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MEDays: La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis affectera-t-elle l’Afrique?
30/11/2024 - 17:52
Mustapha Azougah | Ayoub MouhyiddineLes pays du Sud, en particulier ceux d’Afrique, devront définir leur stratégie face à l’intensification prévisible de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis.
Ce conflit, annoncé par les premières déclarations du président élu Donald Trump, pourrait bouleverser les équilibres économiques mondiaux.
Lors d’une conférence sur les guerres commerciales et alliances économiques, organisée dans le cadre de la 16ᵉ édition du Forum MEDays, qui se tient à Tanger du 27 au 30 novembre sous le thème "Souverainetés et résiliences : Vers un nouvel équilibre mondial", les intervenants ont discuté des mesures protectionnistes annoncées par Trump. Ces mesures incluent des droits de douane sévères, atteignant jusqu’à 25%, ciblant non seulement la Chine mais aussi plusieurs autres pays.
Des experts ont exprimé leurs inquiétudes face à cette politique économique, notamment la promesse de Trump d’augmenter les droits de douane. Ces hausses pourraient inciter des pays à réagir par des mesures de réciprocité ou à porter leurs différends devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Niklas Swanström, président de l’Institut de sécurité et de politique de développement en Suède, estime que l’augmentation des droits de douane risque d’accentuer l’isolationnisme, ce qui exercerait une pression supplémentaire sur l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Cependant, il entrevoit une opportunité car il pourrait permettre l’émergence de nouveaux acteurs économiques. Il remarque toutefois que l’Europe elle-même tend à renforcer ses mesures protectionnistes.
Les tensions commerciales entre Washington et Pékin pourraient néanmoins offrir des opportunités, en favorisant la création de nouvelles alliances commerciales et l’intégration dans des zones de libre-échange comme l’Union européenne ou la région du Pacifique.
Pour l’Afrique, cela implique une refonte de son modèle économique, passer de l’exportation brute de matières premières à leur transformation locale. En parallèle, le continent pourrait devenir, grâce aux investissements chinois, américains et européens, un pôle de croissance technologique et d’innovation.
Carola Ramon, vice-présidente du conseil argentin des relations internationales, estime que les pays du Sud n’ont pas à choisir entre la Chine et les États-Unis. Elle insiste sur le rôle des institutions multilatérales, comme l’OMC, pour encadrer les tensions commerciales.
Le Forum MEDays 2024 a mis l’accent sur le renforcement des souverainetés nationales et régionales, qu’elles soient institutionnelles, politiques, économiques, alimentaires, énergétiques ou sanitaires. Il a aussi souligné l’importance d’une résilience collective face aux crises mondiales multiples.
Les discussions ont insisté sur la préservation de la souveraineté des États africains. Les intervenants ont rappelé que les conflits affaiblissent la capacité des nations à résister aux défis économiques et sociaux mondiaux. Ils ont également appelé l’Afrique à exploiter pleinement ses ressources naturelles et à transformer ses matières premières, pour mieux répondre aux besoins des populations locales.
Enfin, les participants ont souligné l’urgence pour l’Afrique de diversifier ses revenus, de se protéger contre les chocs économiques mondiaux, et de s’engager dans l’intégration régionale à travers des accords de libre-échange. Une exploitation optimisée des ressources naturelles du continent pourrait, par ailleurs, jouer un rôle clé dans la transition énergétique globale.
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