Art & Culture
Mohammad Rasoulof au FIFM: "Être soi-même, malgré tout"
06/12/2024 - 16:01
Mohammed Fizazi | Hamza BAMMOULe réalisateur iranien Mohammad Rasoulof est l'invité du programme "Conversations" dans le cadre de la 21e édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM). Dans une table ronde en marge du festival, il a partagé des réflexions profondes sur son expérience artistique et personnelle, marquée par la confrontation avec un système totalitaire et son attachement à l’honnêteté individuelle.
Rasoulof a exprimé une connexion particulière avec l’atmosphère de la ville de Marrakech et ses habitants. "Je suis très impatient de voir comment mon film sera reçu par le public marocain", a-t-il confié, mettant en avant une curiosité sincère et une proximité ressentie avec le Maroc.
Rasoulof a expliqué que vivre sous un régime totalitaire impose un défi constant: préserver son authenticité face aux injonctions de conformité. "La première chose qu’un régime totalitaire vous demande, c’est de ne pas être vous-même", a-t-il déclaré. Ses œuvres cinématographiques explorent cette confrontation entre l’individu et un système répressif, mettant en lumière les choix humains dans des contextes extrêmes.
Ces récits, bien qu’ancrés dans un environnement politique spécifique, abordent des thèmes universels. "Les relations humaines, les choix quotidiens que nous faisons en tant qu’êtres humains, tout cela dépasse les frontières culturelles", a-t-il affirmé, soulignant l’universalité de ses histoires.
Rasoulof a également évoqué la genèse de son film "The Seed of the sacred fig", conçu après sa sortie de prison. Les manifestations du mouvement "Femme, vie, Liberté" en Iran, qu’il n’a pu suivre que via des vidéos sur les réseaux sociaux, l’ont profondément marqué. Ces images de courage et de répression sont devenues une source d’inspiration pour son travail.
Il a imaginé un huis clos familial, un récit focalisé sur une famille enfermée dans un appartement, tout en laissant entrevoir, en contrechamp, la violence extérieure, des prises de vue réelles de manifestations. "La force de ces scènes historiques dépasse ce que le cinéma peut recréer", a-t-il estimé, soulignant les limites de la reconstitution cinématographique face à la puissance brute des événements réels.
Pour Rasoulof, chaque artiste iranien doit trouver sa propre voie face à la censure. Il a insisté sur l’importance d’être fidèle à soi-même, en tant qu’humain et créateur. "Le plus important, c’est de ne pas se laisser transformer par le système sous lequel on vit", a-t-il conclu, exhortant les artistes à rester ancrés dans leur vérité personnelle.

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