser beaucoup de questions. Dans ce contexte, plusieurs pays d’Europe et d’Amérique ont décidé de "réguler" leurs réseaux sociaux.
Diverses causes, un seul et même but
L’Allemagne a par exemple adopté une loi sévère qui contraint Twitter, Facebook et Youtube à supprimer les contenus indésirables en 24 heures, sous peine d’amendes pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros. L’Italie a, quant à elle, à deux mois des législatives, lancé un outil de vérification des informations. De son côté, la France souhaite créer une loi qui lutterait contre les fake news pendant la période électorale.
Les Etats-Unis, toujours pas remis des révélations sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016, ont par contre tenté de tirer les leçons de la vente d'espaces publicitaires sur les réseaux sociaux à des faux comptes russes. Bien que leurs visions soient différentes sur le sujet, les quatre pays sont d’accords sur la question de réguler Internet.
Mais avant d’étaler un peu plus le sujet du cadre législatif en rapport avec les réseaux sociaux, voici un peu d’histoire. En 2004, Facebook, rebaptisé aujourd’hui Méta et autrefois appelé TheFacebook, se présente comme un répertoire en ligne qui connecte les gens. Il est destiné particulièrement aux étudiants de Harvard. Sa maison mère compte depuis 2012 le réseau social de partage de photos Instagram et depuis 2014 la messagerie WhatsApp, pour un total de trois milliards et demi d’utilisateurs mensuels revendiqués.
Jusqu’en 2015, le monde entier s’est en quelques sortes désintéressé des effets des réseaux sociaux sur la vie de tous les jours. Ils ont longtemps été considérés comme un lieu de liberté d’expression et de débat public. Au fur et à mesure du temps, cet optimisme dans les plateformes a commencé à se dégrader surtout, lorsqu’il a s’agit de l’influence qu’elles ont eue sur l’opinion publique quand ont été utilisées par l’État islamique, car elles leur ont été très efficaces pour toucher et recrutement des nouveaux membres.
Ensuite, a eu lieu le scandale de Cambridge Analytica en 2016. Il s’agit bien évidemment des manipulations de masses à partir des données de Facebook pour l’élection présidentielle américaine et le référendum sur le Brexit. Quand l’idée que ces plateformes avaient un pouvoir arbitraire a émergé, le paradigme du débat public via les réseaux sociaux est devenu négatif. À partir de là, la question d’une nouvelle forme de régulation s’est posée.
Facebook, un réseau social très souvent critiqué
"Il faut réguler Facebook." C’est le message que devait porter Fances Haugen, lanceuse d’alerte de Facebook, devant les élus de la commission du marché intérieur du Parlement européen, le lundi 8 novembre 2021. Elle a dénoncé le manque de transparence du réseau social et a alerté contre les dangers des nouveaux projets de Mark Zuckerberg.
La jeune femme n’a pas hésité une seconde à revenir sur le manque de transparence des algorithmes de la plateforme. Surtout, selon ses propos, des dangers de la mue opérée par Mark Zuckerberg et son groupe dans les métavers, ces univers virtuels, potentiellement encore plus addictifs.
Dans une interview accordée au journal français "L’Express", lors de sa tournée en Europe, Frances Haugen explique que Facebook a créé un mur autour de ses algorithmes et personne ne sait vraiment ce qu'il s'y passe. "Pour prendre une analogie, c'est comme si vous ne saviez rien de ce que vous mangez ou de la voiture que vous conduisez. Dans l'industrie alimentaire, on ne dit pas aux industriels ce qu'ils doivent produire mais on leur impose de révéler la composition de leurs plats. Nous devrions faire pareil avec Facebook", a-t-elle fait savoir.
L'ex-employée de Facebook à l'origine de la fuite de milliers de documents révélant les insuffisances du réseau dans sa politique de modération des contenus, avait même, au lendemain de la gigantesque panne des réseaux sociaux, le Congrès américain, à renforcer la régulation de Facebook. Cette dernière l’accuse de pousser les adolescents à utiliser toujours plus ses plateformes, au risque de provoquer une addiction.
Quelles solutions ?
Pour Frances Haugen, il est nécessaire d’agir maintenant, discours qu’elle a maintenu lors de son passage dans plusieurs capitales européennes. Cette dernière a notamment pu rencontrer lors de son passage à Bruxelles, le commissaire Thierry Breton, instigateur des projets de régulation proposés et présentés en décembre dernier.
Dans ce sens, Thierry Breton appelle aujourd’hui à l’adoption des règlements discutés dès la première moitié de 2022. Quand à Facebook, la plateforme conteste ces déclarations et réaffirme la volonté d’efforts entrepris dans la lutte contre la désinformation mondiale. Le géant américain déclare "consacrer plus de 5 milliards de dollars cette année à la sécurité" avec "plus de 40 000" personnes employées dans ce combat contre la cybercriminalité.
En ce moment, la Slovénie à la tête de la présidence de l’UE tente de rallier les gouvernements européens autour d’une position commune concernant ces différents projets. Une réunion aura lieu notamment le 25 novembre lors de laquelle, le Parlement européen ainsi que ces députés viseront à un compromis dans les premiers mois de l’année 2022.
Ce sont plus de 80 000 personnes qui ont signé récemment à Bruxelles une pétition de soutien à toutes ces actions. Un coup dur pour le réseau social qui risque de perdre la confiance de plus en plus de pays à travers le monde.
Articles en relations
Technologie
Technologie
Technologie
Technologie