Africa
MEDays: les politiques africains redoutent la balkanisation continue du continent
02/11/2022 - 16:48
Mohamed Berrada | Fahd MerrounA Tanger, une table ronde passionnante s'est tenue ce mercredi matin à l'occasion de l'ouverture de la quatorzième édition des MEDays. Etaient réunis autour du débat, des ministres, anciens ministres, anciens chefs du gouvernement et représentants de la société civile, qui ont tous tenu à partager avec la présence leur vision de l'intégration africaine, avec une analyse historique des erreurs du passé tout en proposant des solutions aux décideurs pour le futur.
Mamadou Tangara, ministre des Affaires étrangères de la Gambie, qui a effectué sa scolarité au Maroc, a notamment parlé de la culture comme un vrai levier d'intégration des peuples africains; Il a donné l'exemple de son propre parcours, lui qui est enfant de deux nationalités différentes et qui a suivi sa formation dans une troisième nation africaine, et comment il se sent profondément attaché au continent.
Pour le chef de la diplomatie gambienne, l'ignorance de la réalité de l'Afrique par les africains eux-mêmes nuit malheureusement au développement du continent. Des propos qui vont dans le sens de ceux de Martin Ziguele, ancien Premier ministre de la République Centrafricaine, qui considère que "l'Afrique a besoin de lumière pour voir où elle doit aller". Il regrette ainsi la faiblesse de l’enseignement de l’histoire, de la géographie et de la richesse de l’Afrique au sein de ses terres, "L’Afrique ne se connait qu’en dehors du Continent", a-t-il notamment martelé.
Martin Ziguele reproche à l'Afrique son "ignorance", mais aussi la division de ses dirigeants, depuis la fondation de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1963. "Dès 1963, des choix ont été faits. Le Roi Hassan II appelait pour une intégration immédiate, d’autres chefs d’Etat ont appelé pour une intégration par étapes. Nous avons payé le prix de ce deuxième choix", a-t-il notamment ajouté.
Quel est dans le principal défi auquel l'Afrique fait face? Sa balkanisation continue, répondent Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal et Abdou Diop, managing partner chez Mazar. Le premier donne d'ailleurs l'exemple du Soudan du Sud qui, après la séparation avec le Soudan, "a connu plus de quatre millions de déplacés et environ 300.000 morts". "La balkanisation ne nous mène à rien", reconnaît-il. Abdou Diop appelle, quant à lui, l'Union Africaine à prendre cette menace au sérieux, à revoir le statut de membre de certaines "pseudos organisations" qui n'y ont pas leur place, et qui ne peuvent que nuire à l'intégration du continent.
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