Economie
Multiplication des vagues de chaleur et raréfaction des ressources en eau: des solutions s'imposent
27/04/2023 - 15:07
Aya Lankaoui (Stagiaire)La vague de chaleur qui s'abat actuellement sur le Maroc pèse lourdement sur les ressources hydriques. Pour en savoir plus sur la situation, SNRTnews s’est entretenue avec l’expert en ressources en eau et en changement climatique, et professeur à l’École Hassania des travaux publics, Mohamed Sinan.
Répartition des ressources en eau au Maroc
L'expert affirme que les principales ressources en eau au Maroc sont les ressources en eau superficielles et souterraines. Les premières, contenues principalement dans les oueds, sont estimées 18 milliards de mètres cubes d'eau par an, tandis que les secondes, sous forme de nappes phréatiques, portent sur près de 4 milliards de mètres cubes d'eau renouvelables chaque année. Le total des ressources en eau au Maroc s'élève donc à environ 22 milliards de mètres cubes d'eau par an.
Cependant, le professeur considère que la répartition spatiale de ces ressources est inégale. 50% de ces ressources sont disponibles dans une zone représentant à peine 7 % de la superficie totale du pays, située dans le Nord-Ouest du Maroc, principalement dans les bassins du Oued Loukkous et Sebou.
Le stress hydrique: une problématique majeure dans le pays
Le stress hydrique se mesure en divisant le total des ressources en eau disponibles par le nombre d'habitants. Le seuil de stress hydrique est atteint lorsque cette moyenne est comprise entre 500 et 1.000 mètres cubes par an par habitant.
Actuellement, le Maroc se trouve dans une situation de stress hydrique avec une moyenne de 650 mètres cubes par an par habitant. Des projections et études nationales et internationales, auxquelles a contribué Mohamed Sinan, prévoient une situation de pénurie d'eau dans quelques décennies, vers 2032 ou 2040.
Impact du changement climatique sur les ressources en eau
Le changement climatique se manifeste par une hausse des températures ainsi que par une diminution des ressources en eau. Il entraîne également des phénomènes tels que les vagues de chaleur et les inondations qui se multiplient.
Lorsque les températures augmentent, l'évaporation des ressources en eau disponibles en surface de la terre s'accroît naturellement. Cela concerne les lacs de barrage, les cours d'eau, les lacs et autres sources d'eau.
Le secteur agricole: le plus touché par la pénurie d'eau
D’autre part, l’expert indique que le secteur agricole est celui qui utilise le plus d'eau au Maroc, représentant au moins 85% des ressources en eau utilisées. Toutefois, la priorité est accordée à la satisfaction des besoins en eau potable, ce qui est une politique adoptée dans le pays. Ainsi, l'eau potable est suivie par l'agriculture pour satisfaire les besoins du secteur, et ensuite l'industrie, le tourisme, etc.
Le Maroc étant un pays agricole, il exporte une grande variété de produits agricoles. Cependant, une baisse de la production, due à une pénurie d'eau, peut entraîner une diminution des exportations. Ainsi, une pluviométrie insuffisante peut avoir un effet dévastateur sur l'agriculture, entraînant une diminution de l'activité économique.
Mesures d'atténuation des impacts de la crise hydrique
Le Maroc fait face à un problème structurel dans lequel les ressources naturelles conventionnelles ne peuvent plus répondre aux besoins croissants du pays. Pour répondre à ces besoins, le Maroc se développe en utilisant des ressources en eau non conventionnelles telles que le dessalement de l'eau de mer.
Selon Pr Sinan, actuellement, le pays dispose d'une dizaine de stations de dessalement d'eau de mer pour répondre aux besoins d'eau potable, d'agriculture et d'industrie. Cependant, cela ne représente qu'une petite fraction des ressources en eau conventionnelles qui sont d'environ 22 milliards de mètres cubes d'eau naturelle.
Le Maroc utilise également d'autres techniques telles que la déminéralisation des eaux saumâtres, laquelle est appliquée aux eaux de salinité élevée autres que l'eau de mer, et le transfert d'eau entre bassins excédentaires et déficitaires.
Il existe également une méthode de recharge artificielle des nappes. Ainsi, lorsqu'il y a un surplus d'eau en hiver, au lieu de la laisser s'évaporer, il est préférable de la stocker dans le sous-sol. L'avantage de l'eau souterraine est qu'elle occupe beaucoup plus d'espace que les eaux de surface. Environ 10% de la superficie nationale, soit 10.000 kilomètres carrés, peut être utilisé pour cette méthode, ce qui représente une quantité inestimable.
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